Arcanes, la lettre


Chaque mois, l'équipe des Archives s'exerce à traiter un sujet à partir de documents d'archives ou de ressources en ligne. Ainsi, des thèmes aussi variés que la mode, la chanson, le cinéma, le feu sont abordés...

EN LIGNE


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EMB Électronique. Salle à l'acoustique neutralisée, présentant une antenne radio et un écran informatique, 2004. - Mairie de Toulouse, Archives municipales, 1Fi6912.

Quand les 1 et les 0 ne répondent plus...


octobre 2025

Comme vous avez pu le constater depuis plusieurs semaines, notre base de données en ligne n’est plus accessible sur internet. L’erreur 503 (ou 504, au choix) est devenue son unique réponse. Bref, on tourne en rond.   

À la décharge de notre précieux outil, il s’avère qu’il fait l’objet au quotidien de multiples requêtes simultanées qui saturent le moteur de recherche et nous peinons, pour l’instant, à pallier cette sur-sollicitation. Pour autant, nous sommes tous mobilisés pour trouver une solution pérenne qui stabilisera la base et rétablira un fonctionnement optimal et fluide.   

En attendant que vous puissiez à nouveau explorer nos ressources depuis chez vous, sachez que la version intranet de notre base de données est, elle, toujours accessible en salle de lecture. N’hésitez pas à venir la consulter sur place : ce sera l’occasion d’échanger en vrai avec les archivistes qui la font vivre (et de délaisser les 0 et les 1 du langage informatique). Par ailleurs, vous pourrez, en bonus, bénéficier de conseils et d’un accompagnement personnalisé dans vos recherches.   

Et cette rencontre permettra non seulement de discuter de vos pratiques en ligne mais aussi de partager vos attentes (dans la mesure de nos possibilités techniques) concernant l’utilisation de cet outil, d’habitude plutôt utile !  

Vue d'ensemble d'un homme portant un arbre, André Cros, Mairie de Toulouse, Archives municipales, 53Fi4750.

Semer le trouble


septembre 2025

Le réveil vient de sonner. Tout en émergeant, vous traînez les pieds jusqu’à la cuisine. Le temps que le café coule, vous regardez par la fenêtre le temps qu’il fait. Alors que le soleil de septembre se lève, dorant les façades des bâtiments au même rythme que le grille-pain colore les tartines, les Archives vous invitent à imaginer. Là où autrefois les champs s’étendaient, et que le blé se dressait, là où aujourd’hui s’élèvent les barres d’immeubles sur le bitume. Ces terres étaient le ventre de Toulouse. Elles auraient pu vous donner le pain que vous vous empressez de sauver juste à temps avant qu’il ne brûle, et le beurre tout juste sorti du frigo qui attend d’être étalé. Mais nourrir la ville pouvait aussi nourrir les litiges. Vous l’auriez compris : dans le Toulouse des métairies de l’Ancien Régime, qui sème le trouble récolte les conflits.

En consultant la couche « Champs troubles » d’Urban-Hist, suivez les contentieux tirés des archives judiciaires, comme on trace les empreintes de pas dans un champ boueux. Peut-être qu’elles vous mèneront à un agriculteur un peu trop buté, à des vols de volailles, à un chasseur qui confond gibier et bête de ferme, ou à boire un vin aussi troublant que troublé. Tout est renseigné par le greffier : on y compte autant les bottes de foin que les coups de bâtons assénés. Des affaires somme toute modestes, auxquelles les capitouls ont été amenés à réfléchir. Entre passion et jalousie, où souvent la faim justifie les moyens, comme celle qui vous a poussé à vous faire une dernière tartine « pour la route ». 

Lorsque vous fermerez votre porte à clef pour partir au travail, sur le chemin sortez votre téléphone. Tout en attendant le bus ou le métro, revivez les faits divers d’un temps passé en cherchant du bout de vos doigts encore péguant de la confiture que vous avez mangée ce matin.

Vue de la porte de la Commutation prise depuis le jardin des Plantes, une femme avec une ombrelle, tenant un enfant par la main, fin 19ème siècle, Mairie de Toulouse, Archives municipales, 1Fi5337.

Ras les pâquerettes


juillet - août 2025

L’été est bien arrivé, et ressort de ses valises les fortes chaleurs qui ralentissent autant les corps que les esprits. Dans cette situation, notre réflexion parfois ne vole pas bien haut… Ça tombe bien, on va continuer à ce niveau. C’est la tête dans les pétales que, ce mois-ci, les Archives vous invitent à flâner.  

Il est midi passé. Le soleil impitoyable fait fuir les vitrines du centre-ville, et la motivation. Une cycliste ralentit sous l’ombre d’un tilleul. Une touriste se cale sur un banc du square Charles de Gaulle. Un chat noir se prélasse entre deux pots de géraniums dans une petite ruelle. Et vous ? La canicule a tout tari : les nappes phréatiques, comme les conversations. Toulouse cuit sous le ciel bleu, sans nuages à l’horizon. Un thermomètre voit rouge, il hésite entre 37 et 38 degrés. Vous tournez à droite, tout droit, puis encore à droite. Une grille, un grincement, et soudain… Un jardin. Un vrai. Pas immense, pas spectaculaire, mais vert, feuillu, rafraichissant. On entend le bruissement discret d’un jet d’eau, les pas trainants d’un retraité qui roumègue en traversant en diagonale. Il ne le sait sûrement pas, mais autrefois, ce jardin-là était un potager, ou un jardin d’agrément, ou tout simplement un jardin public

Avec Urban Hist, vous pouvez déambuler d’un siècle à l’autre, d’un jardin à une annotation marginale. Et, pour accompagner ces refuges verdoyants, il y a les fontaines. Qu’elles soient ornementales, utilitaires, ou fournissant de l’eau potable, il y en a plus de 380 sur le territoire toulousain. De quoi rafraîchir ses poignets et ses pensées. Et parfois, pour battre le pavé, on passe d’un abri à un autre. Du voile d’ombrage de la place du Capitole au ruban suspendu rue d’Alsace-Lorraine. On se faufile d’une ombre à une autre, d’un souffle d’air à un semblant de fraîcheur. Le rat des villes doit se contenter d’un carré d’ombre et d’un brumisateur, quand les cousins des champs, eux, plongent dans les rivières, et se baladent en forêt. 

