
Arcanes, la lettre
Chaque mois, l'équipe des Archives s'exerce à traiter un sujet à partir de documents d'archives ou de ressources en ligne. Ainsi, des thèmes aussi variés que la mode, la chanson, le cinéma, le feu sont abordés...
C’est la tête encore pleine de la musique du festival Faites de l’image que j’entame ce numéro champêtre et musical. Quelles soirées ! Vous êtes venus nombreux profiter des événements proposés aux Archives et alentours. Le quartier paraissait une île dans la ville, vers laquelle le monde convergeait. Un havre d’ambiance bon enfant.
Mais revenons sur-le-champ au thème qui nous occupe ce mois-ci. Enfin… sur-le-champ ou sur le chant ? C’est bien cette même question que les habitants de la rue du Chant du Merle ont dû se poser voici 150 ans. En effet, Jean Coppolani raconte que le nom de cette rue provient de la déformation de « champ de Merle », à savoir un champ qui aurait appartenu à un dénommé M. Merle au 18e siècle. Ce chemin apparaît bien sur le plan de 1808, non loin de la Baraquette. Son nom semble relever de l’usage pendant de nombreuses années : « chemin dit Champ du Merle » en 1867, « chemin dit Chant du Merle » en 1870, « rue Cant del Merlé » en 1872, « del Camp del Merlé » en 1876. Bref, un remix de sonorités proches qui change à tout bout de champ !
Le nom de cette rue n’en reste pas moins mélodieux. Et, nul doute que cette douce chanson vous accompagnera tout au long de ce numéro. Qu’il s’agisse de chant ou de champ, ils vous donneront une envie folle de chanter, de fredonner ou de prendre la clé des champs !
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Voilà, vous avez lu les deux titres ci-dessus ; il vous suffit donc de bien les mémoriser, et vous pouvez ensuite retourner à vos moutons, activités, fourneaux ou, pour les plus chanceux qui se sont acquittés d'une longue carrière, de partir en croisière sur le canal ou les mers australes.
Pendant que vous vaquerez/voguerez, nous allons divaguer et courir la campagne toulousaine afin qu'à votre retour à la rentrée, vous puissiez découvrir deux nouvelles couches thématiques d'UrbanHist, où l'aspect rural de la ville sera mis à l'honneur.
Celle de Champs troubles sera consacrée à revisiter les anciens faubourgs et le gardiage de la ville entre 1670 et 1790. Elle proposera de nous arrêter dans de grands domaines, des métairies ou de simples carrés de vigne à la faveur d'un crime ou d'un délit : vol de choux ou de poules, bétail qui saccage les cultures, querelle autour d'un abricotier, jusqu'à ces parties fines qui semblent se tenir régulièrement dans le très chic domaine du B…, dont nous tairons le nom pour le moment. Bref, il suffit d'un lieu champêtre, d'une affaire criminelle soigneusement sélectionnée et résumée de façon plaisante, et le tour est joué : voilà Champs Troubles.
Quant à Toulouse aux champs, il s'agit d'un travail de plus longue haleine qui vise à reconstituer l'histoire de ces lieux sur un temps long, et à inciter les chercheurs à se pencher sur la ville hors la ville. De notre plus ancien cadastre (1478) jusqu'au 20e siècle pour les endroits les mieux documentés, c'est ainsi que seront présentés en ligne au travers de fiches détaillées les domaines, demeures, maisons aux champs, châteaux, avec une attention particulière portée à leur évolution au cours des âges (et morcellement jusqu'à entière disparition bien souvent)1, leurs propriétaires successifs, leurs divers édifices2, les types de cultures qui s'y faisaient ou des troupeaux qu'on y élevait et des volailles qui y caquetaient.
Voilà, ce sera peut-être une ville plus verte qui va ressurgir sur vos écrans d'automne, une ville où cet aspect oublié et pourtant essentiel des activités agricoles va retrouver sa place et reprendre le devant de la scène, ne serait-ce que virtuellement.
