Les transports en commun
L'histoire des transports en commun à Toulouse naît dans le contexte de la deuxième moitié du XIXème siècle, le temps de la révolution industrielle et des grandes innovations.
L'arrivée du chemin de fer à Toulouse en 1856, venant de Bordeaux, et le prolongement de la ligne vers Sète l'année suivante, confère à la ville une vocation nouvelle et importante, de carrefour d'échanges stratégiques. Son organisation interne est perturbée et on constate alors qu'il faut relier le centre ville et la gare par une infrastructure de transports qui puisse acheminer voyageurs et marchandises.
Le 25 novembre 1862 marque la naissance officielle d'un réseau de transports en commun pour la ville : Patras de Compaigno, maire de Toulouse, et Eugène Pons, fondateur de la société de transports en commun, apposent leur signature au bas de la convention concédant « … le droit exclusif de faire circuler dans Toulouse les voitures destinées au transport des voyageurs, dites omnibus, (…) et de les faire stationner sur la voie publique… ». S'en suit le début de l'exploitation le 9 avril 1863 sous le nom de « Service Général des omnibus ».
Les cartes du réseau sur Urban-Hist
Le découpage de l'histoire des transports en commun que nous vous proposons est induit par les seules avancées technologiques. Ainsi, entre le début de la création d'un réseau de transport et la fin de l'exploitation du tramway électrique, soit entre 1863 et 1957, nous avons isolé trois périodes. Il s'agit d'évolutions technologiques importantes dans le mode de déplacement et d'exploitation du réseau, ainsi :
- la première période est caractérisée par l'utilisation des engins hippomobiles : les omnibus à impériale et les tramways Ripert.
- la deuxième signale l'apparition du rail (1887). Les véhicules destinés au transport sont toujours hippomobiles et circulent maintenant sur des rails.
- la troisième est caractérisée par l'électrification du réseau. Le tramway électrique entre en service en 1906 et disparaît en 1957.
Les cartes thématiques présentes sur Urban-Hist doivent être vues comme des photographies de l'état du réseau à l'instant considéré. Ainsi, ces cartes proposent un État des lieux en 1886, avant le passage au tramway hippomobile sur rail, en 1905, avant l'électrification du réseau, et en 1934, à l'apogée du réseau électrique.
Le temps des Omnibus
De 1863 à 1882, « l'omnibus à impériale » est le seul véhicule assurant les transports en commun à Toulouse. En 1881, dernière année d'exploitation avec les seuls omnibus à impériale, la compagnie transporte 3103274 voyageurs, le double par rapport à 1865. Le réseau dessert tous les grands itinéraires de l'époque. Les boulevards Haussmann sont percés dans les années 1870, et les lignes ne les emprunteront qu'à partir de 1880 avec une autorisation municipale. Le 11 avril 1914, le dernier omnibus qui assurait la liaison avec Blagnac était en service depuis 49 ans.
Avec l'apparition des premiers tramways « Ripert » en 1882, les omnibus sont relégués aux transports en banlieue et aux barrières de la ville. Ce réseau extra-urbain comprenait une douzaine de lignes qui rejoignaient les principales localités voisines telles Blagnac, Castanet, Lardenne ou Pinsaguel.
Les tramways Ripert ne sont pas exactement des tramways puisqu'ils ne roulent pas encore sur rails. Il s'agit d'un véhicule hippomobile, mieux adapté à la montée et à la descente fréquente des usagers.
La mort d'Eugène Pons le 10 février 1871 entraîne la succession de son fils Firmin Pons à la tête de la société. Il va s'engager dans une démarche de rénovation et d'amélioration constante du réseau.
Le traité d'utilité publique du 5 février 1887 entérine l'idée d'une amélioration du réseau en concédant la mise en place et l'exploitation d'un réseau ferré urbain, sur lequel circuleront des tramways hippomobiles. On constate, à partir des exemples de Paris ou Marseille vieux de 10 ans, que la circulation sur rail est idéale pour résoudre les problèmes liés au carrossage de la route et améliorer les conditions de déplacements.
