Un « palais pour les livres »
la bibliothèque d'étude et du patrimoine
La municipalité socialiste d'Étienne Billières décide de faire de ce projet la pièce maîtresse de sa politique d'éducation. Elle achète en 1928 le terrain de l'ancien couvent des Carmélites dont seule la chapelle a été conservée. Pol Neveux, Inspecteur général des bibliothèques, pilote le projet.
L'architecte de la ville Jean Montariol, chargé de mener à bien cette entreprise, y voit l'occasion d'édifier son chef d'œuvre. Les plans qu'il présente en 1929 illustrent ses conceptions fonctionnalistes, qui s'expriment au travers d'une division de l'espace par activité. Il imagine un édifice en trois parties : un premier corps de bâtiment accueillant le service administratif, un second hébergeant la salle de lecture et un dernier recevant le magasin des livres. En cela, il conçoit un projet à l'image des conceptions de Michel Roux-Spitz (architecte en chef de la Bibliothèque nationale) sur la répartition des espaces servants et espaces servis.
Un chantier promptement mené
Le 27 février 1931, le conseil municipal approuve les plans, avant-métrés et détails estimatifs établis par Montariol et vote un emprunt de 8 000 000 francs pour financer la construction de l'édifice. Bien que Pol Neveu n'apprécie pas le parti décoratif qu'il juge trop abondant et désuet, la cérémonie de la première pierre se déroule le 25 juin 1932.
Le 22 mai 1934, un devis de travaux supplémentaires est validé par la municipalité afin d'améliorer le confort de la bibliothèque selon les nouvelles normes mises en place en matière de mode d'éclairage, de chauffage, de ventilation et de système de rayonnages pour les livres. Une partie de la somme sert aussi à finaliser l'ornementation intérieure et extérieure des bâtiments. La bibliothèque est inaugurée le 30 mars 1935 et ouvre au public le 1er octobre suivant.
Un décor mettant à l’honneur les artistes toulousains
Deux jardinets agrémentés d'une fontaine ménagent à l'avant du bâtiment un espace permettant d'en apprécier la façade et participe d'une mise en scène qui se poursuit dans le hall d'entrée et la salle de lecture. La monumentalité de l'édifice s'exprime par les immenses baies, la hauteur sous plafond mais aussi l'abondance d'ornements.
Le décor est concentré sur l'extérieur et sur les espaces accueillant du public (hall d'entrée, vestibule et salle de lecture).
Il est réalisé par des artistes toulousains :
Marc Saint-Saëns peint la fresque de la salle de lecture ; Édouard Bouillière est l'auteur d'une peinture située dans le vestibule ainsi que du carton du vitrail exécuté par André Rapp ; Sylvestre Clerc réalise les bas-reliefs de la façade principale ; Georges Vivent sculpte le relief couronnant l'aile droite, Guillaume Ardignac celui situé au dessus de la porte d'entrée et Jean Verdier celui de l'aile gauche. Quant à Maurice Alet, ébéniste, il se charge de réaliser le mobilier dessiné par Montariol. A l'extérieur, les fontaines sont conçues par Henri Parayre. Jean Montariol conçoit et dessine la porte monumentale, qui est réalisée par le ferronnier d'art Raymond Subes, de l'entreprise parisienne Borderel et Robert.
La bibliothèque aujourd’hui
Entre 1999 et 2003, les bâtiments font l'objet d'une grande campagne de restauration. Les salles sont remises en état et adaptées à la gestion actuelle d'une bibliothèque. C'est à cette occasion que le mobilier de Maurice Alet est remplacé par des créations d'artistes contemporains (Norman Foster, Arne Jacobsen).
Sur la rue de Périgord, un pavillon qui servait à l'origine de logement pour le directeur et de loge pour le concierge accueille désormais la bibliothèque de prêt.
La bibliothèque abrite aujourd'hui un fonds général de 250 000 ouvrages de 1900 à aujourd'hui, des collections de presse régionales du 17e siècle à nos jours, un fonds régional d'exception sur Toulouse et sa région ainsi que le fonds patrimonial.