ARCANES, la lettre

Les coulisses


Chaque mois, les Archives présentent dans la rubrique "les coulisses" ce que vous ignorez surement du fonctionnement des Archives. Retrouvez ici une petite compilation de tous ces articles.

LES COULISSES


Toulouse. Février 2024. Vue de la partie sud-est du chantier d'imperméabilisation des toitures végétalisées du bâtiment des Archives municipales. Clara Javierre, Stéphanie Renard - Mairie de Toulouse, Archives municipales, 4Num_nc.

Il pleut, il mouille, c’est la fête à la grenouille !


mars 2024

D'importants travaux de rénovation de l'étanchéité de la toiture végétalisée des Archives ont commencé en début d'année, donnant lieu à un ballet de benne, pelleteuse, terre et chalumeau. D'ici l'été, la toiture sera comme neuve et le réservoir de mémoire préservé de tout risque d’infiltrations. Mais quel est le protocole en cas de sinistre ? Les archives, comme pour le risque incendie, ont mis en place un plan de traitement des documents qui seraient mouillés du fait d’infiltrations d’eau voire d’inondations.

Équipés de leur pull marine, les archivistes procéderaient ainsi :  
• évacuation des documents pour mise en séchage,
• identification par une étiquette indiquant leur cote,
• étalement des dossiers sur de grandes tables
• et pose de papier absorbant entre leurs pages.

 

Une semaine plus tard, lorsque le risque de moisissure est écarté, les documents secs sont reconditionnés et réintégrés dans les magasins d'archives. Si nécessaire il faudrait recourir à la congélation, solution inévitable lorsque des documents sont détrempés. Dans ce cas-là, les archivistes lutteraient contre le temps car ils n'auraient que 48h pour faire congeler les archives, qui seront ensuite séchées par lyophilisation.

Acte manuscrit sur parchemin. Cliché Clara Javierre - Mairie de Toulouse, Archives municipales, Z non coté.

Faites attention à vos archives !


février 2024

Ce mois-ci, nous fêtons notre 150e numéro d'Arcanes. L'occasion pour nous de vous parler de VOS archives ! En effet, que ce soit dans le cadre professionnel ou personnel, nous produisons tous des archives, mais si vous souhaitez un jour nous les confier, il est important de veiller à leur bonne conservation.
Il arrive ainsi que certains documents soient entreposés dans des garages, des caves ou des greniers, où menacent infiltrations d'eau, rongeurs et moisissures. Dans ces conditions, leur pérennité n’est pas assurée. L’état de conservation de vos archives est un critère important de décision pour leur prise en charge par nos services. En cas de dégradation, une restauration peut parfois être envisagée mais demande alors beaucoup de temps et d'investissements.

Si toutes ces questions vous préoccupent, notre archiviste des fonds privés est là pour vous conseiller. Comment stocker au mieux ses archives ? Quel matériel de conditionnement utiliser ? Et même, quels documents conserver ? Vous pouvez retrouver son adresse mail directement sur le site des Archives municipales ou bien appeler directement l'accueil qui vous dirigera vers elle.
Alors, pour que la fête soit plus belle, faites attention à vos archives !

Calendrier publicitaire pour la fabrique de papier à cigarettes JOB, représentant une jeune femme blonde en buste, de trois-quart, vêtue d'une jaquette rouge, fumant une cigarette, 1915. Gabriel Hervé (peintre) et Bernard Sirven (éditeur) - Mairie de Toulouse, Archives municipales, 20Fi1276.

Dans les petits papiers de Job


janvier 2024
Ce mois-ci, pour faire le job, nous allons vous parler des archives privées puis plus précisément du fonds Job.

Les archives privées sont constituées de toutes les archives entrées « par voie extraordinaire » dans notre service. C’est-à-dire qu’elles sont dites « privées » dès lors qu’elles ne sont pas produites ou reçues par un agent public, ici un agent de la mairie de Toulouse. Ainsi, nous retrouvons les archives d’entreprises, d’associations, ou encore de familles toulousaines.