Alors, que vous ayez le moral en berne ou l’esprit en ébullition, laissez-vous guider vers l’ombre ou par le frais. Un clic, une promenade, une anecdote historique. C’est parfois tout ce qu’il faut pour retrouver ses esprits, ou à défaut un peu d’air… 

Carte de l’inondation du 23-24 juin 1875 dans la Commune de Toulouse et ses Environs, ville de Toulouse, Archives municipales, 3D127/1.

Fluctuat nec SIGitur


juin 2025

Après être passée sous les pavés, ce mois-ci l’histoire est sous l’eau. En 1875, Toulouse connaissait l’une des crues les plus dévastatrices de son histoire. Cent cinquante ans plus tard, nous avions rêvé d’une couche cartographique dans UrbanHist, pour visualiser l’emprise de la crue, l’ampleur des débordements de la Garonne… ce n’est que partie remise. 

Alors non, pas (encore) de carte immersive montrant les pieds dans l’eau du quartier Saint-Cyprien. Mais tout n’est pas tombé à l’eau : les Archives ont conçu un index spécial Inondation, pour vous aider à retrouver tous ce que nous avons à vous offrir : des documents, des images, des témoignages, des plans, et même des rapports conservés dans nos bas-fonds. C’est un peu moins visuel, certes, mais tout aussi désaltérant intellectuellement parlant. Vous y trouverez de quoi reconstituer, archive par archive, l’événement… et peut-être même quelques surprises viendront flotter de nos boîtes. La couche SIG viendra, promis. Mais en attendant, naviguez dans ce fleuve documentaire dont découlent une exposition et des ateliers. L’eau est montée, et remontera peut-être mais les Archives tiendront toujours bon ! 

Amphithéâtre romain d’Ancely, fonds des Toulousains de Toulouse - Mairie de Toulouse, Archives municipales, 51Fi1766.

Les aventuriers du clic perdu


mai 2025
Il est tout aussi facile de se perdre sur Internet que dans UrbanHist. Une simple recherche en emmène une autre, puis vous entraîne de fil en strate, de filtre en couche jusqu'à en oublier ce que vous cherchiez au départ. C’est le début de l’aventure de l’exploration des données archéologiques ! Sous les pavés toulousains, l’histoire vous attend. Troquez votre chapeau d’archéologue et votre fouet contre une souris d’ordinateur et une bonne connexion wifi. Promis, pas besoin de lampe frontale ni de pioche ! UrbanHist vous guidera dans les fouilles archéologiques où seuls les Systèmes d’Informations Géographiques (SIG) savent révéler l’invisible passé du visible présent. UrbanHist propose une carte interactive où s’empilent les couches de données comme dans une véritable fouille. Chaque calque renseigne un pan oublié de la ville, à activer d’un seul clic sans déclencher de pièges ! (Normalement…). On y découvre qu’une simple place commerçante recouvre les vestiges d’un forum romain, ou qu’une rue tout à fait banale suit le tracé historique d’un antique rempart (pas de temple maudit malheureusement), et pourquoi pas dans un futur proche les nouvelles fouilles de la ligne C du métro de Toulouse ! Alors, à vous de chercher, car la ville de Toulouse n’a pas fini de livrer ses secrets ! Et, qui sait, à la fin de votre étude, vous finirez par vous dire en lisant une description : “ Sa place est dans un musée !”. 
Canal du Midi, un promeneur sur le chemin de halage, André Cros, Mairie de Toulouse, Archives municipales, 53Fi3239.

Hors les murs


avril 2025

Toulouse est importante et mystérieuse. Il y a la ville que l’on connaît, et celle qui reste cachée. Celle que l’on traverse sans y prêter attention, et celle qui ne se révèle qu’à ceux qui osent sortir hors des sentiers battus. Le printemps se montre enfin, alors il est l’heure de mettre ses chaussures et d’aller dehors ! 

 

Avec UrbanHist, franchissez cette frontière. Derrière les façades de briques roses se cachent des histoires hors du commun : une ancienne échoppe sous les arcades du Capitole, les vestiges de remparts oubliés, un jardin secrètement caché que seule une porte entrouverte laisse deviner. Mais l’Histoire ne s’arrête pas aux limites du centre-ville. Hors du cœur de Toulouse, les faubourgs portent encore les vestiges et la mémoire des transformations industrielles, alors que les anciens ports de la Garonne rappellent les gabarres et le commerce du pastel, or bleu qui localement a permis de développer une économie florissante. 

 

Pour passer du dedans au dehors, du connu à l’inexploré, il n’y a qu’un simple pas... du bout des doigts. Ce printemps, ouvrez les yeux, et arpentez Toulouse téléphone en main pour découvrir ce que la ville a à vous offrir. Ce qui est hors-champ n’en est pas moins intéressant. Surtout quand du nouveau contenu est à prévoir sur UrbanHist ! Alors, ne restez pas hors-ligne trop longtemps…  

Portrait de Juliette Albinet (1920-1921). Louis Albinet - Mairie de Toulouse, Archives municipales, 87Fi1144.

Essentielles anonymes


mars 2025

« J’aimerais aller jusqu'à supposer que cet anonyme, qui a écrit tant de poèmes sans les signer, était souvent une femme. » 

Cette citation de Virginia Woolf dans Une chambre à soi (1929) résonne en moi de façon particulière. Chargée du traitement d’archives figurées, je constate que la majorité des photographes représentés sont des hommes. Mais quel(s) rôle(s) ont joué(s) les femmes de leur entourage dans la production et la constitution de leurs œuvres et de leurs fonds ? De même, qui se cache derrière la masse de clichés qui nous sont parvenus de manière anonyme ? Pour prendre l’exemple du photographe toulousain, Louis Albinet, nous savons qu’à sa mort prématurée en 1938, c’est Juliette Albinet (1892-1979), sa femme, qui reprend l’important studio de la rue des Filatiers. Quelle fonction y assurait-elle au juste ? Était-elle aussi photographe ? 

Anonymes pour beaucoup, certaines femmes ont également joué un rôle essentiel dans la préservation, et dans l’entrée aux Archives, de certains fonds privés. Ainsi de Béatrix Berthelé-Faucher, sœur de Raoul Berthelé lequel – mobilisé en 1914 à l’âge de 28 ans –, a photographié entre 1915 et 1918 le quotidien des soldats sur l’arrière-front de la Grande Guerre. Quelque 2 500 clichés qui ont été conservés grâce à l’action de Béatrix, à l’origine du don à la Ville de ce riche ensemble documentaire.  

