
Arcanes, la lettre
Chaque mois, l'équipe des Archives s'exerce à traiter un sujet à partir de documents d'archives ou de ressources en ligne. Ainsi, des thèmes aussi variés que la mode, la chanson, le cinéma, le feu sont abordés...
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Un thème audacieux ce mois-ci qui va nous amener dans les méandres des fonds iconographiques consultables en ligne. La base de données est déjà bien fournie et comme le duo numérisations-descriptions va bon train (#MesColleguesSontRedoutablementEfficaces), son enrichissement est exponentiel. Au point qu'un jour il est hautement probable que vous y dénichiez votre graal. Aucun doute que l'équipe des Monty Python y a puisé ses principales sources d'inspiration pour les scènes cultes de Holy Grail*. Jugez vous-même.
Dès la scène d'ouverture, la parodie arthurienne loufoque mettant en scène la quête des chevaliers de la Table ronde présente un roi sans monture affublé d'un palefrenier qui imite le bruit des sabots au moyen de deux moitiés de noix-de-coco** frappées en rythme l'une contre l'autre. Il se trouve, comme c'est curieux, que nous possédons justement l'image d'une magnifique pipe en coco. Il se trouve également, tiens-tiens quelle coïncidence, que ce roi est interprété par Graham Chapman, lui-même grand fumeur de pipe, ce qui lui coûta en partie sa vie, soit dit en passant, parce que fumer tue.
Les personnages devisant sur la présence de ce fruit en pleine Angleterre médiévale, ils en vinrent à l'évidence que seules des hirondelles pouvaient l'avoir transportée au cours d'une migration. Nous proposons une explication plus pertinente, celle de l'hirondelle comme véhicule terrestre pour l'acheminement de cargaisons lourdes). Avouez que tout ceci devient intriguant.
Les "chevaliers qui disent Ni" ne vous auront pas échappé, bien sûr. Savez-vous que, grâce à mes intenses recherches, j'ai trouvé moult informations à leur sujet dans notre base ? Les deux seuls éléments dont nous disposons à leur sujet est qu'ils sont les gardiens des mots sacrés "peng" et "wom" et qu'ils demandent qu'on leur fournisse un jardinet, joli et bon marché. Reprenons cette énigme ensemble. Dans "peng", entendez la prononciation méridionale du mot "pain". Pour une oreille britannique non avertie la confusion est logique et excusable. La requête des chevaliers devient alors plus claire, puisqu'elle concerne assurément de jolis pains à trouver dans un marché de bonne qualité. Nous en avons sur le marché Arnaud-Bernard dans les premières années du 20e siècle, en vue stéréo s'il vous plaît. Quant à "wom", notez que ce mot se lit de la même façon si nous renversons physiquement les lettres (w devient m et vice-versa), ce qui nous ouvre la métaphore du cercle. Et je vous le donne en mille, nous avons un jardinet circulaire ! Oui, en haut des allées Jean-Jaurès, entourant la statue de Riquet, dont vous aurez noté la coiffure... que nous retrouvons, presque à l'identique dans cette publicité pour les papiers à cigarette JOB, dont la punchline est "sans colle NI gomme". Nous avons retrouvé nos chevaliers "Ni-phones", la boucle est bouclée.
Nous pourrions poursuivre ainsi pendant des heures, comprendre l'hyperbole de la sorcière qui flotte avec cette représentation du canal de Palarin ou partir à la recherche Chevalier Noir, puis rédiger une thèse de 2000 pages comme celle de mon ami, sur cet autre sujet sacré et médiéval qu'est la représentation du décollement de Jean-Baptiste entre les 9e et 13e siècles, mais comme je ne veux pas abuser de votre temps, je terminerai simplement avec cet hommage caché au Lapin tueur.
*Pour une plus grande compréhension de ce billet, je vous renvoie au visionnage du chef d'œuvre cinématographique de l'humour anglais sorti en 1975, qui a bercé ma période de jeune adulte.
