L'image du moi(s)


Chaque mois, petit billet d'humeur et d'humour à partir d'images conservées aux Archives. Forcément décalé !

Image du moi(s) - année 2016


[Je suis Charlie]. Je suis libre !, Panneau en carton sur lequel sont collées des feuilles de papier quadrillé, signées et annotées par de nombreuses personnes à l'encre bleue, noire, verte et rouge ; témoignage déposé sur la façade de l'hôtel de ville de Toulouse en hommage aux victimes et en soutien à la liberté de la presse suite à l'attentat islamiste perpétré dans les locaux du journal satirique "Charlie Hebdo", aux exactions contre les forces de l'ordre et à la prise d'otage à caractère antisémite dans une épicerie casher, 7-16 janvier 2015, 88 x 146,5 cm, Archives municipales de Toulouse, 76 Fi 396.

janvier 2016


Janvier, je t'en veux

Bien commencer l'année n'est jamais facile, c'est vrai, mais pour l'année qui vient de s'écouler, ça a été une vraie gueule de bois. Si on s'était bourré d'amphétamines et d'alcool pendant trois jours sans dormir on n'aurait pas été aussi hébétés qu'en face de nos écrans le mercredi 7 janvier 2015 vers midi.  Devant ces scènes de guerre, l'effroi, l'incrédulité, la tristesse, la colère. Et puis, quelques jours plus tard l'espoir, dans les rues, tous unis, on fait bloc.

Dès le 7 janvier des rassemblements spontanés ont lieu dans les villes de France et du monde en hommage aux victimes des attentats. Des messages sont déposés par des particuliers dans des lieux emblématiques. Le slogan « Je suis Charlie » est crée par le graphiste Joachim Roncin et repris par des millions de personnes sur les réseaux sociaux et dans la rue. A Toulouse, les gens se regroupent place du Capitole et déposent leur témoignages sur la façade de l'hôtel de ville.

Le 8 janvier, un jour de deuil national est décrété. A midi, une minute de silence est observée provoquant des incidents dans plusieurs établissements scolaires. Certains élèves contestent le slogan « Je suis Charlie ». Un hommage officiel est rendu à Toulouse au siège de la métropole (Marengo) puis ensuite place du Capitole. Le soir le message « Toulouse est Charlie » est projeté sur la façade de l'hôtel de ville.

Le 10 janvier, des marches républicaines sont organisées dans toute la France (Nantes, Marseille, Strasbourg, Lille, Nice, Orléans, etc.) réunissant un nombre de personne inédit jusqu'alors. Parmi elles, les représentants des institutions, des différents cultes, partis, syndicats dans un esprit d'union nationale. A Toulouse, 150.000 personnes marchent sur les boulevards, applaudissant les forces de l'ordre et entonnant à intervalle régulier la Marseillaise.

Chaque jour, et ce jusqu'au 16 janvier, les Toulousains se recueillent sur la place du Capitole et plus particulièrement devant l'hôtel de ville où sont déposés des témoignages en grand nombre.

Les 420 messages collectés par les Archives nous renseignent sur l'état d'esprit d'une population suite aux évènements tragiques des 7, 8 et 9 janvier 2015. Il peut s'agir d'hommages aux victimes, mais aussi de textes plus politiques. La tonalité générale est à l'union dans l'émotion, la condamnation des actes terroristes et la défense des libertés et de la démocratie.

Le fonds 76Fi est consultable en ligne ainsi que les reportages photographiques réalisés à cette époque (recherche Index Organismes Charlie Hebdo).

07.02.1964. Destruction marché métallique des Carmes, chapiteau, place des Carmes. Négatif N&B, 6 x 6 cm. André Cros, Ville de Toulouse, Archives municipales, 53 Fi 3172.

février 2016


Février, un mois en moins
On aurait tendance à croire que février est un mois stupide qui ne sert à rien. On aurait tort. Le superflu est par essence indispensable. Voyez par exemple le cas du moustique. De prime abord, cet insecte paraît sans utilité aucune, voire même nuisible. Il produit en volant un son aigu particulièrement désagréable, d'autant qu'il précède souvent une piqûre, certes modérément douloureuse mais susceptible de transmettre de nombreuses maladies, tant aux humains qu'aux animaux. Cependant, en approfondissant la question on découvre qu'il a aussi des actions positives, notamment son rôle de polinisateur, ainsi que sa place dans la chaîne alimentaire de nombreux écosystèmes.
Bon, c'est sûr, ce n'est pas glorieux non plus. Et puis des polinisateurs il y en a plein d'autres. Quant à servir de garde-manger à une multitude de prédateurs, n'est-ce pas le lot de tous les êtres vivants qui peuplent notre planète ? Toutefois, peut-on réellement imaginer un monde sans moustique ? Personnellement, je fais ce rêve chaque été et je ne vois pas en quoi il serait moins viable que celui où pullulent les Culicidae.
Et par ricochet, pourquoi ne pas alors envisager une année sans mois de février, ni janvier d'ailleurs. Revenir à dix mois, comme au temps des Romains. On passerait directement de décembre à mars. Fini l'hiver ! Oubliés les évènements pénibles de février ! (et je ne parle pas que du carnaval). Aux oubliettes la destruction du marché des Carmes en février 1964 ! Ce serait bien, non ?
Refuge du Marcadau, Cauterets (Hautes-Pyrénées), mars 1913, vue d'ensemble d'un groupe d'hommes et de femme en train de vernir des skis, Ludovic Gaurier, négatif N&B, 9 x 12 cm, Ville de Toulouse, Archives municipales, 67 Fi 41.

mars 2016


En avant, mars !
Après le tunnel de janvier et février, le mois de mars fait du bien. Il y a de la perspective dans ce mois-là ! Et même si tout n'est pas rose, on voit venir du bon et ça fait plaisir. Ne ressentez-vous pas une grosse montée d'énergie qui vous fait dire que c'est bientôt le printemps ? Pas étonnant que les anciens aient donné à ce mois le nom du dieu de la guerre parce qu'on se sent quasiment prêt à tout ; il n'en faudrait pas beaucoup pour s'embarquer dans un truc un peu belliqueux. En fait, le mois de mars faut faire gaffe, c'est un peu comme écouter Wagner en boucle, au bout d'un moment ça donne envie d'envahir la Pologne.
Soyons plus raisonnables et contentons-nous d'envahir l'Andorre, je veux dire plutôt les pistes de ski des Pyrénées, à l'instar de ce groupe de pionniers en pleine préparation au refuge du Marcaudau de Cauterets, immortalisé en mars 1913 par l'abbé Ludovic Gaurier. En y repensant, envahir l'Andorre n'est peut être pas une mauvaise idée, on est quasiment sûr de gagner et à part nous jeter des bouteilles de pastis, des paquets de cigarettes ou des smartphones, je ne vois pas trop comment ils pourraient se défendre.