Les modes d’entrée sont variés :
• il est possible de nous donner ses archives : dans ce cas, un transfert de propriété est opéré ;
• il est aussi possible de déposer ses archives : dans ce cas, le déposant garde la propriété de ses documents ; en revanche, il s’agit d’un mode de moins en moins utilisé par les archivistes ;
• vous pouvez aussi nous vendre vos archives ou bien nous les léguer !
Que de choix s’offrent à vous !

Voici un petit exemple des fonds privés que nous pouvons conserver chez nous. 
Le fonds Job est acquis par les Archives municipales de Toulouse en 2003.
Née de l’idée du boulanger perpignanais Jean Bardou (1799-1852) de créer un petit livret contenant des feuilles prédécoupées qui permettent de rouler des cigarettes, la société Job est créée en 1903, par les familles Bardou et Pauilhac, et s’installe à Toulouse. Sa forte croissance nécessite rapidement la construction d’une nouvelle usine édifiée dans le quartier des Sept Deniers entre 1929 et 1931. Construit sur les plans de l’architecte Pierre Thuriès, le bâtiment principal se veut résolument moderne avec des lignes et des balcons filants, évoquant un immense paquebot. Se développant sur une superficie de 4,7 hectares, l’entreprise fabrique principalement du papier destiné à la mise en cahier du papier à cigarettes. 
Tout au long du 20e siècle, la société Job rayonne tant sur le plan national qu’international avec de nombreuses filiales. Dans les années 1980, les propriétaires décident de la vendre à l’industriel Vincent Bolloré qui ne garde que l’usine des Sept Deniers et celle de Perpignan (qui conditionne les livrets cartonnés). En 2000, l’entreprise est mise en cessation de paiement et s’oriente vers la liquidation judiciaire. Alors que débutent des travaux de démolition en 2003 et en 2005, le « Paquebot » est racheté par la mairie de Toulouse afin d’éviter la destruction de ce bâtiment emblématique d’une entreprise toulousaine majeure du 20e siècle. Le fonds acheté par les Archives est en grande partie composé des archives « récentes » de l’entreprise, et surtout de sa comptabilité.
L’accès à ces documents est simple comme bonjour : vous parcourez l’ inventaire en ligne depuis chez vous, puis une fois votre choix fait, il ne vous reste qu’à venir consulter ces archives en salle de lecture.

Et voilà, Job done ! 
Ceci n'est pas une légende.

Total Recall


décembre 2023
En 2048, dans le voyage au centre de la mémoire proposé par Paul Verhoeven, adapté d'une nouvelle de Philip K. Dick, des souvenirs factices sont implantés aux clients volontaires de la société Rekall. La promesse n'est cependant pas à la hauteur. Gardons le suspens et n'en disons pas plus. Tournée il y a plus de trente ans, cette fiction questionne tant la mémoire (peut-on travestir des souvenirs ?) que la perte de réalité et le rapport au virtuel. 
Pas de falsification en vue dans les services d'archives ! Le code de déontologie des archivistes précise bien que « les archi­vis­tes main­tien­nent l'inté­grité des archi­ves et garantis­sent ainsi qu'elles cons­ti­tuent un témoi­gnage du passé dura­ble et digne de foi ». Les services d'archives sont ainsi les gardiens d'une mémoire collective. Ils assurent aux citoyens l'accès aux traces des décisions et comme le rappelle le Conseil international des Archives (CIA), le droit des peuples à connaître leur histoire.
Pour autant, toutes les informations consignées dans les documents précieusement conservés ne sont pas forcément vraies. C'est donc au chercheur d'interroger les documents, de les comparer, de les analyser pour ainsi écrire l'histoire.
« L'histoire est un roman qui a été ; le roman est de l'histoire qui aurait pu être »
Visite dans les entrailles de l’ancien réservoir d’eau de Périole en 1992, avant leur réhabilitation en dépôt d’archives pour la ville. Tirage photo N&B 18 x 24. Mairie de Toulouse, Archives municipales, 2Fi1368.