**(Notons en aparté qu'avec cet ingrédient nous pouvons aussi réaliser des pâtisseries et que sans doute nous y reviendrons lors d'un prochain numéro)
La consultation de notre base de données offre aux lecteurs un incroyable confort. Depuis leur salon ou leur table de bureau, ils peuvent ainsi accéder, sans se déplacer, à l’ensemble des notices descriptives des documents qui sont chez nous conservés. Et, quand on interroge ladite base en renseignant par association d’idées « feutre, chapeau chapellerie » en mots-clés, s’ouvre alors tout un champ des possibles laissant entrevoir la variété des sources archivistiques disponibles sur un sujet – et ce, quelle que soit sa thématique ou son originalité.
L’on apprend ainsi que dans les magasins des Archives de Toulouse est conservé le fonds de la Chapellerie Brosson, du nom de Joseph Brosson qui possédait, en 1923, un magasin de chapeaux au numéro 43 de la rue d’Alsace-Lorraine, avant que celui-ci ne soit repris par son fils. Petit fonds d’archives privées qui se distingue notamment par les objets singuliers qu’il comprend : une dizaine d’outils et de gros fers utilisés pour mettre en forme chapeaux de feutre ou de paille. Les images de chapelleries toulousaines sont également légion dans notre base : on les trouve rue d’Alsace-Lorraine, au numéro 8 ou au numéro 30, mais également 26 rue Saint-Rome, où en 1928, en témoigne une carte postale des frères Labouche, était située la « Fabrique de chapeaux ». Parmi les résultats de recherche figure aussi la notice image d’une carte d'adhérent à l'Union des syndicats des Petits Marchands Détaillants de Toulouse, syndicat chapellerie, délivrée en 1931 aux frères Faure, 7 rue Constantine. Et, sans surprise, une multitude de portraits individuels – photographie ou dessin – ou de groupe nous montrant des messieurs élégamment chapeautés de leur feutre-melon.
Les Journées européennes du Patrimoine consacrées cette année au « Patrimoine des itinéraires, des réseaux et des connexions » et au « Patrimoine maritime » arrivent à grands pas ! A cette occasion, les Archives de Toulouse vous ouvrent en grand les portes de l’ancien réservoir d’eau de Périole qui, depuis 1995, est transformé en lieu de conservation.
Les samedi 21 et dimanche 22 septembre prochains, nous vous donnons rendez-vous à l’accueil des Archives : de 9h20 à 11h50, puis de 13h50 à 16h50 (dernier départ), nous aurons le plaisir de vous remettre votre « pass » pour découvrir l’envers du décor et parcourir ce bâtiment d’exception au cours de visites commentées.
Vous pourrez également participer à l’un de nos ateliers : « En(quête) d’images, sur les pas du photographe Marius Bergé », « Mort ou vif : itinéraire d’un tueur – 1700-1709, les chroniques d’une décade sanglante », découvrir le travail de la restauratrice des Archives ou encore assister à la présentation du fonds photographique Jean Dieuzaide.
Pas besoin de passe cependant pour déambuler parmi les panneaux de notre exposition dédiée au parcours et au génie de Pierre-Paul Riquet, concepteur et entrepreneur du Canal Royal de Languedoc ; exposition qui s’inscrit doublement dans la thématique. Le programme de ces journées est bien évidemment détaillé sur notre site que nous ne saurons trop vous conseiller de consulter !
Quelle frustration, lorsque l’on cherche un document sur notre base de données, de voir cette ligne s’afficher ; je compatis, cela m’arrive aussi. Voici quelques exemples que nous rencontrons parfois :
“Je cherche l’acte de naissance de ma grand-mère, le 14 novembre 1925.”
-> Aïe, les registres sont conservés par le service de l’Etat civil, qui nous les verse au bout de cent ans, puis nous les faisons numériser pour les rendre accessibles. L’année 1925 devrait donc être disponible courant 2026.
“Peut-être aurai-je davantage de chance avec l’acte de naissance de son père, le 8 avril 1892. Non ? C’est étrange, je suis absolument certaine de la date et de l’orthographe...”
-> Il possible qu’il ne soit pas sur la commune de Toulouse. Tentez votre chance aux Archives départementales.
“Nous projetons d’acheter une maison construite en 1967 à Toulouse et avons besoin de consulter les plans, mais nous ne les trouvons pas.”
-> Le module “Autorisations d’urbanisme” devrait vous aider, pensez à explorer aussi les modes de recherche Avancé et Expert. Ayez toutefois à l’esprit que le contenu des permis de construire n’est consultable qu’en salle de lecture.
