Arcanes, la lettre


Chaque mois, l'équipe des Archives s'exerce à traiter un sujet à partir de documents d'archives ou de ressources en ligne. Ainsi, des thèmes aussi variés que la mode, la chanson, le cinéma, le feu sont abordés...

EN LIGNE


.

Angoulême (Charentes). 1968. Un rédacteur au travail. Jean-Paul Escalettes – Mairie de Toulouse, Archives municipales, 42Fi3602.

Histoire du soir


avril 2024

Il était une fois un homme qui vivait dans le grenier d’une toute petite maison au milieu de piles de vieux papiers qu’il triait le soir, à la lueur de la bougie, ses petites lunettes rondes au bout de son nez. La journée, il explorait des souterrains en quête d’idées. Il rêvait de devenir un grand personnage, de ceux dont l’Histoire se souvient et il cherchait dans les sous-sols humides des traces d’un passé encore inconnu qui lui permettraient de devenir célèbre et riche.

Un jour qu’il errait avec sa lampe frontale dans un lieu qu’il n’avait pas encore exploré, il poussa une porte et se retrouva dans une pièce accueillante où l’éclairage le guidait vers un fauteuil confortable. S’approchant, il découvrit un bureau et un ordinateur dont l’écran affichait la page d’accueil de la base de données des Archives municipales de Toulouse. Intrigué, il posa sa frontale, son sac, et s’installa. Rapidement il naviguait entre les fonds anciens et contemporains, surfant sur les notices d’ouvrages, téléchargeant des photographies. Lorsqu’il découvrit UrbanHist, son enthousiasme approcha le délire euphorique. Il avait trouvé le graal, un gisement de matière brute qu’il ne lui restait qu’à interpréter pour en faire des kilomètres d’histoires. Il allait devenir écrivain et il puiserait dans les fonds l’inspiration qui lui faisait tant défaut.

En voyant les photos de la construction de l’école de son enfance il pensait déjà à des contes avec des personnages terribles. A moins qu’il ne les utilise pour ses polars, qu’il enrichirait certainement avec Meurtres à la carte. Mais pour ne pas se restreindre à un public trop sanguinaire il élargirait aux histoires à dormir debout, il trouverait bien un fantôme ou deux pour alléguer ses dires. En cas d’insuccès, il savait que la grande Histoire lui assurerait un fonds de commerce non négligeable et qu’il pourrait ensuite s’endormir avec des histoires de gros sous. Voire de très gros sous. Chassée au galop, l’histoire naturelle reviendrait sur le devant de la scène et, sous une clameur unanime, il s’en irait se reposer sur une péniche du canal où le bercement des clapotis lui permettrait d’alimenter ses histoires d’eau. Ces pensées lui faisaient tourner la tête, il se sentait ivre tel un bateau pris dans un maelstrom de données. Son avenir était assuré, il quitterait son grenier dès le lendemain et viendrait nous rendre visite en salle de lecture après la réouverture, à partir du 27 mai 2024. 

Bain de mer en famille. Début du 20e siècle. Négatif N&B sur verre, 9 × 12 cm. Raoul Berthelé - Mairie de Toulouse, Archives municipales, 49Fi1579 (détail).

Grenouiller


mars 2024
Verbe intransitif. Familier. Se baigner, barboter dans l’eau.

C’est un peu ce que me donne envie de faire de faire le thème de ce mois-ci… : me plonger tranquillement dans les profondeurs de notre base de données, à la recherche d’une nouvelle idée, et remonter incidemment quelques trésors ensevelis du fond de la mare. Tout comme dans le grand classique de Disney, l’inégalable Merlin l’enchanteur, la grenouille se plaît à taquiner le jeune Arthur, alors transformé en petit poisson pour les besoins de la leçon du jour, voyons un peu ce que nous avons pu remonter dans nos filets, une fois les eaux redevenues calmes : une carte de visite illustrée, une photographie qui n’est pas encore numérisée, un article de presse publié dans un journal satirique réputé, et si l’on élargit encore un peu le cercle des batraciens concernés, un roman historique enflammé, à plus d’un titre semble-t-il. Une pêche miraculeuse, en somme.
Toulouse. Eldorado. Skating-concert. 150 allée de Barcelone, vers 1910. Personnages posant en patins à roulettes sur la piste de skating, vue d'ensemble. Carte postale N&B, 9 x 14 cm - Mairie de Toulouse, Archives municipales, 9Fi5331 (détail).

