Le Couvent des Jacobins
la renaissance d'un chef d'œuvre de l'art gothique méridional
Lettre de Prosper Mérimée à Ludovic Vitet
21 août 1845
Une inexorable détérioration tout le long du 19e siècle
En effet, depuis 1812, le couvent des Jacobins est réquisitionnée pour servir de caserne d'artillerie sur ordre de l'Empereur. La grande nef de l'église est divisée par des planchers : le rez-de-chaussée fait office d'écurie, au 1er étage se trouvent le dortoir et au 2e étage un grenier, où est stocké l'avoine pour les chevaux.
Le sort du couvent n'est pas plus brillant, si ce n'est pire : les galeries du cloître sont en parties détruites, le réfectoire sert de manège pour les chevaux, la chapelle Saint-Antonin est quant à elle transformée en infirmerie vétérinaire. Le vandalisme se poursuit : en 1841, les chapelles latérales et les réseaux de pierre des ouvertures sont détruits.
Il faut attendre 1865 pour que les militaires quittent le couvent. La Ville récupère alors son bien. L'église est rendue au culte en 1873 et le reste des bâtiments accueille les élèves du lycée Fermat.
Une longue entreprise de restauration au 20e siècle
Les premiers grands travaux d'urgence ont lieu au début du 20e siècle sous l'égide du service des Monuments historiques, en particulier la réfection de la charpente et des toitures.
Interrompue par la Grande Guerre, la restauration de l'ensemble conventuel reprend et connaît un essor formidable grâce à l'architecte en chef des Monuments Historiques Sylvain Stym-Popper : des vitraux sont réinstallées entre 1951 et 1964 sur les baies qui étaient encore bouchées, œuvres de l'artiste Max Ingrand, les galeries disparues du cloître sont également remontées, grâce à la récupération d'éléments dispersés dans toute la région. Les chapelles sont réédifiées et en 1974, le portail latéral sud est reconstitué et débarrassé de la construction qui bouchait la perspective du massif occidental.
Enfin, de nouveaux travaux de restauration sont menés entre 2011 et 2015.
Un haut lieu de l'architecture gothique qui a retrouvé tout son lustre
Débutée en 1230 par Dominique de Guzman, créateur de l'ordre des Dominicains, la construction du couvent des Jacobins s'est poursuivie jusqu'au milieu du 14e siècle.
Son église présente la particularité d'une double nef et abrite en son chœur une colonne concentrant la retombée de vingt-deux ogives, réseau lui donnant l'apparence d'un palmier, joyau architectural unique en Europe.
Sans oublier le cloître et ses chapiteaux sculptés, le clocher et sa superposition d'arcs en mitre ou encore les peintures murales du 14e siècle de la chapelle Saint-Antonin, chefs-d'œuvre de l'art gothique méridional.
Maurice Prin
Passionné d'histoire et d'archéologie, gardien puis conservateur des Jacobins, Maurice Prin a veillé pendant plus de 50 ans sur le couvent, étudiant, relevant, notant dans ses moindres détails cette architecture qu'il aima tant.
Les Archives municipales, grâce à Laura Bello, mandatée par le Couvent des Jacobins, ont recueilli les témoignages de Maurice Prin sur la restauration du couvent des Jacobins. 14 reportages audio de 45 min chacun ont ainsi été réalisés, retraçant 50 ans d'étude et de restauration de l'ensemble conventuel des Jacobins, que vous pouvez écouter en suivant ce lien.
Les Jacobins, 24 mars 1974
vidéo ina
Reportage au sujet de l'ensemble conventuel des Jacobins à l'issue de sa restauration. Commentaire ou musique de Jean Christian Michel sur images du cloître et de l'église, sur photos d'archives, alternent avec une interview in et off de Maurice PRIN, l'un des restaurateurs, qui nous explique sa fascination pour les Jacobins depuis l'âge de quinze ans. Il nous propose une visite puis nous entraîne avec lui sur les lieux de ses recherches de colonnes et de chapiteaux pour le cloître dans la campagne Toulousaine : au château de Maurens-Scopons, au château de Montredon, à Fourquevaux.
Émission : Echos et reflets, Office national de radiodiffusion télévision française, réalisée par Jacques Toulza.