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Grave

Port de la Daurade sur la Garonne. Années 1910-1920. Vue perspective du fleuve prise de puis le quai de la Daurade. Au premier plan : étendoirs à linge avec draps, bateau lavoir, établissement de bains ; au second : le fleuve ; au fond : une partie de l'Hôtel-Dieu, le Port-Viguerie, le dôme de l'hôpital de La Grave, le pont Saint-Pierre, Ville de Toulouse, Archives municipales, 5Fi26.

Grave


novembre 2018

Oui, l'heure l'est. En crise aiguë. Ce n'est pas la couverture nuageuse qui nous préoccupe, bien qu'elle nous laisse craindre  le pire pour le linge étendu sur les quais de la Daurade et de l'exil républicain. Ce n'est pas non plus le fait qu'il faille se frayer un chemin entre des tas de sable et de cailloux juste au sortir du bain, et je ne vais pas encore vous abreuver d'exclamations sur l'ancien pont Saint-Pierre. Que nenni. Je voudrais juste mettre l'accent sur le caractère précieux de ces plaques de verre et autres supports argentiques éminemment fragiles.
 

Le sujet me tient à cœur, vous l'aurez compris, comme tout ce qui touche à la conservation des œuvres (à celle des fruits aussi, surtout sous forme de confitures, mais là n'est pas le sujet). Donc, j'attire votre attention, non sur le panorama photographié, bien que le dôme m'ait servi de prétexte pour coller au thème, mais à toutes ces taches, biffures et « léopardures » dont l'image est constellée. Sur cette reproduction de la plaque, vous voyez nettement les altérations du support :

 

Altérations de la plaque de verre.

    • le « miroir d'argent » sur tout le tour (détérioration de la couche picturale due aux mauvaises conditions de conservation de la plaque. Défaut constaté notamment sur les plaques restées stockées dans leurs boîtes en carton d'origine) ;
    • les craquelures au bas de la plaque (flétrissure de la gélatine, à la suite, sans doute, des changements d'hygrométrie) ;
    • les rayures (manipulations dans un environnement abrasif) ;
    • cerise sur le gâteau, saurez-vous identifier l'origine de l'énorme tâche sur le quart inférieur gauche de la plaque ? Elle me vaut une montée d'adrénaline à chaque fois que je vois des doigts courir tout nus sur des supports argentiques. C'est une empreinte digitale !

Fort heureusement, nous disposons aux Archives d'un magasin spécifique pour la conservation des photographies, ventilé, à température et hygrométrie contrôlées, pour que l'état des documents se stabilise. Ceux-ci sont systématiquement reconditionnés, de manière à limiter les dégradations et les pollutions. Nous disposons aussi d'un individu rébarbatif prêt à dissuader quiconque voudrait manier des documents fragiles sans gants.