Arcanes, la lettre
Chaque mois, l'équipe des Archives s'exerce à traiter un sujet à partir de documents d'archives ou de ressources en ligne. Ainsi, des thèmes aussi variés que la mode, la chanson, le cinéma, le feu sont abordés...
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Comme vous avez pu le constater depuis plusieurs semaines, notre base de données en ligne n’est plus accessible sur internet. L’erreur 503 (ou 504, au choix) est devenue son unique réponse. Bref, on tourne en rond.
À la décharge de notre précieux outil, il s’avère qu’il fait l’objet au quotidien de multiples requêtes simultanées qui saturent le moteur de recherche et nous peinons, pour l’instant, à pallier cette sur-sollicitation. Pour autant, nous sommes tous mobilisés pour trouver une solution pérenne qui stabilisera la base et rétablira un fonctionnement optimal et fluide.
En attendant que vous puissiez à nouveau explorer nos ressources depuis chez vous, sachez que la version intranet de notre base de données est, elle, toujours accessible en salle de lecture. N’hésitez pas à venir la consulter sur place : ce sera l’occasion d’échanger en vrai avec les archivistes qui la font vivre (et de délaisser les 0 et les 1 du langage informatique). Par ailleurs, vous pourrez, en bonus, bénéficier de conseils et d’un accompagnement personnalisé dans vos recherches.
Et cette rencontre permettra non seulement de discuter de vos pratiques en ligne mais aussi de partager vos attentes (dans la mesure de nos possibilités techniques) concernant l’utilisation de cet outil, d’habitude plutôt utile !
Le réveil vient de sonner. Tout en émergeant, vous traînez les pieds jusqu’à la cuisine. Le temps que le café coule, vous regardez par la fenêtre le temps qu’il fait. Alors que le soleil de septembre se lève, dorant les façades des bâtiments au même rythme que le grille-pain colore les tartines, les Archives vous invitent à imaginer. Là où autrefois les champs s’étendaient, et que le blé se dressait, là où aujourd’hui s’élèvent les barres d’immeubles sur le bitume. Ces terres étaient le ventre de Toulouse. Elles auraient pu vous donner le pain que vous vous empressez de sauver juste à temps avant qu’il ne brûle, et le beurre tout juste sorti du frigo qui attend d’être étalé. Mais nourrir la ville pouvait aussi nourrir les litiges. Vous l’auriez compris : dans le Toulouse des métairies de l’Ancien Régime, qui sème le trouble récolte les conflits.
En consultant la couche « Champs troubles » d’Urban-Hist, suivez les contentieux tirés des archives judiciaires, comme on trace les empreintes de pas dans un champ boueux. Peut-être qu’elles vous mèneront à un agriculteur un peu trop buté, à des vols de volailles, à un chasseur qui confond gibier et bête de ferme, ou à boire un vin aussi troublant que troublé. Tout est renseigné par le greffier : on y compte autant les bottes de foin que les coups de bâtons assénés. Des affaires somme toute modestes, auxquelles les capitouls ont été amenés à réfléchir. Entre passion et jalousie, où souvent la faim justifie les moyens, comme celle qui vous a poussé à vous faire une dernière tartine « pour la route ».
Lorsque vous fermerez votre porte à clef pour partir au travail, sur le chemin sortez votre téléphone. Tout en attendant le bus ou le métro, revivez les faits divers d’un temps passé en cherchant du bout de vos doigts encore péguant de la confiture que vous avez mangée ce matin.
L’été est bien arrivé, et ressort de ses valises les fortes chaleurs qui ralentissent autant les corps que les esprits. Dans cette situation, notre réflexion parfois ne vole pas bien haut… Ça tombe bien, on va continuer à ce niveau. C’est la tête dans les pétales que, ce mois-ci, les Archives vous invitent à flâner.
Il est midi passé. Le soleil impitoyable fait fuir les vitrines du centre-ville, et la motivation. Une cycliste ralentit sous l’ombre d’un tilleul. Une touriste se cale sur un banc du square Charles de Gaulle. Un chat noir se prélasse entre deux pots de géraniums dans une petite ruelle. Et vous ? La canicule a tout tari : les nappes phréatiques, comme les conversations. Toulouse cuit sous le ciel bleu, sans nuages à l’horizon. Un thermomètre voit rouge, il hésite entre 37 et 38 degrés. Vous tournez à droite, tout droit, puis encore à droite. Une grille, un grincement, et soudain… Un jardin. Un vrai. Pas immense, pas spectaculaire, mais vert, feuillu, rafraichissant. On entend le bruissement discret d’un jet d’eau, les pas trainants d’un retraité qui roumègue en traversant en diagonale. Il ne le sait sûrement pas, mais autrefois, ce jardin-là était un potager, ou un jardin d’agrément, ou tout simplement un jardin public.
Avec Urban Hist, vous pouvez déambuler d’un siècle à l’autre, d’un jardin à une annotation marginale. Et, pour accompagner ces refuges verdoyants, il y a les fontaines. Qu’elles soient ornementales, utilitaires, ou fournissant de l’eau potable, il y en a plus de 380 sur le territoire toulousain. De quoi rafraîchir ses poignets et ses pensées. Et parfois, pour battre le pavé, on passe d’un abri à un autre. Du voile d’ombrage de la place du Capitole au ruban suspendu rue d’Alsace-Lorraine. On se faufile d’une ombre à une autre, d’un souffle d’air à un semblant de fraîcheur. Le rat des villes doit se contenter d’un carré d’ombre et d’un brumisateur, quand les cousins des champs, eux, plongent dans les rivières, et se baladent en forêt.