Accès restreint


novembre 2023
Pour approcher les fonds d’archives conservés aux Archives municipales, il faut attendre les jours d’ouverture exceptionnelle des magasins. Ceux-ci sont en effet inaccessibles aux personnes externes au service. La raison ? Assurer la bonne conservation des documents, éviter les dégradations et les vols. C’est aussi l’explication au fait que les documents d’archives ne sont pas disponible en accès libre. Le public, appelé lecteur dans les salles de consultation, est invité à commander les documents qu’il souhaite consulter aux présidents de salle de lecture (les archivistes) puis à attendre que les documents lui soient livrés. 
Au moins une fois par an, pour les journées du Patrimoine, les Archives municipales ouvrent les portes de leurs coulisses et dévoilent leurs trésors. C’est alors l’occasion de déambuler au cœur d’un réservoir d’eau construit en 1892. Rendez-vous en septembre prochain pour en savoir plus !
Correspondance de la marquise de Livry à la présidente Dubourg. Atelier du samedi 4 novembre (9h30-12h30). Venez découvrir plusieurs centaines de lettres écrites depuis Paris, Versailles et Soisy, et reçues à Toulouse ou Rochemontès entre 1763 et 1792. Deux femmes de la meilleure société, deux amies qui échangent sur leur quotidien, mais aussi celui de la cour, et qui traitent des petites comme des grandes affaires du royaume.

Qui va là ?


octobre 2023

Les archivistes sont tellement passionnés par leur métier qu'ils n'hésitent pas à proposer des activités hors-norme, le soir ou bien le week-end.

Il y a bien sûr les populaires Journées Européennes du Patrimoine qui, tous les ans, en septembre, permettent au public de visiter les mystérieux sous-sols des Archives et de participer à divers ateliers.

Les Samedis des Archives vivent leur 2e saison. Ces rencontres organisées chaque premier samedi du mois sont ouvertes à tous et invitent les participants à découvrir, à toucher et aussi à travailler de manière souvent ludique avec des documents d'archives.
La programmation est variée, et chacun peut y trouver son bonheur. Elle permet aux uns de se frotter à des affaires criminelles d'Ancien Régime, aux autres de se plonger dans la correspondance échangée durant la seconde moitié du 18e siècle entre la présidente Dubourg et la marquise de Livry. On est même invité à faire un bond dans le temps en choisissant de participer aux ateliers de "dépoussiérage numérique" (on n'en dit pas plus pour vous tenir en haleine). Last but not least, l'image est aussi à l'honneur, en particulier sous le prisme du fonds photographique de Marius Bergé, qui donne lieu à des ateliers sous forme d'un véritable rallye-enquête dans Toulouse entre les deux guerres.

Les Archives passent au noir est le fruit d’un partenariat entre les Archives municipales et le festival Toulouse Polars du Sud. Cette union heureuse a permis d’organiser quatre rencontres durant la première semaine d'octobre. Un public friand de littérature policière s'y est pressé et s'est trouvé confronté aux pièces d'un procès pour cas de meurtre. Durant trois soirées et une matinée, les participants ont été projetés en août 1744 sur le pont Neuf, où gisait le corps inanimé du jeune Ducos, percé d'un coup de baïonnette au flanc gauche. Après une lecture – souvent ardue – des archives du procès (descente sur les lieux, autopsie et certains témoignages), tous ont su pointer du doigt le meurtrier, sans pourtant que son nom apparaisse jamais dans les documents conservés, et que seule la victime, dans un dernier souffle de vie, nommait énigmatiquement : "Qui va là".
Rendez-vous est déjà pris pour la prochaine édition du festival en octobre 2024.

Les Masterclass viennent compléter ces activités. Après le succès des trois galops d'essai du printemps dernier, ces séances deviennent depuis la rentrée universitaire un rendez-vous régulier (chaque troisième samedi du mois). Elles sont exclusivement réservées aux universitaires, qu'ils soient chercheurs confirmés ou jeunes étudiants.
Historiens de l'art ou du droit, historiens tout court, étudiants en architecture, en musicologie, et autres encore s'y retrouvent pour étudier les sources qui nourrissent et enrichissent leurs sujets de recherche. On vient en solo, en duo, en trio… On y travaille certes, mais aussi on échange, on questionne, on partage ses doutes comme ses trouvailles.

