La Préhistoire au premier plan
La Préhistoire, qui s'invente au 19e siècle, pour partie dans les grottes du Sud-Ouest, occupe à Toulouse une place intellectuelle de choix, grâce au dynamisme de grands chercheurs et archéologues (Jean-Baptiste Noulet, Edouard et Louis Lartet, Félix Garrigou, Emile Cartailhac, Félix Régnault, Henri Begouën, etc.). A la fin des années 1860, la plupart rejoignent les membres actifs de la Société archéologique du Midi de la France, fondée en 1831 à Toulouse, et lui donnent un souffle nouveau.
Une archéologie monumentale
Le 30 mars 1887, la « Loi sur la conservation des monuments et objets d'art ayant un intérêt historique et artistique » entre en résonance avec les centres d'intérêts de nombreux membres de la Société archéologique, férus d' « antiquités historiques » et spécifiquement attachés à la sauvegarde du patrimoine bâti médiéval et moderne [1]. Pour ces savants, une confusion existe encore nettement entre l'objet d'art et l'objet archéologique. Les monuments historiques et l'archéologie restent étroitement liés et les sujets d'étude se diversifient lentement.
L'archéologie de terrain : des photographies à redécouvrir ?
A Toulouse, jusque dans les années 1940, les fouilles apparaissent de manière anecdotique dans le champ de la photographie (essentiellement celles du rempart romain en 1910 sur la Place du Capitole). L'archéologie paraît avant tout monumentale. Pourtant, les observations archéologiques sont précoces à Toulouse : dès 1782, M. de Montégut, passionné d'« antiquités », publie un article sur les vestiges antiques de Toulouse [2] . Plus tard, Théodore de Sevin fouille l'amphithéâtre de Purpan entre 1878 et 1890, Léon Joulin fouille à la caserne Niel au début du 20e siècle. Mais, sur cette activité archéologique, les fonds photographiques consultés restent globalement muets. La photographie se pratique régulièrement à partir de 1875 sur les grands sites archéologiques français. Les sources ont-elles donc disparu ou sont-elles encore à découvrir pour Toulouse ? L'archéologie toulousaine a-t-elle tardé à utiliser le procédé photographique ? En revanche les archéologues, comme tous les autres savants, se font souvent photographier.
A partir du début du 20e siècle, la photographie des aménagements urbains à Toulouse devient une source d'information archéologique importante. Alors que la discipline subit un déclin généralisé en France, conséquence en partie des deux guerres mondiales, l'évolution de la photographie et la multiplication des reportages permettent tout de même de fixer les traces de vestiges archéologiques, fouillés ou non, sujets principaux ou non de la prise de vue.
Vers une règlementation de l'archéologie
La loi du 31 décembre 1913 modifiée sur les monuments historiques contenait un court chapitre « Fouilles et découvertes » qui leur donnait un cadre réglementaire restreint et s'intéressait essentiellement à la conservation des découvertes fortuites [3]. C'est la loi du 27 septembre 1941 qui règlemente pour la première fois les fouilles archéologiques françaises. Ces dernières se multiplient après-guerre mais restent l'œuvre de bénévoles et dépendent souvent du bon vouloir des propriétaires de terrains ou des aménageurs. Dans Toulouse, les observations et les interventions concernent alors surtout les puits gaulois, l'époque antique et les édifices religieux. La photographie de fouilles abonde à partir des années 1960. Elle illustre désormais des rapports d'opération.
L'archéologie programmée et l'archéologie de sauvetage vont ensuite se développer dans les années 1960 et 1970, mais la discipline ne se professionnalisera vraiment qu'au début des années 1990. La loi sur l'archéologie préventive, promulguée le 17 janvier 2001, marque une étape majeure dans l'évolution de la discipline.
[1] Bulletin de la Société archéologique du Midi de la France, Série In-8° N°1, 1888, p. 9-21.
[2] Bouniol de Montégut, J.-F. – « Recherches sur les Antiquités de Toulouse ». In MARSIBLT, tome 1, 1782. p.65-110, pl. IV à XII.
[3] Article 28 de la loi : « Lorsque par suite de fouilles de travaux ou d'un fait quelconque, on a découvert des monuments, des ruines, des inscriptions ou des objets pouvant intéresser l'archéologie, l'histoire ou l'art, sur des terrains appartenant à l'Etat, à un département, à une commune, à un établissement public ou d'utilité publique, le maire de la commune doit assurer la conservation provisoire des objets découverts et aviser immédiatement le préfet des mesures prises.Le préfet en réfère, dans le plus bref délai, au ministre des beaux-arts qui statue sur les mesures définitives à prendre. Si la découverte a lieu sur le terrain d'un particulier, le maire en avise le préfet. Sur le rapport du préfet le ministre peut poursuivre l'expropriation du terrain en tout ou en partie pour cause d'utilité publique, suivant les formes de la loi du 3 mai 1841 ».