En tant que productrices d’archives, les femmes sont également encore sous-représentées, et les sources sur l’histoire des femmes, encore partielles. Une problématique à laquelle entendait répondre la Grande Collecte initiée en 2018 par le Service interministériel des Archives de France (SIAF), et entièrement dédiée aux femmes : politiques, intellectuelles, scientifiques, militantes, artistes, au travail, dans leur quotidien et anonymes. Dans nos fonds d’archives privées figurent ainsi, parmi les productrices, plusieurs militantes féministes dont l’écrivaine et philosophe Monique-Lise Cohen (1944-2020) mais aussi la compositrice toulousaine Marguerite Canal (1890-1978) ou encore la marquise de Livry, dont 30 années de correspondance (1763-1792) avec son amie d’enfance, la présidente Dubourg, sont disponibles sur notre site.  

Au sein de notre service d’archives cependant, et comme cela est assez fréquent aujourd’hui, nous sommes une majorité de femmes à assurer la conservation de la mémoire de demain. Un service d’archives à la tête duquel se trouve d’ailleurs, une femme. 

Code QR de l'enquête de satisfaction auprès de nos usagers en ligne, février 2025 - Mairie de Toulouse, Archives municipales, non coté.

Savoir d’où vient le vent...


février 2025
Bien connaître son environnement présente un avantage certain : on peut ainsi optimiser ses efforts en s'appuyant sur ses forces pour compenser adroitement ses faiblesses. Mais cette connaissance s'acquiert avec du temps, de la patience, de l'expérience et surtout... un questionnaire spécialement destiné à son public ! Alors, si le cœur vous en dit, et que vous disposez d'un peu plus de 4 minutes devant vous, nous serions très intéressés par votre retour sur nos services, notre offre culturelle et les outils que nous mettons à votre disposition.
Nous sommes en effet engagés dans une démarche d'évaluation générale de notre activité, en vue de rédiger notre projet scientifique et culturel. Et votre avis nous intéresse beaucoup, d'autant que, plus le nombre de réponses sera grand, plus les données qu'elles contiennent nous permettront de dégager des tendances fiables. Magie de la statistique.

Aussi, fidèles lecteurs d' Arcanes, saisissez-vous de ce vent du changement : n'hésitez pas à vous exprimer librement et à nous partager vos impressions et vos suggestions jusqu'au 28 février prochain, date à laquelle cette opportunité disparaîtra à tout jamais, Gone with the wind...
Vue d’un registre d’état civil. 2016. Photographie couleur numérique. Stéphanie Renard - Mairie de Toulouse, Archives municipales, 4Num12/172.

Des registres par wagons


janvier 2025

Au risque de décevoir les fans de michelines et autres turbo-trains, ce n’est pas de chemin de fer dont nous allons parler aujourd’hui, ni même d’exploitation minière, mais bien d’état civil. Alors oui, je vous l’accorde, le lien n’est pas évident, il faut dire que les thématiques d’Arcanes ont des exigences, auxquelles il n’est pas toujours aisé de se conformer... 

Mais revenons-en au plus important : quelle est cette actualité brûlante, cette nouveauté si incroyable qu’elle mérite son billet dans la lettre d’informations la plus lue des Archives de Toulouse (en même temps, il n’y en a qu’une) ? Eh bien, sous un tonnerre d’applaudissements, j’ai l’honneur et le privilège de vous annoncer, qu’après un peu d’attente (il faut bien le reconnaître), les registres d’état civil de 1923 et les tables décennales de 1923 à 1932 ont enfin été mis en ligne ! Ce qui représente tout de même quinze registres, patiemment décrits et numérisés pour votre plus grand plaisir. 

Il y a toutefois un bémol, un petit grain de sable dans les roulements à billes de cette mécanique pourtant bien huilée : si les registres sont bien accessibles en ligne, la vignette qui accompagne chaque description indique néanmoins “image non disponible”. Et c’est bien dommage car il n’en est rien : il s’agit d’un dysfonctionnement dans l’affichage de notre base de données que nous n’avons pas encore résolu (mais on y travaille). 

Il vous appartient donc, valeureux généalogistes, de braver sans peur ce message infâme et de poursuivre votre quête de l’acte de naissance (ou de mariage ou de décès) de votre illustre ancêtre pour accomplir votre mission : compléter les branches de votre arbre (ou forêt, soyons fous) généalogique. Et vous pouvez compter sur nous pour que cela se passe comme sur des roulettes... 

[Album de la famille Marion-Brésillac - Château de Launaguet] Georges de Saint-G. armé chevalier. Château de Launaguet (actuelle mairie), 95 chemin des Combes (Haute-Garonne). 1902. Portrait - plan large - de Joseph de Marion-Brésillac (à gauche) et Georges de Saint-Guilhem s'amusant, tous deux en amure, à reconstituer une scène d'adoubement sous les arcades de la façade sud du château ; en arrière-plan, sur le mur, le blason du baron Dufaÿ de Launaguet - Mairie de Toulouse, Archives municipales, 83Fi58/56.

Sacré Graal


décembre 2024

Un thème audacieux ce mois-ci qui va nous amener dans les méandres des fonds iconographiques consultables en ligne. La base de données est déjà bien fournie et comme le duo numérisations-descriptions va bon train (#MesColleguesSontRedoutablementEfficaces), son enrichissement est exponentiel. Au point qu'un jour il est hautement probable que vous y dénichiez votre graal. Aucun doute que l'équipe des Monty Python y a puisé ses principales sources d'inspiration pour les scènes cultes de Holy Grail*. Jugez vous-même.  

Dès la scène d'ouverture, la parodie arthurienne loufoque mettant en scène la quête des chevaliers de la Table ronde présente un roi sans monture affublé d'un palefrenier qui imite le bruit des sabots au moyen de deux moitiés de noix-de-coco** frappées en rythme l'une contre l'autre. Il se trouve, comme c'est curieux, que nous possédons justement l'image d'une magnifique pipe en coco. Il se trouve également, tiens-tiens quelle coïncidence, que ce roi est interprété par Graham Chapman, lui-même grand fumeur de pipe, ce qui lui coûta en partie sa vie, soit dit en passant, parce que fumer tue. 

