Arcanes, la lettre


Chaque mois, l'équipe des Archives s'exerce à traiter un sujet à partir de documents d'archives ou de ressources en ligne. Ainsi, des thèmes aussi variés que la mode, la chanson, le cinéma, le feu sont abordés...

BARBE


décembre 2025

DANS LES ARCANES DE


Salon d’une maison, années 1980. Gril – Mairie de Toulouse, Archives municipales, 34Fi745.

Ça te barbera


décembre 2025

“Tu ne peux pas être Channing ! Channing est mort dans un accident de cheval au Red Rocks Park il y a dix ans !
-  Ce n’était pas moi mais mon frère jumeau, Adam, qui a pris ma place lorsque mon père m’a renié.
-  Mais alors, si tu es le fils de Blake, tu es mon demi-frère et nous ne pouvons nous aimer.” 

Le tragique n’est jamais très loin dans les “soaps”, il est même au coin du couloir, dans un salon cossu, sous des lustres scintillant comme des diamants. L’histoire de Barbe d’Héliopolis n’est pas moins tragique, elle qui fut humiliée et égorgée par son propre père. D’ailleurs, le nom de l’un des feuilletons les plus célèbres de ce genre, Santa Barbara, lui rend plus ou moins volontairement hommage. Il sera donc question de barbe dans cette 170e saison d’Arcanes qui se déclinera en 6 épisodes.

Episode 1 : Clarence se souvient avec émotion de ses années de jeunesse dans sa ville natale. Elle regarde de vieilles photos couleur qui ravivent des moments heureux passés à la fête foraine, fleurant bon la barbe à papa. 
Episode 2 : Pendant ce temps, seule dans sa chambre, la jeune Mathilda scrute des portraits-carte de visite du siècle dernier où de sévères gentlemen arborent fièrement barbes et moustaches. Quels mystères y découvrira-t-elle ?  
Episode 3 : Alors que tout le monde dort, Brenda s’est installée dans son atelier où elle nettoie méthodiquement des documents d’archives à l’aide de gommes et de brosses en poil de chèvre. Dans quel but ? 
Episode 4 : Lauralyn, Emily-Lou et leurs amies sillonnent la région en collectant toutes sortes d’informations qu’elles répertorient sur la carte numérique Urban-Hist. Leur attention s’est portée récemment sur Fonbeauzard. Pour quelle raison ? 
Episode 5 : Depuis un lieu tenu secret, Mark enquête sur la disparition du roi barbu Henry, 4e du nom. Il semble que l’effigie le représentant dans la cour du Capitole en garde certains stigmates. 
Episode 6 : Pris dans leur routine quotidienne, John et Joan mènent une vie rangée, mais celle-ci est bouleversée par une publication des Archives de Toulouse. Comment vont-ils réagir ? 
Autant de questions dont vous trouverez, peut-être, la réponse dans cette saison d’Arcanes. La suite au prochain épisode... 

ZOOM SUR


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Fête foraine des Capitouls, Esplanade Compans-Caffarelli, 4 mai – 16 juin 1983. Didier Cousy (Direction de la Communication) – Mairie de Toulouse, Archives municipales, 15Fi290/22.

Barbe à Papa


décembre 2025

Ne faisons pas les choses en demi-teinte : nous ne pouvons pas vous laisser croire que la photographie d’archive se limite à une panoplie d’images en monochrome et en nuances de gris. Les documents photographiques que nous conservons sont représentatifs des évolutions majeures qu’a connues le médium au cours de son histoire. Au fil des avancées techniques, la mémoire, peu à peu, se colore. La première captation couleur dans nos fonds date de 1907, année où les plaques autochromes des frères Lumière font leur apparition. Ce procédé complexe et coûteux, reposant sur l’usage de fécule de pommes de terre pour restituer une image en polychromie, est rapidement supplanté par l’invention du Kodachrome par Eastman Kodak dans les années 1930. Si un véritable tournant s’amorce dans les années 1950, ce sont les années 1980 qui ancrent durablement la photographie dans l’ère de la couleur. Les images prennent alors des formes variées : Polaroids, négatifs et tirages couleur, diapositives… La photochromie devient enfin accessible au plus grand nombre et finit par détrôner le noir et blanc. N’oublions pas non plus les petites dernières, issues de l’avènement du numérique, elles aussi largement représentées dans nos fonds. 