Une bonne occasion de faire la fête


février 2024
Pour paraphraser le slogan d'une célèbre marque automobile française à propos d'un de ses modèles phares, on pourrait dire de cette newsletter que c'est « un sacré numéro ! ». Nous n'en sommes cependant qu'à la 150e édition ; ils nous en manque encore 55 pour tenir véritablement la comparaison. Mais au rythme où vont les choses, on peut raisonnablement espérer y arriver dans cinq ans et vous compter parmi nous dans cette aventure… Alors célébrons dès maintenant les 16 ans d'existence de cette collection de petits billets mensuels (autrefois bimestriels) et réjouissons-nous d'y trouver de quoi titiller notre curiosité.

Quelles que soient vos rubriques préférées, sachez que vous pouvez accéder depuis notre site internet aux anciens articles parus dans Arcanes. Il vous suffit de remonter le fil des publications ou de tenter votre chance avec un outil de recherche (comme le raccourci clavier CTRL+F), et tous les contenus inimitables jamais publiés par une joyeuse bande d'hurluberlus adeptes des archives et du patrimoine sont désormais à votre portée : éditos, zoom sur, dans les fonds, les coulisses, dans ma rue, sous les pavés ou en ligne, tout est là. Vous n'avez plus qu'à vous lancer !

Parlant de çà (et de faire la fête), j'irai bien tester la piste de skating de l'Eldorado, en écoutant jouer l'orchestre… pas vous ? Allez, rendez-vous au 150 (un nombre décidément d'actualité) allées de Barcelone : mettez vos plus beaux atours, chaussez vos plus beaux patins, on n'attend plus que vous !
De l'usine JOB à l'Espace JOB : vidéo de présentation de témoignages. Sylvain Bourjac, Julien Rondeau et Anaëlle Guérin - Mairie de Toulouse, Archives municipales, 3Num42 [arrêt sur image à 3:27].

Good job


janvier 2024
Saviez-vous qu’au-delà des documents sur papier ou sur parchemin, sur film ou sur plaque de verre, sur calque ou sur tissu, versés par l’administration municipale ou confiés (donnés, vendus, déposés) par des particuliers, des entreprises ou des associations, nous conservons également des témoignages ? Ceux de vraies personnes, que l’on peut même voir bien vivantes, avec leurs expressions, leurs sourires, leurs souvenirs. Elles ont accepté de se raconter en se prêtant au jeu des questions d’une équipe de professionnels, pour conserver et transmettre le mieux possible leurs histoires, leurs mémoires.

Les Archives de Toulouse se sont en effet lancées dans la collecte de témoignages oraux (en 2015 avec Maurice Prin, ancien conservateur du couvent des Jacobins) puis filmés (dès 2017, avec l’agence d’architectes Atelier 13, les collaborateurs de Jean Dieuzaide et l’ancienne usine papetière JOB). Depuis, de nouvelles campagnes de collecte ont eu lieu : en 2020, sur l’ exil républicain espagnol ; en 2021, sur le quartier Marengo ; en 2022, sur l’intercommunalité toulousaine.

À chaque fois, des recherches et une préparation minutieuse ont été nécessaires afin de garantir le bon déroulement et la qualité des témoignages. Car il ne s’agit pas juste de raconter des souvenirs : si l’entretien doit être conduit avec empathie et justesse, il faut également que le témoin soit « digne de confiance », que ce qu’il dise soit pertinent et fiable, corroboré par d’autres sources documentaires. C’est ce qu’explique très bien Florence Descamps dans son ouvrage de référence L’historien, l'archiviste et le magnétophone.

Pour en revenir à JOB, nous disposons désormais de sept témoignages, très complémentaires, qui nous éclairent sur le fonctionnement de l’usine, les luttes syndicales qui ont eu lieu de 1995 à 2001, puis la création de l’Espace Job. Et si vous souhaitez en savoir plus, n’hésitez pas : c’est par ici !
Pamiers (Ariège), 18 septembre 1955. Motard portant sur sa moto une jeune fille, qui fait un signe de la main. Émile Godefroy - Mairie de Toulouse, Archives municipales, 19Fi1928 (détail).

À tantôt *


décembre 2023
Et nous voici donc arrivés à la fin de l’année : l’heure des bilans, parfois des au-revoir, et aussi des nouvelles résolutions pour le nouvel an. Un moment d’introspection peut-être délicat, souvent bienvenu, qui va ensuite nous permettre d’aller plus sereinement de l’avant (en Avent ?). C’est également, j’en ai bien peur, un moment de fatigue assez intense et d’humour au ras des pâquerettes… mais que serait votre lettre d’information préférée sans jeux de mots ni calembours ?

L’année 2023 a été bien remplie, on s’est pas ennuyé. Les Samedis des Archives ont rencontré un franc succès et l’ exposition sur André Cros a même joué les prolongations. Nous sommes devenus un lieu de tournage prisé, grâce à quoi nous avons enfin retrouvé notre tête. Une bonne chose de faite !