Les personnages devisant sur la présence de ce fruit en pleine Angleterre médiévale, ils en vinrent à l'évidence que seules des hirondelles pouvaient l'avoir transportée au cours d'une migration. Nous proposons une explication plus pertinente, celle de l'hirondelle comme véhicule terrestre pour l'acheminement de cargaisons lourdes). Avouez que tout ceci devient intriguant. 

Les "chevaliers qui disent Ni" ne vous auront pas échappé, bien sûr. Savez-vous que, grâce à mes intenses recherches, j'ai trouvé moult informations à leur sujet dans notre base ? Les deux seuls éléments dont nous disposons à leur sujet est qu'ils sont les gardiens des mots sacrés "peng" et "wom" et qu'ils demandent qu'on leur fournisse un jardinet, joli et bon marché. Reprenons cette énigme ensemble. Dans "peng", entendez la prononciation méridionale du mot "pain". Pour une oreille britannique non avertie la confusion est logique et excusable. La requête des chevaliers devient alors plus claire, puisqu'elle concerne assurément de jolis pains à trouver dans un marché de bonne qualité. Nous en avons sur le marché Arnaud-Bernard dans les premières années du 20e siècle, en vue stéréo s'il vous plaît. Quant à "wom", notez que ce mot se lit de la même façon si nous renversons physiquement les lettres (w devient m et vice-versa), ce qui nous ouvre la métaphore du cercle. Et je vous le donne en mille, nous avons un jardinet circulaire ! Oui, en haut des allées Jean-Jaurès, entourant la statue de Riquet, dont vous aurez noté la coiffure... que nous retrouvons, presque à l'identique dans cette publicité pour les papiers à cigarette JOB, dont la punchline est "sans colle NI gomme". Nous avons retrouvé nos chevaliers "Ni-phones", la boucle est bouclée. 

Nous pourrions poursuivre ainsi pendant des heures, comprendre l'hyperbole de la sorcière qui flotte avec cette représentation du canal de Palarin ou partir à la recherche Chevalier Noir, puis rédiger une thèse de 2000 pages comme celle de mon ami, sur cet autre sujet sacré et médiéval qu'est la représentation du décollement de Jean-Baptiste entre les 9e et 13e siècles, mais comme je ne veux pas abuser de votre temps, je terminerai simplement avec cet hommage caché au Lapin tueur. 

*Pour une plus grande compréhension de ce billet, je vous renvoie au visionnage du chef d'œuvre cinématographique de l'humour anglais sorti en 1975, qui a bercé ma période de jeune adulte. 

**(Notons en aparté qu'avec cet ingrédient nous pouvons aussi réaliser des pâtisseries et que sans doute nous y reviendrons lors d'un prochain numéro) 

Le Pont-Neuf sous la neige, circa 1900. Emile Espy – Mairie de Toulouse, Archives municipales, 48Fi54.

A pas feutrés…


novembre 2024

La consultation de notre base de données offre aux lecteurs un incroyable confort. Depuis leur salon ou leur table de bureau, ils peuvent ainsi accéder, sans se déplacer, à l’ensemble des notices descriptives des documents qui sont chez nous conservés. Et, quand on interroge ladite base en renseignant par association d’idées « feutre, chapeau chapellerie » en mots-clés, s’ouvre alors tout un champ des possibles laissant entrevoir la variété des sources archivistiques disponibles sur un sujet – et ce, quelle que soit sa thématique ou son originalité. 

L’on apprend ainsi que dans les magasins des Archives de Toulouse est conservé le fonds de la Chapellerie Brosson, du nom de Joseph Brosson qui possédait, en 1923, un magasin de chapeaux au numéro 43 de la rue d’Alsace-Lorraine, avant que celui-ci ne soit repris par son fils. Petit fonds d’archives privées qui se distingue notamment par les objets singuliers qu’il comprend : une dizaine d’outils et de gros fers utilisés pour mettre en forme chapeaux de feutre ou de paille. Les images de chapelleries toulousaines sont également légion dans notre base : on les trouve rue d’Alsace-Lorraine, au numéro 8 ou au numéro 30, mais également 26 rue Saint-Rome, où en 1928, en témoigne une carte postale des frères Labouche, était située la « Fabrique de chapeaux ». Parmi les résultats de recherche figure aussi la notice image d’une carte d'adhérent à l'Union des syndicats des Petits Marchands Détaillants de Toulouse, syndicat chapellerie, délivrée en 1931 aux frères Faure, 7 rue Constantine. Et, sans surprise, une multitude de portraits individuels – photographie ou dessin – ou de groupe nous montrant des messieurs élégamment chapeautés de leur feutre-melon. 

Portrait de jeune femme dans un cabinet, entre 1858 et 1907. Négatif N&B, sur plaque de verre, 12 × 9 cm. Eugène Trutat - Mairie de Toulouse, Archives municipales, 51Fi152 (détail).

Agent double


octobre 2024
Aux Archives de Toulouse, on peut tout à la fois être archiviste et bibliothécaire. Et même si ce n’est pas toujours simple d’appréhender deux métiers différents, parfois antagonistes mais toujours complémentaires, c’est également l'assurance de ne jamais s’ennuyer ! Qui, en effet, peut se targuer de pouvoir manier des inventaires et des catalogues, de manipuler des liasses et des volumes ? Certainement pas le premier documentaliste venu.

Le quotidien est donc rarement monotone : on peut par exemple intégrer des analyses archivistiques dans notre base de données le matin et cataloguer des ouvrages rares, anciens ou précieux l’après-midi. On a également la chance de pratiquer des langages et d’appliquer des normes aux noms souvent mystérieux : UNIMARC, ISAD-G, Dublin Core, DTD-EAD..., que seuls d’autres éminents spécialistes sont habilités à connaître. Et surtout, on appartient désormais à une communauté dont les membres se reconnaissent entre eux, grâce des sigles cabalistiques tels que AAF et BA.

Si tout cela suscite en vous un intérêt manifeste, et que vous rêvez secrètement (ou non d’ailleurs) de rejoindre cette joyeuse confrérie, n’hésitez pas : les Archives de Toulouse recrutent leur prochain/prochaine archiviste-bibliothécaire ! Vous avez jusqu’au 22 octobre pour postuler. On n’attend plus que vous.
Rue du 10 Avril – Visiteurs se dirigeant vers l’Observatoire pour la visite dominicale, 1908. Emile Espy - Mairie de Toulouse, Archives municipales, 1Num1/103.