Ces deux photographies m’ont tapé dans l’œil : à elles seules, ce sont de véritables bonbons visuels, empreints d’une douce nostalgie. Réalisées entre mai et juin 1983, leur esthétique singulière est emblématique de l’époque. Il n’y a pas l’ombre d’un doute, les indices sont nombreux : ambiance acidulée, palette chromatique oscillant entre teintes pastel et saturées, typographies décalées et tenues tout droit sorties d’une autre époque.  Pourtant, l’émotion que suscitent ces portraits reste, elle, intemporelle. En un clin d’œil, me voilà transportée : j’ai quitté la fête des Capitouls et l’Esplanade Compans-Caffarelli, j’ai même quitté les années 1980 (trop jeune pour les avoir connues de mes propres mirettes), et je suis revenue vingt petites années en arrière sur les allées de ma ville natale, Montauban, lors de l’évènement annuel qui ravivait à l’époque les plus jeunes, les « 400 coups ».Fête foraine des Capitouls, Esplanade Compans-Caffarelli, 4 mai – 16 juin 1983. Didier Cousy (Direction de la Communication) – Mairie de Toulouse, Archives municipales, 15Fi258/06.
Une véritable machine temporelle s'enclenche car je sens l’odeur sucrée des stands de barbe à papa et de churros, j’entends l’effervescence des attractions à sensations pour les plus grands, les manèges pour les plus petits, et je revois les couleurs vives des néons clignotants. 

On retrouve ici le combo parfait : le grain et la couleur des pellicules kodak, une once de kitch pour nous décrocher un tendre sourire et un cadrage large laissant la place à quelques petites surprises. On pourrait presque les croire extraites des collections de The Anonymous Project, ou de l’œuvre du photographe Martin Parr. Mais non, elles proviennent du fonds photographique institutionnel regroupant l’ensemble des reportages réalisés par la Direction de la Communication de la ville de Toulouse, aussi identifiable sous son petit nom archivistique (sa cote) : le 15Fi. Ce fonds est une véritable mine d’or si vous souhaitez retracer l’histoire de la ville entre 1971 et 2015, car il regroupe à lui tout seul plus de 14 598 documents déjà décrits et disponibles sur notre base de données. Planche contact, négatifs monochrome et couleur, diapositives, tirages, et images numériques, ces documents témoignent des grands moments de la vie toulousaine et de l’évolution de la physionomie de la ville.

DANS LES FONDS DE


Portrait en buste du prestidigitateur Jean Lambert dit "Pickman", spécialisé dans les spectacles d'hypnose et de télépathie, Au dos : "Peinture et photographie d'art. A. Provost. 22 rue d'Alsace-Lorraine, 22. Toulouse", années 1890. Mairie de Toulouse, Archives municipales, 1Fi9105.

Tous à poils !


décembre 2025

Au milieu du 19e siècle, de nombreux ateliers photographiques voient le jour dans Toulouse. Adolphe Trantoul crée la première maison photographique de la ville en 1848. Il va tenir son atelier au 15 rue Lafayette durant vingt-cinq ans avant de s’associer avec son fils, Amédée, qui lui succède en 1865. L’atelier propose, selon une publicité parue dans le Journal de Toulouse, le 30 novembre 1849, des « portraits photographiques colorisés ou non, sans miroitage… ». 

Tout au long des années 1850, ce sont des dizaines d’autres studios qui s’établissent, dont celui de Jacques Joseph Provost qui s’installe également rue Lafayette au numéro 23. Sa renommée perdure jusqu’au milieu du 20e siècle. A la fin du siècle, la grande mode est aux portraits au format carte de visite inventé par Eugène Disderi qui permet à la bourgeoisie de se faire tirer le portrait à un coût modique. De nombreuses personnes viennent dans ces ateliers pour avoir, à leur tour, leur portrait de poche.

