Back

mai 2024

Portrait en pied d’un enfant vêtu d'une robe en velours, 1898, photographie N&B, 8 x 5,3 cm. Marie Ferdinand Abondance - Mairie de Toulouse, Archives municipales, 1Fi9471

mai 2024


Mai, trop c'est trop

Après avoir causé téléphonie le mois dernier, l’idée de paraphraser le premier tube de Téléphone pour débuter cet article était assez tentante. Plusieurs légendes entourent d’ailleurs la genèse de Métro (c’est trop). L’une d’elle veut que Jean-Louis Aubert, chanteur du groupe, l’ait composé alors qu’il travaillait pour la SNCF. Si vous voulez mon avis il aurait aussi bien pu être boulanger tant ce qu’il décrit est le lot commun des usagers des transports ferroviaires et pas uniquement de leurs employés. Mais au fait le métro c’est trop quoi finalement ? Trop bondé ? Trop fatiguant ? Trop en retard ? Trop bien ?
Vous noterez au passage comment le « trop » péjoratif a, ces dernières décennies, progressivement glissé, chez les jeunes générations, vers le positif. Ainsi, dans le temps, une personne trop bien habillée avait revêtu une tenue peu appropriée à un environnement donné. Exemple : mettre un costume trois-pièces pour faire du jardinage, ou encore, une robe de princesse pour aller à l’école. Alors qu’aujourd’hui cela signifie simplement, en langage « jeune », être très bien habillé.
D’aucuns voient dans cette prolifération des « trop » un symptôme syntaxique de l’hyperconsommation. Le « très » ne suffit plus, il en faut encore plus, il en faut « trop ». C’est possible mais le plus gênant dans cette cohabitation d’un double sens est le quiproquo qu’elle peut induire. Ainsi, quelqu’un vous dit : « En mai il y a trop de ponts, c’est trop les vacances ». Si vous ne le connaissez pas bien, le spectre d’interprétation sera assez large. C’est là que le ton entre en jeu. Mais du premier degré, au second, de l’ironie au sarcasme, la palette est large. Décidément c’est très compliqué ou trop compliqué, je ne sais plus…