Passe, passera ?


septembre 2024

Les Journées européennes du Patrimoine consacrées cette année au « Patrimoine des itinéraires, des réseaux et des connexions » et au « Patrimoine maritime » arrivent à grands pas ! A cette occasion, les Archives de Toulouse vous ouvrent en grand les portes de l’ancien réservoir d’eau de Périole qui, depuis 1995, est transformé en lieu de conservation.

Les samedi 21 et dimanche 22 septembre prochains, nous vous donnons rendez-vous à l’accueil des Archives : de 9h20 à 11h50, puis de 13h50 à 16h50 (dernier départ), nous aurons le plaisir de vous remettre votre « pass » pour découvrir l’envers du décor et parcourir ce bâtiment d’exception au cours de visites commentées.

Vous pourrez également participer à l’un de nos ateliers : « En(quête) d’images, sur les pas du photographe Marius Bergé », « Mort ou vif : itinéraire d’un tueur – 1700-1709, les chroniques d’une décade sanglante », découvrir le travail de la restauratrice des Archives ou encore assister à la présentation du fonds photographique Jean Dieuzaide.

Pas besoin de passe cependant pour déambuler parmi les panneaux de notre exposition dédiée au parcours et au génie de Pierre-Paul Riquet, concepteur et entrepreneur du Canal Royal de Languedoc ; exposition qui s’inscrit doublement dans la thématique. Le programme de ces journées est bien évidemment détaillé sur notre site que nous ne saurons trop vous conseiller de consulter !

2016, Archiviste cherchant un document demandé en salle de lecture. Stéphanie Renard – Mairie de Toulouse, Archives municipales, 4Num/nc.

Désolé, aucune fiche ne correspond à votre recherche !


juillet-août 2024

Quelle frustration, lorsque l’on cherche un document sur notre base de données, de voir cette ligne s’afficher ; je compatis, cela m’arrive aussi. Voici quelques exemples que nous rencontrons parfois : 

“Je cherche l’acte de naissance de ma grand-mère, le 14 novembre 1925.” 

-> Aïe, les registres sont conservés par le service de l’Etat civil, qui nous les verse au bout de cent ans, puis nous les faisons numériser pour les rendre accessibles. L’année 1925 devrait donc être disponible courant 2026. 

“Peut-être aurai-je davantage de chance avec l’acte de naissance de son père, le 8 avril 1892. Non ? C’est étrange, je suis absolument certaine de la date et de l’orthographe...”  

-> Il possible qu’il ne soit pas sur la commune de Toulouse. Tentez votre chance aux Archives départementales. 

“Nous projetons d’acheter une maison construite en 1967 à Toulouse et avons besoin de consulter les plans, mais nous ne les trouvons pas.” 

-> Le module “Autorisations d’urbanisme” devrait vous aider, pensez à explorer aussi les modes de recherche Avancé et Expert. Ayez toutefois à l’esprit que le contenu des permis de construire n’est consultable qu’en salle de lecture. 

Et parfois, en effet, les documents recherchés ne sont pas dans la base de données parce qu’ils ne sont pas encore traités, pas encore versés, pas encore décrits, non accessibles, ont dépassé leur durée limite de conservation et ont été éliminés, ou tout simplement parce qu’ils n’existent pas.  

N’hésitez pas à nous contacter ou même à venir en salle de lecture, du lundi au vendredi de 9h à 13h, nous nous ferons un plaisir de vous accompagner dans votre recherche. 

Toulouse. Octobre 1949. Agent de police assis sur un muret. Négatif N&B, 6 × 4,5 cm. Mairie de Toulouse, Archives municipales, 30Fi175 (détail).

Voyage au bout de l’ennui


juin 2024

 

À observer le visage de l’agent de police nonchalamment assis sur le petit muret devant nous, la nuit semble bien longue… même si les képis, bâtons et panneaux réfléchissants apportent quelques touches de lumière dans cette rue bien sombre. Pour le voyage, deux destinations s’offrent à nous : Agen ou Albi, mais finalement peu importe où nous irons tant que la route est belle et riche de rencontres.

D’ailleurs, flâner au gré des occasions qui se présentent peut nous offrir de belles découvertes... c’est aussi vrai pour notre base de données : avez-vous déjà essayé de découvrir nos images numérisées en utilisant l’éphéméride ou les sélections thématiques proposées ? De vous familiariser avec notre collection d’ouvrages anciens en parcourant la page dédiée à la réserve ? De compléter votre histoire familiale en farfouillant dans nos ressources généalogiques ?

Si vous ne l’avez pas encore fait, je vous invite à le tenter : on ne sait jamais, sur un malentendu, vous y trouverez peut-être ce que vous ne cherchiez pas mais qui vous manquait tout de même…alors bon voyage !

Plateau du jeu des oies du Capitole - Mairie de Toulouse, Archives municipales, non coté.

Les oies du Capitole


mai 2024
Et si, pour terminer la lecture de votre lettre d’information préférée, vous vous laissiez tenter par un petit jeu ? Celui que je vous propose ne nécessite ni ballon rond ni pelouse, mais plutôt deux dés et un pion par joueur. Il se joue à plusieurs car c’est bien plus amusant. Bien que son nom puisse évoquer la Ville Éternelle, il est fondamentalement toulousain et les 48 cases de son plateau sont toutes illustrées par des documents conservés aux Archives de Toulouse. Son objectif est simple : atteindre en premier la place du Capitole, au terme d’un parcours dans la Ville Rose semé d’embûches, où se côtoient des oies, des personnages connus et des endroits insolites. Et pour corser un peu le tout, des questions bonus peuvent vous être posées sur certaines cases : en cas de bonne réponse, vous gagnez le droit de relancer les dés. Alors, prêts à vous lancer ?
 
► Règles du jeu ► Plateau de jeu ► Questions Bonus (et leurs réponses) ► Version « interactive »
Angoulême (Charentes). 1968. Un rédacteur au travail. Jean-Paul Escalettes – Mairie de Toulouse, Archives municipales, 42Fi3602.

Histoire du soir


avril 2024

Il était une fois un homme qui vivait dans le grenier d’une toute petite maison au milieu de piles de vieux papiers qu’il triait le soir, à la lueur de la bougie, ses petites lunettes rondes au bout de son nez. La journée, il explorait des souterrains en quête d’idées. Il rêvait de devenir un grand personnage, de ceux dont l’Histoire se souvient et il cherchait dans les sous-sols humides des traces d’un passé encore inconnu qui lui permettraient de devenir célèbre et riche.