Nos fonds renferment ainsi des portraits d’hommes et de femmes sous leurs plus beaux apparats. On y remarque des hommes portant une barbe ou une moustache à la mode du 19e siècle. Symboles d’une certaine virilité, la barbe ou la moustache sont des marqueurs sociaux importants. Ce sont plutôt les hommes occupant des postes importants qui les portent. Par exemple, il est interdit aux hommes travaillant dans les métiers du service ou aux domestiques de la porter, c’est pour cela qu’ils sont surnommés des « garçons ». Néanmoins, la pilosité faciale doit être entretenue pour montrer que l’on dompte son « animalité ». Les barbes sont sculptées, et prennent diverses formes. Ainsi l'on peut opter pour :
collier de barbe,
barbe à l’impériale,
barbe à la Souvarov,
et bien d'autres encore.

Ce mois-ci le thème des publications de notre page Facebook est « pilosité » : vous pourrez y retrouver plusieurs photos de ces variétés de barbes et de moustaches ainsi que les belles coiffures des femmes de cette époque. 

LES COULISSES


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Brosse. Stéphanie Renard - Mairie de Toulouse, Archives municipales, 4Num_nc.

Pour redonner vie aux archives, il faut parfois… une brosse au poil !


décembre 2025
Pour redonner vie aux archives, il faut parfois… une brosse au poil ! 
Avant de réparer une déchirure ou de combler une lacune, il existe une intervention essentielle : le gommage. Gommage. Stéphanie Renard - Mairie de Toulouse, Archives municipales, 4Num_nc
Contrairement au simple dépoussiérage, qui se fait avec des chiffons ou à l’aspirateur avec des embouts en forme de brosse pour retirer la poussière, le gommage est un nettoyage en profondeur. Il prépare le document avant toute autre action de restauration.
Comment ça marche ? 
Pour cette opération délicate, plusieurs outils sont utilisés : 
    • Des gommes spécialisées : en poudre, en masse ou en latex, elles permettent d’extraire les saletés incrustées dans les fibres du papier ou du parchemin. 
    • Des brosses douces en poils de chèvre (voir photo ci-contre) : fabriquées en Chine, elles sont idéales pour retirer les résidus de gomme sans abîmer les documents fragilisés par le temps. Brossage. Stéphanie Renard - Mairie de Toulouse, Archives municipales, 4Num_nc
 
Et après ? 
 
Une fois le gommage terminé, d’autres étapes suivent : réparation des déchirures, comblement des lacunes… Tout est mis en œuvre pour que les archives puissent être consultées en toute sécurité, sans risque pour leur conservation.

DANS MA RUE


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Oratoire de Fonbeauzard. Voyagée en 1921. Carte postale Labouche frères éditeurs. Mairie de Toulouse, Archives municipales, 9Fi4868.

Oh la barbe !


décembre 2025

… (ou « Flemme ! » si la scène se passe en 2025) s’est ainsi exclamé votre petit neveu lorsque vous lui avez proposé de passer un moment convivial à surfer ensemble sur le site Internet cartographique et patrimonial UrbanHist+.

Ce qu’il ne sait pas pourtant, c’est que le site s’est enrichi des informations recueillies lors de l’enquête d’inventaire qui a eu lieu en 2024 sur Fonbeauzard : les notices sur le château, les fermes, les maisons ou la partie de la rivière de l’Hers qui traverse la commune sont désormais accessibles d’un clic en suivant ce lien. En téléchargeant le rapport de diagnostic patrimonial, disponible à la fin des images de la notice de présentation de la commune, vous en saurez plus sur cet ancien village, formé sur la base d’une seigneurie et de ses métairies. À l’origine son territoire était principalement occupé par des bois, puis par des parcelles de vignes, elles-mêmes remplacées par des terrains maraîchers et plus tard par des lotissements. Placé en son centre, le parc du château constitue aujourd’hui le poumon vert de Fonbeauzard.  
Quelle barbe ? 

SOUS LES PAVÉS


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Statue d’Henri IV dans la cour du Capitole, 30 octobre 2024, photographie Marc Comelongue, Direction du Patrimoine de Toulouse Métropole.