Toulouse. La passerelle du Jardin des Plantes. Avant 1904. Tramway hippomobile. Vue d'ensemble. Archives municipales de Toulouse, 9 fi 5950.
Le tramway Hippomobile
Le 31 juillet 1887 est la journée d'inauguration officielle du tramway hippomobile sur rail. Durant cette année de transition et d'innovation, les transports en commun toulousains ont acheminé 8 858 171 voyageurs.
L'omnibus à impériale disparaît du cadre urbain pour renforcer le service des banlieues et des barrières. On observe une relative homogénéité de l'offre en matière de transport sur l'espace urbain : les lignes de tramways hippomobiles traversent les grands axes (boulevards, rue d'Alsace et rue de Metz), reléguant les tramways Ripert sur les axes secondaires (rue Saint-Rome, rue Pargaminières).
Durant cette période précédant l'électrification du réseau, il n'y a que très peu de modifications. Les huit lignes de tramway hippomobile établies par le traité de 1887 sont mises en service et on se prépare au passage au tramway électrique. En 1891, lors d'une exposition internationale sur le Ramier du Bazacle, une ligne de tramway électrique de démonstration est mise en place entre le terminus de la ligne A (Amidonniers) et l'extrémité du Ramier, pour la durée de l'exposition ; elle mesure 565 m de long.
En 1902, le traité de rétrocession du réseau de lignes électriques est signé entre le Maire Honoré Serres et Firmin Pons. Pour couvrir l'investissement énorme que représente le passage du réseau à l'électrique, la compagnie Services Général des Omnibus doit changer de statut juridique et devient donc la Société Anonyme des Tramways et Omnibus F.Pons.
Le tramway électrique
Le passage au réseau électrique signifie non seulement que les lignes sont électrifiées mais que les tramways hippomobiles doivent être remplacés par des motrices mécaniques.
Le 7 mai 1906 trois lignes électriques sont mises en service sur les lignes A, F et I des lignes de tramways hippomobiles. On leur rajoute la lettre « E » pour signifier que les lignes sont électrifiées ; ainsi la ligne A devient AE.
L'électrification du réseau se poursuit jusqu'en 1913 et connaît un coup d'arrêt avec la guerre. En 1913, le réseau a transporté 2 7947 408 voyageurs.
Le 17 septembre 1920 Firmin Pons décède, laissant derrière lui un vaste « empire » qu'il aura dirigé pendant prés d'un demi siècle. En 1921, la compagnie des tramways Firmin Pons devient la Société de Transports en Commun de la Région Toulousaine (STCRT). La succession semble difficile d'autant que la conjoncture d'après guerre et l'inflation qui s'en suit rendent la rénovation et la mise en État du réseau aléatoires. En 1926, la société est reprise in extremis par un groupe qui gère déjà les réseaux parisiens et niçois.
Forts de l'expérience acquise à Paris et à Nice, les nouveaux dirigeants vont se remobiliser sur l'entretien du réseau. Les anciens projets de voies sont systématiquement abandonnés et c'est en 1926 que circule le premier autobus de Toulouse entre la place du Capitole et la Juncasse. On n'imagine pas encore à l'époque que le bus puisse un jour remplacer le tramway, et c'est à partir de 1927 que débutent les grands travaux de rénovation complète des voies sous l'impulsion du nouveau directeur général Léon Planchot.
Les grands travaux vont se poursuivre jusqu'en 1935 et on assiste à partir de cette date au déclin du tramway et donc de son remplacement par des bus. La ligne 62 est la première à abandonner le tramway pour le bus en 1935. Le réseau urbain est épargné un temps puisque les voies sont rénovées.
Le deuxième conflit mondial provoque une surexploitation du réseau de tramway à cause de la raréfaction du carburant automobile. En fait la guerre a retardé le processus de disparition du tramway. En 1946, le réseau transporte 77 millions de voyageurs.
On assiste entre 1949 et 1957 à la suppression progressive des lignes de tramways au profit des autobus. Le dernier tramway effectue son dernier jour de service sur la ligne 1 entre Pont-Jumeaux et Saint-Michel le 7 juillet 1957.