Un jour qu’il errait avec sa lampe frontale dans un lieu qu’il n’avait pas encore exploré, il poussa une porte et se retrouva dans une pièce accueillante où l’éclairage le guidait vers un fauteuil confortable. S’approchant, il découvrit un bureau et un ordinateur dont l’écran affichait la page d’accueil de la base de données des Archives municipales de Toulouse. Intrigué, il posa sa frontale, son sac, et s’installa. Rapidement il naviguait entre les fonds anciens et contemporains, surfant sur les notices d’ouvrages, téléchargeant des photographies. Lorsqu’il découvrit UrbanHist, son enthousiasme approcha le délire euphorique. Il avait trouvé le graal, un gisement de matière brute qu’il ne lui restait qu’à interpréter pour en faire des kilomètres d’histoires. Il allait devenir écrivain et il puiserait dans les fonds l’inspiration qui lui faisait tant défaut.

En voyant les photos de la construction de l’école de son enfance il pensait déjà à des contes avec des personnages terribles. A moins qu’il ne les utilise pour ses polars, qu’il enrichirait certainement avec Meurtres à la carte. Mais pour ne pas se restreindre à un public trop sanguinaire il élargirait aux histoires à dormir debout, il trouverait bien un fantôme ou deux pour alléguer ses dires. En cas d’insuccès, il savait que la grande Histoire lui assurerait un fonds de commerce non négligeable et qu’il pourrait ensuite s’endormir avec des histoires de gros sous. Voire de très gros sous. Chassée au galop, l’histoire naturelle reviendrait sur le devant de la scène et, sous une clameur unanime, il s’en irait se reposer sur une péniche du canal où le bercement des clapotis lui permettrait d’alimenter ses histoires d’eau. Ces pensées lui faisaient tourner la tête, il se sentait ivre tel un bateau pris dans un maelstrom de données. Son avenir était assuré, il quitterait son grenier dès le lendemain et viendrait nous rendre visite en salle de lecture après la réouverture, à partir du 27 mai 2024. 

Bain de mer en famille. Début du 20e siècle. Négatif N&B sur verre, 9 × 12 cm. Raoul Berthelé - Mairie de Toulouse, Archives municipales, 49Fi1579 (détail).

Grenouiller


mars 2024
Verbe intransitif. Familier. Se baigner, barboter dans l’eau.

C’est un peu ce que me donne envie de faire de faire le thème de ce mois-ci… : me plonger tranquillement dans les profondeurs de notre base de données, à la recherche d’une nouvelle idée, et remonter incidemment quelques trésors ensevelis du fond de la mare. Tout comme dans le grand classique de Disney, l’inégalable Merlin l’enchanteur, la grenouille se plaît à taquiner le jeune Arthur, alors transformé en petit poisson pour les besoins de la leçon du jour, voyons un peu ce que nous avons pu remonter dans nos filets, une fois les eaux redevenues calmes : une carte de visite illustrée, une photographie qui n’est pas encore numérisée, un article de presse publié dans un journal satirique réputé, et si l’on élargit encore un peu le cercle des batraciens concernés, un roman historique enflammé, à plus d’un titre semble-t-il. Une pêche miraculeuse, en somme.
Toulouse. Eldorado. Skating-concert. 150 allée de Barcelone, vers 1910. Personnages posant en patins à roulettes sur la piste de skating, vue d'ensemble. Carte postale N&B, 9 x 14 cm - Mairie de Toulouse, Archives municipales, 9Fi5331 (détail).

Une bonne occasion de faire la fête


février 2024
Pour paraphraser le slogan d'une célèbre marque automobile française à propos d'un de ses modèles phares, on pourrait dire de cette newsletter que c'est « un sacré numéro ! ». Nous n'en sommes cependant qu'à la 150e édition ; ils nous en manque encore 55 pour tenir véritablement la comparaison. Mais au rythme où vont les choses, on peut raisonnablement espérer y arriver dans cinq ans et vous compter parmi nous dans cette aventure… Alors célébrons dès maintenant les 16 ans d'existence de cette collection de petits billets mensuels (autrefois bimestriels) et réjouissons-nous d'y trouver de quoi titiller notre curiosité.

Quelles que soient vos rubriques préférées, sachez que vous pouvez accéder depuis notre site internet aux anciens articles parus dans Arcanes. Il vous suffit de remonter le fil des publications ou de tenter votre chance avec un outil de recherche (comme le raccourci clavier CTRL+F), et tous les contenus inimitables jamais publiés par une joyeuse bande d'hurluberlus adeptes des archives et du patrimoine sont désormais à votre portée : éditos, zoom sur, dans les fonds, les coulisses, dans ma rue, sous les pavés ou en ligne, tout est là. Vous n'avez plus qu'à vous lancer !

Parlant de çà (et de faire la fête), j'irai bien tester la piste de skating de l'Eldorado, en écoutant jouer l'orchestre… pas vous ? Allez, rendez-vous au 150 (un nombre décidément d'actualité) allées de Barcelone : mettez vos plus beaux atours, chaussez vos plus beaux patins, on n'attend plus que vous !
De l'usine JOB à l'Espace JOB : vidéo de présentation de témoignages. Sylvain Bourjac, Julien Rondeau et Anaëlle Guérin - Mairie de Toulouse, Archives municipales, 3Num42 [arrêt sur image à 3:27].

Good job


janvier 2024
Saviez-vous qu’au-delà des documents sur papier ou sur parchemin, sur film ou sur plaque de verre, sur calque ou sur tissu, versés par l’administration municipale ou confiés (donnés, vendus, déposés) par des particuliers, des entreprises ou des associations, nous conservons également des témoignages ? Ceux de vraies personnes, que l’on peut même voir bien vivantes, avec leurs expressions, leurs sourires, leurs souvenirs. Elles ont accepté de se raconter en se prêtant au jeu des questions d’une équipe de professionnels, pour conserver et transmettre le mieux possible leurs histoires, leurs mémoires.

Les Archives de Toulouse se sont en effet lancées dans la collecte de témoignages oraux (en 2015 avec Maurice Prin, ancien conservateur du couvent des Jacobins) puis filmés (dès 2017, avec l’agence d’architectes Atelier 13, les collaborateurs de Jean Dieuzaide et l’ancienne usine papetière JOB). Depuis, de nouvelles campagnes de collecte ont eu lieu : en 2020, sur l’ exil républicain espagnol ; en 2021, sur le quartier Marengo ; en 2022, sur l’intercommunalité toulousaine.

