Cette phrase tirée de la Genèse évoque, pour un grand nombre d’entre nous, un enterrement : autour d’une tombe, groupée sous des parapluies, une assemblée écoute le dernier adieu au défunt. Autour d’elle se développe un cimetière parcouru par de grandes allées bordées d’arbres centenaires…
A Toulouse, le cimetière de Terre-Cabade pourrait servir de décor à cette scène. En effet, il s’agit du premier cimetière extra-muros qui suit le décret du 23 prairial de l’an XII (12 juin 1804) interdisant l’ensevelissement au milieu des zones urbaines. Toutefois, Toulouse attend plus d’une vingtaine d’années pour se pencher sur la question. C’est à la suite d’une proposition du cardinal Clermont-Tonnerre que le maire, Joseph Viguerie, s’empare du sujet et décide d'édifier un cimetière semblable à celui du Père-Lachaise à Paris. Pour ce faire, la Ville acquiert, à partir de 1832, des terrains sur la rive droite du canal du Midi, à flan du coteau de la Redoute.
Le 28 avril 1840, la municipalité décrète que les cimetières catholiques de la rive droite
doivent être transférés dans la nouvelle nécropole à Terre-Cabade, seul le cimetière de Saint-Cyprien restant en service pour les paroisses de la rive gauche.
Le site de Terre-Cabade est inauguré le 16 juillet 1840. Il se distingue par ses bâtiments de style néo-égyptien. Le portail est marqué par deux obélisques et les pavillons d'entrée arborent une galerie aux colonnes papyriformes. Les plans ont été dressés en 1836 par l'architecte Urbain Vitry. Traité comme un jardin avec des allées courbes, il doit être un lieu à la fois fonctionnel et propice à la promenade et au recueillement. Des espaces sont attribués aux différentes paroisses de la ville : Daurade, Minimes, Saint-Étienne, Saint-Exupère, Taur, Dalbade, Saint-Aubin, Saint-Sernin, Saint-Jérôme, Saint-Pierre. Prévu pourtant dès l’origine, l’accueil à Terre-Cabade des tombes des personnes de confessions israélite et protestante, qui avaient leurs propres cimetières rue du Béarnais, n’est effectif qu’en 1869.
Le cimetière connaît plusieurs extensions durant la 2e moitié du 19e siècle. La première s’effectue grâce au don d'un terrain destiné aux tombes de religieuses, appelé le carré des sœurs. Dans un second temps, l’achat de propriétés situées entre le cimetière et le chemin de l'Observatoire, actuelle rue de la Colonne, permet un agrandissement latéral conséquent.
Au début du 20e siècle, un nouveau grand projet d'agrandissement voit le jour pour permettre d'augmenter d'environ 50 % la surface du cimetière. Le décret d'utilité publique est signé le 26 mai 1915 et l'acquisition des terrains démarre aussitôt. Situé de l'autre côté du chemin de Caillibens, au nord-est, ce nouvel espace prend le nom de cimetière de Salonique en référence au front d’Orient ouvert par les alliés lors du 1er conflit mondial et accueille, notamment, les différents monuments aux morts de la Grande Guerre.