Le cinéma l'Utopia, rue Montardy..., inutile de s'étendre là-dessus, d'autres l'ont déjà fait dans ce numéro d'Arcanes.
Alors que dire, si ce n'est que le lieu fut béni des dieux (ou des muses) depuis la fin du 17e siècle et peut-être même avant.
Ici se trouvait la grande salle de spectacle de Toulouse, seulement concurrencée dès 1738 par la construction de celle de l'Hôtel de ville (Capitole si vous préférez). Opéra, spectacles de danse, théâtre tragique ou comique, tout le répertoire traditionnel y fut joué.
Mais loin d'être une salle classique, le futur Utopia se démarquait peut-être déjà.
On y a joué des spectacles de marionnettes, et on y a même présenté des feux d'artifice.
Las, les muses devaient être assoupies en ce 20 août 1748, puisqu'une fusée du feu tiré ce soir-là, « égarée » à l'atterrissage, devait plus tard dans la nuit enflammer la salle entière.
Un dernier spectacle qui, la nuit durant, allait illuminer la ville entière ; véritable son et lumière, avec en vedette une trentaine de charpentiers, les soldats du guet, les pompes de la ville, des cris sûrement, le fracas des cognées des charpentiers qui essaient de circonscrire le feu, le va-et-vient des soldats qui, à la hâte, évacuent les meubles des maisons voisines vers la chapelle des Pénitents Bleus. Bref, un tragique clap de fin.
Mais les muses veillent et, tel un Phœnix, le lieu retrouve sa splendeur et rouvre au public quelques années plus tard pour devenir salle du Concert.
Les années, les décennies, les siècles ont passé ; la muse de la Musique, désormais devenue vieillissante a laissé la place à sa cadette, la muse du Cinéma.
Pour aller plus loin : verbal de l'incendie arrivé dans la nuit du 20 au 21 août 1748 (101 B 224 communicable sur demande)