Alors, la prochaine fois que vous pousserez la porte des Archives municipales pendant les horaires officiels d'ouverture, ouvrez bien les yeux : une ou plusieurs affiches vous inviteront à y revenir différemment en soirée ou bien le temps d'un samedi.
Plus simple encore : consultez régulièrement en ligne notre espace presse.

La Gazette des archives, n°49, 1965. pp. 41-48 (L'archiviste et le tourisme - Persée (persee.fr), crédit Association des Archivistes français (AAF).

« C’est en chartiste que l’archiviste doit s’intéresser au tourisme »


septembre 2023

L’article publié en 1965 dans la Gazette des archives - « L’archiviste et le tourisme » - ne pouvait échapper à Arcanes de septembre !
Jacques Levron, conservateur en chef directeur des services d’archives de Seine-et-Oise, y conte qu’en 1951 une circulaire de la direction des Archives de France invite les préfets à nommer un archiviste dans les commissions consultatives de tourisme nouvellement créées. L’argument est simple : « Ce fonctionnaire connaît parfaitement l'histoire du département où il réside, ses richesses archéologiques, folkloriques et plus généralement toutes ses ressources culturelles. Il peut donc fournir d'utiles indications pour la mise en valeur de telle ou telle partie du département, pour l'organisation des visites guidées des villes ou des sites les plus importants, pour la mise sur pied d'un programme de conférences sur l'histoire monumentale ou littéraire de la région... »
Jacques Levron évoque ensuite le rôle de conseiller que peut jouer l’archiviste dans toutes les structures liées au tourisme, à commencer par les syndicats d’initiatives créés à la fin du XIXe siècle. Il saisit l’occasion pour mettre en garde ses collègues : il ne devrait pas accepter de poste de direction de tels organismes, autant pour des raisons d’incompatibilité entre cette fonction et le statut de fonctionnaire, que parce qu’ « elle exige des loisirs et chacun sait qu'en province, depuis quelques années, les directeurs des services d'archives n'en disposent guère ».
C’est sur un ton tout aussi sérieux qu’il rappelle à la fin de son article la « vocation fondamentale d’administrateur et d’érudit des directeurs de service d’archives » : « l'archiviste a d'abord pour mission, selon les termes mêmes du Règlement de 1921, de recueillir et de classer les documents, de rédiger les inventaires et les répertoires, de faire connaître les richesses dont il a la garde ». S’il est « parfaitement qualifié pour apporter aux organismes touristiques un concours apprécié (…) il doit le faire en restant dans la perspective de son rôle traditionnel. Il doit surtout n'y consacrer qu'une part raisonnable de son temps. C'est en chartiste que l'archiviste doit s'intéresser au tourisme. Et, en fin de compte, il n'en servira que mieux les intérêts de celui-ci. »

L’archiviste n’a pas le temps d’être un touriste de l’histoire !

Agent des Archives en salle de lecture, 26 mai 2016. Stéphanie Renard – Mairie de Toulouse, Archives municipales, 4Num12/81

En salle de lecture


juillet-août 2023

Les Archives municipales de Toulouse étant fermées au mois de juillet pour des travaux de mise en accessibilité du bâtiment, il nous paraissait important de vous parler d’un lieu emblématique de notre métier : la salle de lecture. C’est l’espace qui vous accueille et dans lequel vous pouvez consulter les archives.
Habituellement, la salle de lecture est ouverte de 9 heures à 13 heures du lundi au vendredi. Vous pouvez y venir gratuitement, simplement en présentant un document d’identité à l’agent d’accueil.
Aux Archives municipales de Toulouse, nous, les agents, nous partageons la gestion de la salle en fonction de nos emplois du temps. A deux par matinée, nous sommes chargés de vous communiquer les documents que vous souhaitez consulter. La plupart du temps, nous vous aidons à rechercher LE document dont vous avez besoin, que ce soit pour vos recherches personnelles, administratives ou universitaires.
Une fois ce document identifié, nous entrons sa cote (son identification) dans notre logiciel afin de pouvoir aller le chercher dans nos magasins. Ensuite, nous vous le remontons et vous pouvez le consulter. Mais pour cela, de nombreuses règles sont à respecter afin que nos documents puissent être bien conservés sur le long terme. Sont ainsi prohibés dans cette enceinte stylos, boissons et nourriture. Mais ne vous inquiétez pas, la salle n’est pas sale… elle est même nettoyée tous les jours pour éviter toute poussière ou autre.
Alors, venez nous voir dès le mois d’août !