Fausse barbe


décembre 2025
Quand on admire la statue du roi Henri IV qui orne la cour centrale du Capitole, l’hôtel de ville toulousain, on peut s’interroger sur sa présence. Installée là en 1607, elle aurait dû être détruite à la Révolution, comme toutes les autres effigies royales. D’autant plus que les historiens nous apprennent qu’elle a bien disparu à cette époque pour être remplacée par une sculpture représentant la Liberté.
Disparue certes, mais pas détruite. Reléguée on ne sait où, on décida de la remettre à sa place en 1808. On n’avait donc pas osé se débarrasser définitivement du « Bon Roi Henri ».
Pas détruite certes, mais peut-être pas si bien conservée que ça. En effet, avant de pouvoir l’exposer à nouveau, la municipalité fut obligée de faire appel à un sculpteur de renom, François Lucas, pour la restaurer.
Pourquoi ? Pour masquer quelques ébréchures occasionnées accidentellement lors de sa dépose ? Ou pour réparer des dégâts beaucoup plus importants, peut-être volontaires d’ailleurs, comme une mutilation de la face ? Cette question s’est posée en 1926 quand on a eu l’idée, un peu risquée, de faire nettoyer la statue par les pompiers à grand coup de jets d’eau. L’opération s’arrêta immédiatement car la figure du roi, dit-on, commença à fondre ! Les journaux rapportèrent alors que cette tête n’était pas l’originale, mais une copie en plâtre.
Nous avons eu l’occasion d’approcher cette statue récemment comme le montre la photographie que nous présentons. Pas vraiment de visage fondu, mais néanmoins un bout de nez disparu. Peut-être le stigmate de la douche de 1926 ? Une étude technique de ce monument qui permettrait de démêler l’authentique du rafistolage, et enfin élucider cette rumeur de fausse barbe, serait assurément passionnante.

EN LIGNE


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Un homme et une femme - photographiés de trois-quarts, assis à leurs bureaux sur lesquels sont posés des dossiers, tampon encreur et machine à écrire, 1936, Marius Bergé - Mairie de Toulouse, Archives municipales, 85Fi1921.

Barbaaant...


décembre 2025

Le jour s’est levé, non pas sur une étrange idée, mais comme il l’a fait la veille. Et comme il le fera demain, encore et encore exactement de la même manière. Voici Madame Dupond et Monsieur Dupont. Ils arrivent au bureau, ils posent leur sac et c’est le début du spectacle. Déjà, les premiers bruits reprennent comme une partition immuable : les tics… puis les tacs… de l’horloge fidèle comme un métronome, le radiateur qui peine à se mettre en marche, la photocopieuse qui soupire sous les documents comme si elle rejouait une scène qu’elle connaît trop bien. Il en est de même pour les touches du clavier qui chantent sous la pression des doigts des chefs d’orchestre qui dirigent cette symphonie. Cette petite ritournelle que personne n’écoute vraiment jusqu’au moment où Madame Dupond et Monsieur Dupont s’ennuient suffisamment pour tendre l’oreille.

Et puis un beau jour (ou peut-être une nuit ?), ils sortent leur cellulaire respectif pour, machinalement, aller sur les réseaux sociaux entre deux tâches à faire. Et là, ils tombent tous les deux sur une publication. Ils découvrent Toulouse en noir et blanc sous un épais manteau de neige. Une photographie ancienne, une rue qui vous semble familière, mais pas tout à fait… Comme si c’était une scène d’un autre siècle ! En description, ils apprennent une anecdote, un détail incongru. Intrigués, ils regardent qui est l’auteur de ce post. “Mais oui !  Sapristi !” s’exclame Madame Dupond “Ça ne peut être qu’eux ! Les Archives municipales de Toulouse !”. Ils défilent les publications sur leur profil et ils font connaissance avec ces illustres Toulousains comme Mady Mesplé, ils apprennent ce qu’était un sac à procès, et ils apprécient les photos témoins d’un Toulouse d’autrefois. Peu à peu, la boucle se déforme, le temps cesse de tourner en rond… L’ennuie se mue en envie, et le temps… Il avance, il reprend son court comme une barbe qu’on laisse s’étoffer, je dirais même plus une barbe qu’on laisse fièrement pousser ! (Du moins pour Monsieur Dupont).

Dans cette journée qui recommençait, encore, les Archives ont introduit quelque chose : une surprise. Alors à chaque fois que la journée devient barbante, faites comme Madame Dupond et Monsieur Dupont : n’hésitez pas à consulter nos réseaux. Et si la curiosité vous en dit, la culture n’a pas de limite numérique. Vous pouvez soit consulter une sélection d’ouvrages en ligne dans notre bibliothèque numérique, soit vous promener dans UrbanHist et découvrir Toulouse autrement.