Arcanes, la lettre
Chaque mois, l'équipe des Archives s'exerce à traiter un sujet à partir de documents d'archives ou de ressources en ligne. Ainsi, des thèmes aussi variés que la mode, la chanson, le cinéma, le feu sont abordés...
Un homme marche d’un pas décidé sous la galerie de bois d’une ville de l’Ouest américain de la fin du 19e siècle. Il porte, accrochée à son ceinturon, une Mare’s Leg – carabine Winchester 92 à canon et crosse sciés, ce qui laisse supposer qu’en plus d’être résolu, cet individu est dangereux. Il s’arrête devant un avis de recherche qu’il arrache. A l’écran se sur-imprime en grandes lettres « Au nom de la loi ». Ainsi débutait chaque épisode de la série suivant les pas de Josh Randall, chasseur de primes, interprété par la future star Steve McQueen, qui fut diffusée pour la première fois en France le 25 mai 1963.
Mais tandis que les vedettes d’aujourd’hui affluent sur la croisette cannoise, c’est vers un autre festival, toulousain celui-ci, que nous voudrions attirer votre attention. L’histoire à venir entre cette année dans sa 7e saison et devinez quelle en est la thématique ? "Au nom de la loi". Certes, le Kid de Cincinnati ne fera pas partie des invités, mais les Archives y participeront pour présenter des documents provenant de leurs fonds sur les thématiques "Traquer les criminels toulousains sous l'Ancien Régime" et "Les femmes face à l'épuration légale et extra-légale". Ainsi du 22 au 26 mai vous pourrez assister à de nombreuses rencontres faisant dialoguer diverses disciplines autour de ces règles qui charpentent notre société. Il nous fallait donc, à notre façon, parler loi, en y incluant les volatiles homonymiques, dans ce 153e numéro d’Arcanes.
Si elle était douée de parole Jeanne-Marie aurait pu, quant à elle, participer aux débats du festival en s'écriant, tel un Louis XIV emplumé, "L'oie c'est moi". Car elle appartenait effectivement à la famille des anatidés, mais elle était de surcroît la mascotte chérie du Toulouse Football Club.
Francon, elle aussi chérissait ses palmipèdes enclos au sein du Collège de Foix mais elle eut maille à partir avec l'un des collégiats. Elle lui tint tête, et de même que nul n'est censé négliger ses oies, nul n'est censé ignorer la loi, cela se termina donc devant le tribunal des capitouls en 1745. Gageons que les protagonistes de cette histoire n'y laissèrent pas trop de plumes.
De plumes, il en sera question, et même plus que cela, pour évoquer nos ateliers d'écriture destinés au public scolaire. Les élèves peuvent y expérimenter la calligraphie à l'aide de ces ustensiles, voire faire des concours de pleins et déliés.
En parlant de compétition nous poserons ensuite un regard historique sur la pratique du concours d'architecture. De nombreux bâtiments remarquables de Toulouse ont été construits ou restaurés dans ce cadre réglementaire devant permettre au meilleur projet de l'emporter. Ce fut le cas pour l'achèvement du Capitole en 1840 qui vit les deux tiers du bâtiment originel détruits, et contrairement à Rome il n'y eut pas d'oies pour le sauver.
Et pourtant il y avait bien des oiseaux à long cou dans la Tolosa antique si l'on en croit un dessin retrouvé sur une céramique gauloise conservée au Musée du Vieux-Toulouse. S'agissait-il du volatile en question ?
D'ailleurs si vous aimez les énigmes et devinettes vous apprécierez sûrement notre jeu de l'oie concocté principalement à base d'archives que nous vous proposons en seconde main. Nécessité fait loi...
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Des oies et des jeux ! Non, nous ne sommes pas dans un cirque romain, mais bien dans l’enceinte du Stadium où, en ce 24 mai 1953, le Toulouse Football Club rencontre le Cercle Athlétique de Paris. Sur le terrain, se tiennent côte à côte les joueurs du club toulousain devant leur nouvelle mascotte, une oie baptisée « Jeanne-Marie ». Le palmipède leur aura porté chance puisque, à l’issue de cette saison, le club toulousain est sacré champion de France de deuxième division.
Réalisée par André Cros, cette image révèle toute la malice du photographe. Captant l’air amusé des joueurs observant l’animal, puis nous le donnant à voir, il créé un ping-pong visuel efficace. « Les observateurs/scrutateurs observés » pourrait-on lire en légende du cliché.
Pour la petite histoire, l’oie devient l’emblème du TFC en avril 1953, suite au déplacement du club à Strasbourg, lors d’un match décisif de la division 2. Souhaitant offrir un cadeau à leurs homologues alsaciens, les dirigeants toulousains leur apportent une oie… vivante ! Hélas, un penalty sifflé en faveur du TFC – qui remporte la rencontre 2-1 – provoque la colère du président strasbourgeois. Hors de question qu’il garde l’animal ! Jeanne-Marie est ramenée à Toulouse, fêtée avec les joueurs à leur arrivée, devenant ainsi la mascotte du club avant de finir empaillée.
Lorsque Françon va s’occuper de ses oies parquées dans le collège de Foix, cela fait généralement des étincelles.
On sait qu'elle a déjà eu des mots avec le nommé Foich, l’un des collégiats, qu'elle aurait copieusement insulté. Et le 18 décembre 1745, alors qu'elle vient pour panser ses oies et leur puiser de l'eau au puits dudit collège, la voilà hélée depuis une fenêtre par le nommé Laroture, aussi collégiat, qui l'enjoint à déguerpir. Mais Françon qui n’est pas une oie blanche, n'a cure des injonctions de l’étudiant ; elle lui répond vertement.
Ce dernier, quitte la fenêtre et descend rapidement de sa chambre afin de chasser l'impudente. Par deux fois il la secoue et finit par la jeter à terre, d’abord dans le jardin, puis dans la cuisine du collège où se poursuit la rixe.
Mais Françon ne va passe se laisser dicter la loi d'un jeune blanc-bec ; elle se relève, lance des coups de poings sur la poitrine de Laroture et lui assène même des coups au visage avec sa capote. Pour faire face à cette grêle de coups, le jeune coq va se saisir d'une bûche ou d'une barre pour enfin corriger Françon. Erreur, cette dernière bondit jusqu'à l'âtre de la cuisine, et la voilà maintenant armée d'un tison ardent qu'elle porte au visage de Laroture...
Comme dans la plupart des rixes, des âmes charitables viendront s'interposer et mettre fin au combat avant qu’il ne dégénère ; chacun se retirera finalement plus furibond que mal en point.
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Sources : FF 789/7, procédures # 159 et # 160, toutes deux du 18 décembre 1745.
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