Et parfois, en effet, les documents recherchés ne sont pas dans la base de données parce qu’ils ne sont pas encore traités, pas encore versés, pas encore décrits, non accessibles, ont dépassé leur durée limite de conservation et ont été éliminés, ou tout simplement parce qu’ils n’existent pas.
N’hésitez pas à nous contacter ou même à venir en salle de lecture, du lundi au vendredi de 9h à 13h, nous nous ferons un plaisir de vous accompagner dans votre recherche.
À observer le visage de l’agent de police nonchalamment assis sur le petit muret devant nous, la nuit semble bien longue… même si les képis, bâtons et panneaux réfléchissants apportent quelques touches de lumière dans cette rue bien sombre. Pour le voyage, deux destinations s’offrent à nous : Agen ou Albi, mais finalement peu importe où nous irons tant que la route est belle et riche de rencontres.
D’ailleurs, flâner au gré des occasions qui se présentent peut nous offrir de belles découvertes... c’est aussi vrai pour notre base de données : avez-vous déjà essayé de découvrir nos images numérisées en utilisant l’éphéméride ou les sélections thématiques proposées ? De vous familiariser avec notre collection d’ouvrages anciens en parcourant la page dédiée à la réserve ? De compléter votre histoire familiale en farfouillant dans nos ressources généalogiques ?
Si vous ne l’avez pas encore fait, je vous invite à le tenter : on ne sait jamais, sur un malentendu, vous y trouverez peut-être ce que vous ne cherchiez pas mais qui vous manquait tout de même…alors bon voyage !
► Règles du jeu | ► Plateau de jeu | ► Questions Bonus (et leurs réponses) | ► Version « interactive » |
Il était une fois un homme qui vivait dans le grenier d’une toute petite maison au milieu de piles de vieux papiers qu’il triait le soir, à la lueur de la bougie, ses petites lunettes rondes au bout de son nez. La journée, il explorait des souterrains en quête d’idées. Il rêvait de devenir un grand personnage, de ceux dont l’Histoire se souvient et il cherchait dans les sous-sols humides des traces d’un passé encore inconnu qui lui permettraient de devenir célèbre et riche.
Un jour qu’il errait avec sa lampe frontale dans un lieu qu’il n’avait pas encore exploré, il poussa une porte et se retrouva dans une pièce accueillante où l’éclairage le guidait vers un fauteuil confortable. S’approchant, il découvrit un bureau et un ordinateur dont l’écran affichait la page d’accueil de la base de données des Archives municipales de Toulouse. Intrigué, il posa sa frontale, son sac, et s’installa. Rapidement il naviguait entre les fonds anciens et contemporains, surfant sur les notices d’ouvrages, téléchargeant des photographies. Lorsqu’il découvrit UrbanHist, son enthousiasme approcha le délire euphorique. Il avait trouvé le graal, un gisement de matière brute qu’il ne lui restait qu’à interpréter pour en faire des kilomètres d’histoires. Il allait devenir écrivain et il puiserait dans les fonds l’inspiration qui lui faisait tant défaut.
En voyant les photos de la construction de l’école de son enfance il pensait déjà à des contes avec des personnages terribles. A moins qu’il ne les utilise pour ses polars, qu’il enrichirait certainement avec Meurtres à la carte. Mais pour ne pas se restreindre à un public trop sanguinaire il élargirait aux histoires à dormir debout, il trouverait bien un fantôme ou deux pour alléguer ses dires. En cas d’insuccès, il savait que la grande Histoire lui assurerait un fonds de commerce non négligeable et qu’il pourrait ensuite s’endormir avec des histoires de gros sous. Voire de très gros sous. Chassée au galop, l’histoire naturelle reviendrait sur le devant de la scène et, sous une clameur unanime, il s’en irait se reposer sur une péniche du canal où le bercement des clapotis lui permettrait d’alimenter ses histoires d’eau. Ces pensées lui faisaient tourner la tête, il se sentait ivre tel un bateau pris dans un maelstrom de données. Son avenir était assuré, il quitterait son grenier dès le lendemain et viendrait nous rendre visite en salle de lecture après la réouverture, à partir du 27 mai 2024.