À chaque fois, des recherches et une préparation minutieuse ont été nécessaires afin de garantir le bon déroulement et la qualité des témoignages. Car il ne s’agit pas juste de raconter des souvenirs : si l’entretien doit être conduit avec empathie et justesse, il faut également que le témoin soit « digne de confiance », que ce qu’il dise soit pertinent et fiable, corroboré par d’autres sources documentaires. C’est ce qu’explique très bien Florence Descamps dans son ouvrage de référence L’historien, l'archiviste et le magnétophone.

Pour en revenir à JOB, nous disposons désormais de sept témoignages, très complémentaires, qui nous éclairent sur le fonctionnement de l’usine, les luttes syndicales qui ont eu lieu de 1995 à 2001, puis la création de l’Espace Job. Et si vous souhaitez en savoir plus, n’hésitez pas : c’est par ici !
Pamiers (Ariège), 18 septembre 1955. Motard portant sur sa moto une jeune fille, qui fait un signe de la main. Émile Godefroy - Mairie de Toulouse, Archives municipales, 19Fi1928 (détail).

À tantôt *


décembre 2023
Et nous voici donc arrivés à la fin de l’année : l’heure des bilans, parfois des au-revoir, et aussi des nouvelles résolutions pour le nouvel an. Un moment d’introspection peut-être délicat, souvent bienvenu, qui va ensuite nous permettre d’aller plus sereinement de l’avant (en Avent ?). C’est également, j’en ai bien peur, un moment de fatigue assez intense et d’humour au ras des pâquerettes… mais que serait votre lettre d’information préférée sans jeux de mots ni calembours ?

L’année 2023 a été bien remplie, on s’est pas ennuyé. Les Samedis des Archives ont rencontré un franc succès et l’ exposition sur André Cros a même joué les prolongations. Nous sommes devenus un lieu de tournage prisé, grâce à quoi nous avons enfin retrouvé notre tête. Une bonne chose de faite !

Mais cette fin du mois de décembre signe aussi le départ de collègues voguant vers de nouveaux horizons ( parisien, gersois ou, beaucoup plus proche de nous, métropolitain). Nous leur souhaitons bon vent et bonne continuation.

À toutes et tous, que l’année à venir vous apporte de beaux projets (de notre côté, nous n’en manquons pas) et de belles réussites. Et rendez-vous l’année prochaine ( en ligne ou en salle de lecture) pour de nouvelles aventures…

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* Pour celles et ceux qui s’interrogent sur le titre de ce billet, il s’agit là d’un clin d’œil à mon patois natal, qui se parle, comme vous l’aurez compris, très loin au nord de la Garonne.
Archives municipales. 29 juillet 2016. Extérieur du bâtiment. Stéphanie Renard - Mairie de Toulouse, Archives municipales, 4Num13/17.

Visiter les Archives


novembre 2023
Si vous rêvez de venir nous voir (ou plutôt nos magasins d’archives), de descendre dans les sous-sols et de parcourir le réservoir de Périole (en bonne compagnie bien entendu), les occasions sont, il faut bien le reconnaître, assez limitées : hormis lors des Journées européennes du patrimoine, les visites à destination du grand public sont exceptionnelles. C’est ainsi.

Il existe toutefois une alternative virtuelle, accessible depuis votre canapé (si tant est que vous puissiez de là accéder à notre base de données). Deux reportages photographiques ont en effet été réalisés en 2016, l’un consacré à notre magnifique bâtiment, l’autre à notre splendide équipe, et mis en ligne à disposition de tous. Cela ne remplace évidemment pas une déambulation réelle au milieu des rayonnages mobiles, ponctuée de grincements de manivelle et de l’odeur de vieux papiers, mais cela donne tout de même un bon aperçu de l’endroit mythique que nous occupons…

Vous aurez ainsi l’occasion d’approcher Neptune, d’observer de près des jauges de remplissage transformées en lampadaires, de vous extasier sur des tubes à section carrée (ou bien ronde), de slalomer au milieu des meubles à plans, de découvrir des grappes de sceaux et peut-être même d’entr’apercevoir un ou une archiviste au détour d’un couloir.

Alors, n’hésitez plus : attrapez votre plus belle souris et commencez la visite !
Photo de famille. Années 1920-1930. Groupe de six femmes d'âge différent (et une poupée), en studio. Négatif N&B sur verre, 13 × 18 cm. Alexandre et René Gril - Mairie de Toulouse, Archives municipales, 34Fi143 (détail).

Chercher l’intrus


octobre 2023
Quand on classe des documents d’archives, ou que l’on partage des instruments de recherche en ligne, il est souvent d’usage de regrouper certains éléments entre eux : ceux qui relèvent d’une même catégorie, ceux qui ont une thématique commune, ceux qui (pour une raison ou pour une autre) vont bien ensemble. Mais cette méthode, qui a depuis longtemps fait ses preuves, comporte une faille existentielle : que faire des « intrus », de ce qui ne rentre pas dans les cases pré-établies ? C’est là toute la beauté du processus… car, à un moment, si l’on veut être rigoureux, on est bien obligé de faire rentrer des ronds dans des carrés, de trouver des points communs au-delà des différences manifestes. Et c’est aussi cela être archiviste : se détacher du niveau le plus petit pour obtenir la vision d’ensemble, un peu comme entrevoir le motif d’un puzzle de 5 000 pièces avant de les avoir toutes placées correctement. Un défi de taille.

Dans cet état d’esprit, l’intrus devient souvent la première occurrence d’une nouvelle catégorie, le grain de sable qui vient remettre en question un plan soigneusement organisé. Il arrive aussi, de temps en temps, que l’intrus reste seul, véritablement exclu de tout regroupement. Et là, c’est un constat d’échec : il faut se rendre à l’évidence, on ne pourra pas l’intégrer discrètement. Il faudra l’affubler d’un petit nom de type « divers », le placer à la fin de notre plan de classement si réussi par ailleurs, afficher à la face du monde qu’il ne rentre dans aucune des cases que nous avons identifiées.

Et pourtant… même s’il est rassurant de maîtriser le cadre, force est de constater qu’il y a toujours une part d’ inattendu et d’imprévisible dans toute chose. Avoir la souplesse (et la sagesse) de l’accueillir au mieux est une force, qui nous ouvre à de plus grandes richesses. Le tout est de savoir les voir, un peu comme dans la vie.
La grande plage de Biarritz, 1900-1915. Pierre Henri Désiré Laffont - Mairie de Toulouse, Archives municipales, 18Fi194 (détail).