Mais cette fin du mois de décembre signe aussi le départ de collègues voguant vers de nouveaux horizons ( parisien, gersois ou, beaucoup plus proche de nous, métropolitain). Nous leur souhaitons bon vent et bonne continuation.

À toutes et tous, que l’année à venir vous apporte de beaux projets (de notre côté, nous n’en manquons pas) et de belles réussites. Et rendez-vous l’année prochaine ( en ligne ou en salle de lecture) pour de nouvelles aventures…

______________________

* Pour celles et ceux qui s’interrogent sur le titre de ce billet, il s’agit là d’un clin d’œil à mon patois natal, qui se parle, comme vous l’aurez compris, très loin au nord de la Garonne.
Archives municipales. 29 juillet 2016. Extérieur du bâtiment. Stéphanie Renard - Mairie de Toulouse, Archives municipales, 4Num13/17.

Visiter les Archives


novembre 2023
Si vous rêvez de venir nous voir (ou plutôt nos magasins d’archives), de descendre dans les sous-sols et de parcourir le réservoir de Périole (en bonne compagnie bien entendu), les occasions sont, il faut bien le reconnaître, assez limitées : hormis lors des Journées européennes du patrimoine, les visites à destination du grand public sont exceptionnelles. C’est ainsi.

Il existe toutefois une alternative virtuelle, accessible depuis votre canapé (si tant est que vous puissiez de là accéder à notre base de données). Deux reportages photographiques ont en effet été réalisés en 2016, l’un consacré à notre magnifique bâtiment, l’autre à notre splendide équipe, et mis en ligne à disposition de tous. Cela ne remplace évidemment pas une déambulation réelle au milieu des rayonnages mobiles, ponctuée de grincements de manivelle et de l’odeur de vieux papiers, mais cela donne tout de même un bon aperçu de l’endroit mythique que nous occupons…

Vous aurez ainsi l’occasion d’approcher Neptune, d’observer de près des jauges de remplissage transformées en lampadaires, de vous extasier sur des tubes à section carrée (ou bien ronde), de slalomer au milieu des meubles à plans, de découvrir des grappes de sceaux et peut-être même d’entr’apercevoir un ou une archiviste au détour d’un couloir.

Alors, n’hésitez plus : attrapez votre plus belle souris et commencez la visite !
Photo de famille. Années 1920-1930. Groupe de six femmes d'âge différent (et une poupée), en studio. Négatif N&B sur verre, 13 × 18 cm. Alexandre et René Gril - Mairie de Toulouse, Archives municipales, 34Fi143 (détail).

Chercher l’intrus


octobre 2023
Quand on classe des documents d’archives, ou que l’on partage des instruments de recherche en ligne, il est souvent d’usage de regrouper certains éléments entre eux : ceux qui relèvent d’une même catégorie, ceux qui ont une thématique commune, ceux qui (pour une raison ou pour une autre) vont bien ensemble. Mais cette méthode, qui a depuis longtemps fait ses preuves, comporte une faille existentielle : que faire des « intrus », de ce qui ne rentre pas dans les cases pré-établies ? C’est là toute la beauté du processus… car, à un moment, si l’on veut être rigoureux, on est bien obligé de faire rentrer des ronds dans des carrés, de trouver des points communs au-delà des différences manifestes. Et c’est aussi cela être archiviste : se détacher du niveau le plus petit pour obtenir la vision d’ensemble, un peu comme entrevoir le motif d’un puzzle de 5 000 pièces avant de les avoir toutes placées correctement. Un défi de taille.

Dans cet état d’esprit, l’intrus devient souvent la première occurrence d’une nouvelle catégorie, le grain de sable qui vient remettre en question un plan soigneusement organisé. Il arrive aussi, de temps en temps, que l’intrus reste seul, véritablement exclu de tout regroupement. Et là, c’est un constat d’échec : il faut se rendre à l’évidence, on ne pourra pas l’intégrer discrètement. Il faudra l’affubler d’un petit nom de type « divers », le placer à la fin de notre plan de classement si réussi par ailleurs, afficher à la face du monde qu’il ne rentre dans aucune des cases que nous avons identifiées.

Et pourtant… même s’il est rassurant de maîtriser le cadre, force est de constater qu’il y a toujours une part d’ inattendu et d’imprévisible dans toute chose. Avoir la souplesse (et la sagesse) de l’accueillir au mieux est une force, qui nous ouvre à de plus grandes richesses. Le tout est de savoir les voir, un peu comme dans la vie.
La grande plage de Biarritz, 1900-1915. Pierre Henri Désiré Laffont - Mairie de Toulouse, Archives municipales, 18Fi194 (détail).

