Au IIIe siècle avant J.C., les Chinois inventent le papier à partir de l'écorce de mûrier et conservent le secret de sa fabrication jusqu'au VIIIe siècle où les Arabes s'en emparent, le répandent au Moyen-Orient puis en Europe au cours du XIIe siècle.
Le développement de la papeterie vers le milieu du XVe siècle grâce à l'imprimerie entraîne la pénurie de chiffons. Ce n'est qu'au XIXe siècle que la pâte à bois les remplace définitivement.
Le papier chiffon
Le moulin à papier est un lieu de production qui transforme une matière première (le chiffon) en produit fini (les rames de papier, conditionnées pour l'expédition).
Des moulins à papier installés le long des rivières utilisent la force motrice du courant pour actionner des maillets armés de dents tranchantes qui réduisent des chiffons de lin, de chanvre et de coton à l'État de pâte autrement dit d'une suspension aqueuse contenant quelques grammes de matières solides par litre. Le papier est confectionné feuille après feuille, au moyen de moules appelés formes.
Avant de pouvoir être utilisés, les chiffons sont triés, lessivés puis blanchis au soleil. Aspergés d'eau, ils vont ensuite fermenter pendant plusieurs semaines dans des caisses de pierre, le pourrissoir. De là, ils sont transportés dans le dérompoir où s'effectue le découpage des chiffons en lanières d'environ 5 cm de longueur.
La matière ainsi obtenue est jetée dans une pile à maillets pour être déchiquetée, défibrée par écrasement et enfin raffinée dans d'autres piles équipées de maillets cloutés plus tranchants.
La pâte affinée donne un liquide laiteux qui est versé dans une cuve où les feuilles vont prendre forme.
La pénurie de chiffons
L'augmentation de la production de papier au XVIIe et XVIIIe siècles entraîne des pénuries de chiffons, seule matière satisfaisante connue des fabricants européens de papier.
En conséquence, différents essais sont mis au point pour imaginer des produits de remplacement mais aucun ne possède les qualités nécessaires du point de vue commercial.
Au même moment, des tentatives sont entreprises pour réduire le coût du papier en mettant au point une machine, afin de remplacer le procédé de moulage à la main dans la fabrication du papier.
La solution au problème de la fabrication du papier à partir d'une matière première bon marché telle que le bois est apportée par l'introduction du procédé de fabrication à pâte mécanique vers 1840, et par l'apparition du premier des procédés à pâte chimique environ dix ans plus tard.
La pâte à bois
La pâte à bois, qui fait son entrée dans l'industrie entre 1865 et 1870, marque l'avènement de la grande époque du papier en se substituant à la chiffe (de lin, de chanvre ou de coton).
On râpe le bois, en présence d'eau, dans une grosse meule qui le transforme en copeaux. Un raffineur les égalise et affine les fibres.
Pour améliorer la qualité de la pâte, on ajoute un épurateur chargé de trier les fibres et de les réinjecter dans le raffineur, jusqu'à l'obtention d'une pâte de la finesse désirée. Elle est très utilisée dans la fabrication du papier journal.
La pâte chimique
Elle est constituée par la cellulose du bois et par une certaine portion de ses hémicelluloses. Elle est obtenue indifféremment à partir de feuillus, de résineux et d'eucalyptus par dissolution des éléments indésirables dans un milieu aqueux renfermant les réactifs appropriés : sulfate et bisulfite.
Elle remplace complètement les pâtes de chiffons et sert de base à tous les papiers qu'elle soit employée seule (dans les papiers dits sans bois) ou combinée à des pâtes mécaniques (dans les papiers dits avec traces de bois).
Les transformations dus à la mécanisation
Jusqu'au début du XIXe siècle, la fabrication du papier à la main limite les dimensions des feuilles.
A partir de l'invention de la machine à papier en continu par Louis-Nicolas Robert les techniques d'impression se modernisent. Le principe de fonctionnement de la machine suit les procédés de la fabrication du papier à la main : on verse la pâte à papier déjà affinée dans une grande cuve où elle est brassée par des cylindres ; la pâte est ensuite versée sur une toile métallique, animée d'un branlement continu qui permet l'égouttage de la pâte.
Celle-ci passe alors entre des cylindres garnis de feutres pour l'essorage, et adhère sur un nouveau feutre pour sécher. Après séchage, la pâte s'enroule sur des bobines installées au bout de la machine.
Cette invention constitue un facteur déterminant de la mécanisation de l'industrie papetière, préfiguration des machines à papier d'aujourd'hui.
Il existe deux types de machines, la machine à table plate et la machine à forme ronde, qui reprennent les mêmes opérations de base que la fabrication à la main : il s'agit toujours de broyer les fibres dans l'eau pour obtenir une pâte, de l'égoutter sur un tamis, de la laver avec un feutre, de la presser pour en extraire l'eau et de sécher les feuilles à partir d'un procédé entièrement mécanisé et contrôlé par les machines électroniques les plus modernes.
- Etape 1 : pâte liquide.
- Etape 2 : pâte coulant à plat et prenant consistance.
- Etape 3 : pâte ferme passant dans les séchoirs.
- Etape 4 : papier terminé (Dictionnaire illustré Armand Colin de 1905)
La machine à table plate
remplace aujourd'hui la machine à papier en continu de Louis-Nicolas Robert ; elle permet l'encollage dans la masse et l'utilisation de l'énergie électrique ce qui autorise la fabrication de papiers de grandes largeurs et la vitesse de fabrication est de l'ordre de plusieurs dizaines de mètres à la minute.
La machine à forme ronde
Longtemps employée dans les petites manufactures de papier de type familial, elle est particulièrement bien adaptée à la fabrication d'un papier aux fibres longues, donc très résistant.
Elle présente les avantages du papier fait à la main, sans ses inconvénients (défauts, irrégularités). De plus, elle permet la formation de filigranes ombrés de haute qualité, très recherchés pour les papiers de sécurité.