DOSSIER

Les témoignages des attentats


En janvier et en novembre 2015, la France a été touchée par une série d'attaques terroristes meurtrières qui a entraîné de fortes mobilisations citoyennes et le dépôt, devant des lieux symboliques, de témoignages que certains services d'Archives ont collectés.

COLLECTER


Un contexte particulier pour des collectes hors-normes

De la sidération à la communion : les attentats de 2015

De gauche à droite et de haut en bas : La marche du 10 janvier 2015 sur les boulevards toulousains et la façade de l'hôtel de ville illuminée. Rassemblement du 17 novembre 2015, place du Capitole, et marche du 21 novembre, pont des Catalans. © Patrice Nin.
De gauche à droite et de haut en bas : La marche du 10 janvier 2015 sur les boulevards toulousains et la façade de l'hôtel de ville illuminée. Rassemblement du 17 novembre 2015, place du Capitole, et marche du 21 novembre, pont des Catalans. Photos Patrice Nin.

 

Le 7 janvier à Paris, le journal Charlie Hebdo est la cible d'une première attaque revendiquée par Al-Qaïda qui cause la mort de 12 personnes dont les dessinateurs Cabu, Charb, Tignous, Honoré, Wolinski et l'économiste toulousain Bernard Maris.
Le 8 janvier, un terroriste se réclamant de l'État Islamique (Daech) tue une policière à Montrouge et 4 personnes, le lendemain, lors d'une prise d'otages dans une épicerie casher de la porte de Vincennes.


Dans la soirée du 13 novembre...
Une seconde série d'attaques, revendiquée par Daech, a lieu à Saint-Denis et Paris. Trois djihadistes se font exploser à côté du stade de France lors d'un match France-Allemagne.
Dans les 10e et 11e arrondissements parisiens, trois assaillants font feu sur des clients à la terrasse des cafés ; trois autres tirent en rafale sur les spectateurs du concert d'Eagles of Death Metal au Bataclan. Ces attentats, qui ont entraîné la mort de 130 personnes et fait 413 blessés, sont les plus sanglants perpétrés en France depuis des décennies.
 

Peu après les attaques...

Les témoignages des attentats de 2015, place du Capitole

Des rassemblements spontanés se déroulent en France et à l'étranger. Sur les réseaux sociaux, les messages de solidarité affluent et les slogans Je suis Charlie, Je suis Paris, Pray for Paris sont abondamment partagés.
Les marches des 10 et 11 janvier réunissent en France 4 millions de personnes faisant de cette mobilisation la plus importante de l'histoire française contemporaine. Entre le 14 et le 21 novembre, des rassemblements, certes moins importants, ont lieu malgré les mises en garde des autorités.

A Paris, place de la République, sur les lieux des attentats et devant les mairies, des particuliers déposent des messages, allument des bougies, érigeant des mémoriaux éphémères où ils se recueillent.
 

Des collectes sauvetages

« 4C » (collecter, conserver, classer, communiquer) résument les grandes missions des Archives, illustrées ici par le travail réalisé sur les témoignages des attentats de 2015.

Encadrée par des normes juridiques, la collecte consiste à recueillir et rechercher des documents auprès de producteurs publics ou privés (particuliers, entreprises, associations). Selon le statut juridique de ces derniers, la collecte prend la forme d'un versement obligatoire (matérialisé par un bordereau) pour les services publics ; celle d'un dépôt, don, achat ou legs (matérialisé par une lettre, facture, etc.) pour les producteurs privés.

Des collectes sauvetages

Réalisées dans l'urgence, en dehors des règles habituelles, sans document pour les encadrer, ces collectes de témoignages revêtent un caractère hors-norme. Initiées par le maire de Toulouse pour sauver la mémoire de ces mouvements de solidarité, elles ont été menées les 16 janvier et 23 novembre 2015, place du Capitole, par les agents des Archives municipales.
Les messages déposés devant l'hôtel de ville par le public faisant partie intégrante du patrimoine et de l'histoire toulousains, leur sauvegarde était une évidence pour les élus, les Archives et la majorité de la population qui en a soutenu l'initiative.

Dans leur réalisation, elles se sont cependant avérées complexes. Après le temps du recueillement qu'il s'agissait de respecter, il fallait intervenir au plus vite pour sauver tout ce qui pouvait l'être après plusieurs jours d'intempéries. En janvier, la collecte de « Charlie » qui s'est déroulée en deux heures sous la pluie, avant que les documents ne se dégradent trop, tenait du sauvetage.
Détrempés, piétinés, les témoignages n'ont pas tous pu être récupérés. La sélection s'est faite en amont et en aval de la collecte selon deux critères : l'originalité et l'état des documents.