Contact

Logo du Conseil international des Archives, CIA, kit média (https://www.ica.org/fr/kit-media-75ansica).

Gâtez le CIA, il a 75 ans !


juin 2023

Dans un murmure, chaque début juin, se déroule la semaine internationale des Archives.
Le 9 juin 1948, le Conseil international des Archives (CIA) est créé sous l’égide de l’UNESCO. Il « rassemble les institutions d'archives et les professionnels à travers le monde pour défendre la gestion efficace des archives et la protection matérielle du patrimoine écrit, pour produire des normes reconnues et de bonnes pratiques et pour encourager le dialogue, les échanges et la transmission de ces connaissances au-delà des frontières nationales » *.
Depuis 2007, le 9 juin est la date choisie pour célébrer les archives. Désormais, pendant toute une semaine, les archivistes de tous les continents unissent leur voix pour expliquer au public que les archives et archivistes « jouent un rôle important dans les domaines de la responsabilité, de la transparence, de la démocratie, du patrimoine, de la mémoire et de la société » *. Les archives représentent une richesse sans équivalent. Témoins des événements passés, elles restent fragiles et vulnérables. A la veille de cette semaine de fête, dans le climat de tension que connaît actuellement le Sénégal, les archives de l’université de Dakar ont été incendiées. Ailleurs, des archivistes ont été enlevés et séquestrés, paralysant le fonctionnement des Archives nationales et de l’état civil.

Cette année, juin est l’occasion de célébrer les 75 ans du Conseil international des Archives. #Archives unies #RenforcerLesArchives.

International Council on Archives 

Foire de Toulouse, 1930, détails, Mairie de Toulouse, Archives municipales, cote 1Fi1761.

Raconter des salades ?


mai 2023

Parce qu’elles ont le pouvoir de transformer le temps en mémoire et le passé en histoire, les archives sont au cœur d’interrogations philosophiques, comme celles de Serge Margel et ses archives fantômes1, ou psychanalytiques avec Derrida et son mal d’Archives2. Quel rapport les archives entretiennent-elle à réalité, à l’inconscient ?
«  L’archive, si ce mot ou cette figure se stabilisent en quelque signification, ce ne sera jamais la mémoire ni l’anamnèse en leur expérience spontanée, vivante et intérieure. Bien au contraire : l’archive a lieu au lieu de défaillance originaire et structurelle de ladite mémoire3 ».

L’archive est une trace, une preuve. « Son contenu est l’expression d’un fait, d’un projet, d’une requête, d’une décision et est indissociable de ce fait, de ce projet, de cette requête, de cette décision. C’est pourquoi la première lecture que l’on fait de l’archive doit intégrer les motifs de son élaboration, c’est-à-dire la poursuite d’une action donnée et le contexte dans lequel elle prend place. (…) L’archive a vocation à servir de preuve à l’action qu’elle supporte. (…) C’est ainsi que les archives constituent la source de l’Histoire par excellence4. »
Alors, les archives ne racontent pas de salade ? A priori non… Ou si l’intention de l’auteur est d’en raconter. Les archives pourront toujours être utilisées comme source pour construire un discours ou servir d’illustration à un propos, indépendamment de l’action dont le document témoigne. Des chercheurs peu scrupuleux pourront toujours détourner un discours.

Et lorsque Arcanes vous parlera de légume, il sera temps de vérifier que la constitution des fonds d’archives n’est pas le fruit du hasard.