Alors, que vous ayez le moral en berne ou l’esprit en ébullition, laissez-vous guider vers l’ombre ou par le frais. Un clic, une promenade, une anecdote historique. C’est parfois tout ce qu’il faut pour retrouver ses esprits, ou à défaut un peu d’air…
Après être passée sous les pavés, ce mois-ci l’histoire est sous l’eau. En 1875, Toulouse connaissait l’une des crues les plus dévastatrices de son histoire. Cent cinquante ans plus tard, nous avions rêvé d’une couche cartographique dans UrbanHist, pour visualiser l’emprise de la crue, l’ampleur des débordements de la Garonne… ce n’est que partie remise.
Alors non, pas (encore) de carte immersive montrant les pieds dans l’eau du quartier Saint-Cyprien. Mais tout n’est pas tombé à l’eau : les Archives ont conçu un index spécial Inondation, pour vous aider à retrouver tous ce que nous avons à vous offrir : des documents, des images, des témoignages, des plans, et même des rapports conservés dans nos bas-fonds. C’est un peu moins visuel, certes, mais tout aussi désaltérant intellectuellement parlant. Vous y trouverez de quoi reconstituer, archive par archive, l’événement… et peut-être même quelques surprises viendront flotter de nos boîtes. La couche SIG viendra, promis. Mais en attendant, naviguez dans ce fleuve documentaire dont découlent une exposition et des ateliers. L’eau est montée, et remontera peut-être mais les Archives tiendront toujours bon !
Toulouse est importante et mystérieuse. Il y a la ville que l’on connaît, et celle qui reste cachée. Celle que l’on traverse sans y prêter attention, et celle qui ne se révèle qu’à ceux qui osent sortir hors des sentiers battus. Le printemps se montre enfin, alors il est l’heure de mettre ses chaussures et d’aller dehors !
Avec UrbanHist, franchissez cette frontière. Derrière les façades de briques roses se cachent des histoires hors du commun : une ancienne échoppe sous les arcades du Capitole, les vestiges de remparts oubliés, un jardin secrètement caché que seule une porte entrouverte laisse deviner. Mais l’Histoire ne s’arrête pas aux limites du centre-ville. Hors du cœur de Toulouse, les faubourgs portent encore les vestiges et la mémoire des transformations industrielles, alors que les anciens ports de la Garonne rappellent les gabarres et le commerce du pastel, or bleu qui localement a permis de développer une économie florissante.
Pour passer du dedans au dehors, du connu à l’inexploré, il n’y a qu’un simple pas... du bout des doigts. Ce printemps, ouvrez les yeux, et arpentez Toulouse téléphone en main pour découvrir ce que la ville a à vous offrir. Ce qui est hors-champ n’en est pas moins intéressant. Surtout quand du nouveau contenu est à prévoir sur UrbanHist ! Alors, ne restez pas hors-ligne trop longtemps…
« J’aimerais aller jusqu'à supposer que cet anonyme, qui a écrit tant de poèmes sans les signer, était souvent une femme. »
Cette citation de Virginia Woolf dans Une chambre à soi (1929) résonne en moi de façon particulière. Chargée du traitement d’archives figurées, je constate que la majorité des photographes représentés sont des hommes. Mais quel(s) rôle(s) ont joué(s) les femmes de leur entourage dans la production et la constitution de leurs œuvres et de leurs fonds ? De même, qui se cache derrière la masse de clichés qui nous sont parvenus de manière anonyme ? Pour prendre l’exemple du photographe toulousain, Louis Albinet, nous savons qu’à sa mort prématurée en 1938, c’est Juliette Albinet (1892-1979), sa femme, qui reprend l’important studio de la rue des Filatiers. Quelle fonction y assurait-elle au juste ? Était-elle aussi photographe ?
Anonymes pour beaucoup, certaines femmes ont également joué un rôle essentiel dans la préservation, et dans l’entrée aux Archives, de certains fonds privés. Ainsi de Béatrix Berthelé-Faucher, sœur de Raoul Berthelé lequel – mobilisé en 1914 à l’âge de 28 ans –, a photographié entre 1915 et 1918 le quotidien des soldats sur l’arrière-front de la Grande Guerre. Quelque 2 500 clichés qui ont été conservés grâce à l’action de Béatrix, à l’origine du don à la Ville de ce riche ensemble documentaire.
En tant que productrices d’archives, les femmes sont également encore sous-représentées, et les sources sur l’histoire des femmes, encore partielles. Une problématique à laquelle entendait répondre la Grande Collecte initiée en 2018 par le Service interministériel des Archives de France (SIAF), et entièrement dédiée aux femmes : politiques, intellectuelles, scientifiques, militantes, artistes, au travail, dans leur quotidien et anonymes. Dans nos fonds d’archives privées figurent ainsi, parmi les productrices, plusieurs militantes féministes dont l’écrivaine et philosophe Monique-Lise Cohen (1944-2020) mais aussi la compositrice toulousaine Marguerite Canal (1890-1978) ou encore la marquise de Livry, dont 30 années de correspondance (1763-1792) avec son amie d’enfance, la présidente Dubourg, sont disponibles sur notre site.
Au sein de notre service d’archives cependant, et comme cela est assez fréquent aujourd’hui, nous sommes une majorité de femmes à assurer la conservation de la mémoire de demain. Un service d’archives à la tête duquel se trouve d’ailleurs, une femme.