Jouer les touristes


septembre 2023
Il n’est pas certain que la visite des centres d’archives durant la période estivale suscite un engouement touristique aussi grand que celle des bords de mer, de la campagne ou de la montagne, il faut bien le reconnaître. Hormis peut-être pour les mordus de généalogie, qui choisissent leur destination en fonction de l’endroit où leur arrière-grand-papy s’est marié (« parce que, en fait, l’acte de mariage de 1895 est certes intéressant mais ce serait quand même drôlement chouette de retrouver la maison où il a vécu ») ou qui recherchent un peu de fraîcheur en période de canicule.

Pourtant, il y a de nombreuses choses à découvrir aux Archives, et même de quoi préparer son voyage : des guides touristiques, des cartes postales (écrites ou non), des récits d’aventures, des (photos de) paysages inspirants. De quoi se forger déjà quelques souvenirs… en attendant de s’y rendre en vrai.

Alors, si vous faîtes partie de ceux qui partent quand la majorité revient, ou que vous souhaitez vous dépayser à moindres frais, n’hésitez pas à nous rendre visite : sur place ou à emporter (mais en copie uniquement), et même à distance, l’insolite et l’inattendu sont à votre portée !
Copie d’écran de la page d’accès à la base de données en ligne. Mairie de Toulouse, Archives municipales, non coté.

En salle de lecture (virtuelle)


juillet-août 2023
En attendant la réouverture de notre salle de lecture « en dur » (celle qui contient des tables, des chaises et même une banque d’accueil), laissez-vous tenter par notre base de données en ligne ou salle de lecture virtuelle : vous pourrez y rechercher des documents, peut-être même les consulter sur votre écran et les télécharger, le tout depuis chez vous.

Rien ne remplace évidemment le contact humain et l’accueil personnalisé que nous nous efforçons de vous offrir quand vous venez à notre rencontre. Et pour les recherches les plus complexes, qui ne pourront attendre la réouverture en août, il vaudra peut-être mieux nous envoyer un message, de préférence circonstancié, à archives@mairie-toulouse.fr : nos équipes, toujours mobilisées malgré la période estivale et la fermeture au public, tenteront d’y répondre le mieux possible et de vous apporter les éléments qui vous sont utiles.

Il n’en reste pas moins que les ressources des Archives de Toulouse disponibles en ligne sont toujours plus nombreuses et, nous y travaillons, plus facilement accessibles. Nous espérons donc qu’elles pourront répondre, au moins en partie, à vos urgences archivistiques de ce mois de juillet.
Entre 1871 et 1877. Portrait en pied de deux fillettes habillées de la même façon, à côté d'une chèvre empaillée sur fond de décor bucolique peint. Photographie N&B collée sur carton, format du tirage : 8,8 × 5,5 cm. - PROVOST, Antonin et Joseph - Mairie de Toulouse, Archives municipales, 1Fi660 (détail).

Plus que centenaires… sans être gâtés


juin 2023
Si le temps qui passe atténue les douleurs, embellit les souvenirs ou nous rend plus sages (cela reste à prouver), il a également une fâcheuse tendance à abîmer les choses auxquelles on tient. Et les archivistes en sont souvent les témoins. C’est pour cela qu’ils s’échinent à conditionner les documents dans des matériaux adaptés, qu’ils scrutent les courbes de taux d’humidité ou de température, qu’ils surveillent les manipulations en salle de lecture, ou qu’ils s’inquiètent du nombre d’heures d’exposition à la lumière de telle ou telle gravure. Ils savent que le temps peut être un allié précieux ou un ennemi redoutable.

Et pour contrer ses effets néfastes, ils ont une arme (de moins en moins) secrète : la numérisation ! C’est ainsi que tous les ans de nombreux documents sont envoyés chez un prestataire agréé pour y être photographiés sous leur meilleur profil. À leur retour, ils sont à la fois exposés aux yeux de tous sur notre base de données, mis en vitrine virtuellement pour montrer combien ils sont beaux et intéressants, mais également soigneusement rangés sur leurs tablettes respectives, obtenant alors un repos bien mérité.

C’est ce qui vient de se produire pour les registres d’état civil de 1921. Ils sont désormais numérisés et accessibles en ligne. Nous avons même profité de l’occasion pour « relooker » la page qui leur est dédiée. N’hésitez pas à aller les admirer de (très) près : ils n’attendent plus que vous.
Intérieur d'un appartement ou d’un hôtel toulousain. 17 mars 1970. Plan rapproché de face de l'acteur/chanteur Henri Salvador, tenant entre ses mains un ananas et faisant une grimace, lors d'une interview pour la sortie du film "Et que ça saute !". Photographie N&B, négatif, 2,4 × 3,6 cm. André Cros - Mairie de Toulouse, Archives municipales, 53Fi2546.

Cinq fruits et légumes…


mai 2023
Ou pas. Si comme moi (et peut-être aussi Henri, au vu de sa grimace), l’injonction à vous sustenter de végétaux un certain nombre de fois dans votre journée vous agace, passez votre chemin. Car cette chronique vous fera croiser une pomme, des noix, une pêche, des fraises et du raisin, une poire, une cerise et, bien sûr, un ananas. De quoi faire une belle salade

Si, toutefois, une nourriture plus métaphorique vous tente, alors n’hésitez pas : venez picorer dans notre base de données en ligne et y grappiller des informations en tout genre ! Ressources généalogiques, permis de construire, délibérations du conseil municipal, procédures criminelles du XVIIIe siècle, et bien d’autres documents d’archives vous y attendent. Leur accessibilité, continuellement améliorée, est le fruit du travail de notre équipe d’archivistes. Et on espère que la récolte sera bonne…

Enfin, pour vous mettre l’eau à la bouche, nous ne pouvons résister à la tentation de vous présenter notre dernier projet : la mise à disposition de la correspondance de la Marquise de Livry et de la Présidente Dubourg (ou comment deux dames du monde échangent potins et nouvelles sous les règnes de Louis XV et de Louis XVI). Un premier niveau d’accès aux lettres, par année, est désormais possible ; un second niveau, encore plus précis, sera quant à lui développé dans les mois à venir. Affaire à suivre…