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1 - Serge Margel, Les Archives fantômes, Paris, Nouvelles éditions Lignes, 2013 (LES ARCHIVES FANTÔMES - Serge Margel - Éditions Lignes (editions-lignes.com))
2 - Jacques Derrida, Mal d’archives : une impression freudienne, Paris, Galilée, 1995.
3 - Id, op. cit.
4 - Maire-Anne Chabin, Je pense, donc j’archive, Paris, L’harmattan, 1999 (Je pense.... Chapitre 2 - Tout est archive - Le blog de Marie-Anne Chabin (marieannechabin.fr).

Message promotionnel de Louis Bazerque, maire de Toulouse, 1971. Pochette de l'enregistrement gravé sur disque vinyle. Mairie de Toulouse, Archives municipales, 5AV3.

Disques noirs


avril 2023
Parmi les fonds singuliers des Archives municipales se trouve une collection de vinyles pour le moins hétéroclite.
Vous pouvez passer du « tam tam de la colère » (enregistrement réalisé lors du conflit de Sud aviation en 1963), à l’ Eglise en fête chantée par Gérard Rey accompagné de la paroisse de Blagnac, pour terminer votre écoute par la lecture de la profession de foi de Louis Bazerque, maire de Toulouse, candidat à sa réélection en 1971 sous le slogan « promotion, permanence, Toulouse ». D’autres voyages sonores sont possibles : découvrez-les en consultant les fonds d’archives audiovisuelles publiques et privées.
Pas de précipitation ! Le disque vinyle, apparu dans les années 1950, est un des supports d’enregistrement sonore les plus stables. Ses ennemis, les ultraviolets et la chaleur. Ils provoquent une dégradation chimique du chlorure de polyvinyle qui le constitue. Si le vinyle est résistant, il convient cependant de le manipuler avec précaution pour éviter les rayures. Petit conseil pour les collectionneurs, les vinyles se conservent à la verticale. Si vous les empilez, vous risquez de les déformer et de les voiler.
Angelots sous la glace, fontaine place Olivier, quartier St-Cyprien. Mairie de Toulouse, Archives municipales, 15Fi11628.

Frozen : les archives papier sauvées des eaux


mars 2023

Au mois de novembre dernier, l’un de nos locaux a subi un dégât des eaux. Grâce aux mesures de conservation préventive mises en place, notamment une bonne aération du local et le positionnement des boîtes d’archives à plus de 10 cm. du sol, les dommages ont été de faible importance et les documents, après quelques semaines de séchage et de mise en quarantaine, sont à présent hors de danger. Malgré ces mesures de prévention, conserver des documents sur le long terme n’est pas une mince affaire et le risque d’inondation existe, quelle qu’en soit la cause. Pour cette raison, un archiviste doit connaître les mesures d’urgence à adopter face à un local d’archives inondé. Parmi ces dernières, la congélation est une méthode conseillée dès qu’elle est financièrement et techniquement possible.

Lorsque les documents papier sont détrempés, ils peuvent subir un gonflement, des déformations, leur encre peut couler ou pâlir jusqu’à devenir illisible. L’humidité ambiante devient en outre un terrain propice aux moisissures. La congélation est alors le meilleur moyen de stopper cette dégradation, le temps de réfléchir aux solutions de restauration les plus appropriées. Les documents sont placés dans des sacs en plastique – polyéthylène ou polypropylène – par petits paquets placés à une température inférieure à – 20°C, si possible dans un congélateur industriel. L’idée est de faire en sorte que toutes les épaisseurs soient congelées le plus rapidement possible. Dans un second temps, ils sont lyophilisés, c’est-à-dire déshydratés pour retrouver leur état d’origine.

Malheureusement, ce procédé ne répare pas les dommages que le document a déjà subi avant la congélation, comme la dilution des encres, raison pour laquelle il faut agir au plus vite. De plus, la lyophilisation n’est pas sans danger, notamment pour les reliures en cuir, qu’elle peut raidir de manière irréversible. De même, il n’est pas recommandé de congeler  les parchemins et les sceaux, pour lesquels le séchage à l’air libre reste la meilleure solution.