Jouer les touristes


septembre 2023
Il n’est pas certain que la visite des centres d’archives durant la période estivale suscite un engouement touristique aussi grand que celle des bords de mer, de la campagne ou de la montagne, il faut bien le reconnaître. Hormis peut-être pour les mordus de généalogie, qui choisissent leur destination en fonction de l’endroit où leur arrière-grand-papy s’est marié (« parce que, en fait, l’acte de mariage de 1895 est certes intéressant mais ce serait quand même drôlement chouette de retrouver la maison où il a vécu ») ou qui recherchent un peu de fraîcheur en période de canicule.

Pourtant, il y a de nombreuses choses à découvrir aux Archives, et même de quoi préparer son voyage : des guides touristiques, des cartes postales (écrites ou non), des récits d’aventures, des (photos de) paysages inspirants. De quoi se forger déjà quelques souvenirs… en attendant de s’y rendre en vrai.

Alors, si vous faîtes partie de ceux qui partent quand la majorité revient, ou que vous souhaitez vous dépayser à moindres frais, n’hésitez pas à nous rendre visite : sur place ou à emporter (mais en copie uniquement), et même à distance, l’insolite et l’inattendu sont à votre portée !
Copie d’écran de la page d’accès à la base de données en ligne. Mairie de Toulouse, Archives municipales, non coté.

En salle de lecture (virtuelle)


juillet-août 2023
En attendant la réouverture de notre salle de lecture « en dur » (celle qui contient des tables, des chaises et même une banque d’accueil), laissez-vous tenter par notre base de données en ligne ou salle de lecture virtuelle : vous pourrez y rechercher des documents, peut-être même les consulter sur votre écran et les télécharger, le tout depuis chez vous.

Rien ne remplace évidemment le contact humain et l’accueil personnalisé que nous nous efforçons de vous offrir quand vous venez à notre rencontre. Et pour les recherches les plus complexes, qui ne pourront attendre la réouverture en août, il vaudra peut-être mieux nous envoyer un message, de préférence circonstancié, à archives@mairie-toulouse.fr : nos équipes, toujours mobilisées malgré la période estivale et la fermeture au public, tenteront d’y répondre le mieux possible et de vous apporter les éléments qui vous sont utiles.

Il n’en reste pas moins que les ressources des Archives de Toulouse disponibles en ligne sont toujours plus nombreuses et, nous y travaillons, plus facilement accessibles. Nous espérons donc qu’elles pourront répondre, au moins en partie, à vos urgences archivistiques de ce mois de juillet.
Scène de la vie quotidienne à la colonie de vacances le "Petit Capitole" : groupe d'enfants réfugiés espagnols, séparés de leurs parents par la guerre civile, s'amusant au ballon et au jeu de dames. Avril 1938. Photographie N&B. Marius Bergé - Mairie de Toulouse, Archives municipales, 85Fi1814.

À vous de jouer… et libre à vous de compter les points !


novembre 2020
(Re)confinement oblige, les salles de lecture des services d’archives ont dû fermer leurs portes jusqu’à nouvel ordre. Alors, comme au printemps, nous nous mobilisons pour vous proposer d’autres façons d’accéder à nos ressources, grâce à notre base de données en ligne, ou de les (re)découvrir, de manière originale et ludique.
Et cette tendance est nationale. Les initiatives se multiplient dans toute la France avec, pour seule règle du jeu, un peu de bonne humeur. Bienvenue au #GameOfArchives !

Les exemples présentés ici n’ont pas tous été spécifiquement développés dans le cadre du (re)confinement, mais nous avons pensé qu’ils pourraient néanmoins vous inspirer.

 
Brest Lille Lyon Orléans Strasbourg
Aube Aude Bouches-du-Rhône Calvados Manche





De notre côté, nous vous (re)proposons nos jeux du printemps, nos grilles de mots-mêlés et de mots croisés, ainsi que notre questionnaire à indices.
Enfin, nous espérons que notre petit calendrier de l’Avent vous apportera une distraction bienvenue.
 
CALENDRIER DU (RE)CONFINEMENT DE L’AVENT : une image par jour jusqu’au 25 décembre
 
19 novembre 20 novembre 21 novembre 22 novembre 23 novembre 24 novembre
25 novembre 26 novembre 27 novembre 28 novembre 29 novembre 30 novembre
1er décembre 2 décembre 3 décembre 4 décembre 5 décembre 6 décembre
7 décembre 8 décembre 9 décembre 10 décembre 11 décembre 12 décembre
13 décembre 14 décembre 15 décembre 16 décembre 17 décembre 18 décembre
19 décembre 20 décembre 21 décembre 22 décembre 23 décembre 24 décembre
25 décembre