Avant de vous libérer et de vous laisser prendre la clef des champs, sachez que Champs troubles a aussi été conçu pour pouvoir se décliner sous forme d'ateliers participatifs… Pour cela, nous vous donnons aussi rendez-vous lors des Samedis des Archives, à l'automne encore !
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1 - Quoique les toponymes perdurent généralement et aient laissé leurs noms à des quartiers, à des rues ou à des cités en béton.
2 - Avec des renvois sur les fiches de l'Inventaire du patrimoine.
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Sa disparition est arrivée en début d’année, mais le thème de ce mois-ci fait remonter des souvenirs d’un témoin du passé : notre micro de salle de lecture !
Probablement installé en 1996 lorsque les Archives municipales ont investi le réservoir de Périole, il a accompagné les présidents de salle pendant 26 ans. Il permettait à celui qui restait en salle de transmettre des informations à celui qui était descendu chercher les documents, ou faire appeler un collègue, grâce aux haut-parleurs installés dans les couloirs des magasins et des bureaux. Et puis nous nous sommes modernisés, et le téléphone a fait son apparition dans l’ensemble du bâtiment. Le micro a perdu son rôle, mais il est resté spectateur du va-et-vient de la salle de lecture jusqu’en février 2022.
C’est au cours d’une réflexion sur la salle de lecture pour mettre à plat nos procédures et repenser l’aménagement que la décision a été prise à l’unanimité : le micro et son équipement volumineux devaient laisser leur place.
Et c’est aussi à cette date que certains d’entre nous ont découvert que, même s’il n’était jamais utilisé, il fonctionnait encore, et que certains collègues s’étaient bien gardés de le dire aux petits nouveaux ! Vous vous en doutez, un certain nombre d’entre nous ont rêvé de passer une annonce avec lui pour tester l’acoustique, et ont très vite été déçus quand ils n’ont pas entendu le son de leur voix raisonner en salle. Car, en voyant ce micro posé là, on se dit forcément que c’est pour se faire entendre des lecteurs, alors qu’en réalité on vous entend dans tous le bâtiment SAUF de là ou vous vous exprimez (mais ça, vous l’apprenez bien plus tard).
Combien de « 1, 2, 1, 2… » ou de « la salle de lecture va fermer ses portes dans 5 min » ont été prononcés ? Mystère ! Ce qui est sûr, c’est que certains ont été plus créatifs en poussant la chansonnette un midi où les lecteurs étaient déjà partis. Et si vous leur demandez, je suis certaine que chaque agent des Archives municipales aurait une anecdote à raconter grâce à ce micro ;-)
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Aux Archives, chaque premier mercredi du mois, à midi pile ou presque, posés sur notre chaise à défaut d’être attachés au mât de misaine, nous profitons tout comme Ulysse du chant mélodieux de la sirène SAIP (système d’alerte et d’informations aux populations). Il faut dire que non seulement l’acoustique y est très bonne, mais le fait que le dispositif soit directement installé sur le toit du bâtiment ajoute encore à la netteté du signal…
Pour autant, ce n’est pas la seule mélodie que l’on puisse y écouter : saviez-vous par exemple que le maire de Toulouse Louis Bazerque avait enregistré une version de La Toulousaine de Louis Deffès en 1965 ? Que nous en conservions un exemplaire ? Et qu’il avait également « commis » un autre disque, six ans plus tard ? Peut-être pas… car il n’est pas donné à toutes les communes d’avoir des maires radiodiffusés. Et dans ce domaine, notre ville est même allée encore plus loin, avec un maire télégénique...
Enfin bref, il n’y a pas que le chant traditionnel ou le discours politique qui puissent résonner en nos murs : la musique classique et le chant lyrique figurent aussi dans nos fonds, comme ceux de Marguerite Canal ou de Mady Mesplé, parfois même enregistrés pour la postérité.
Et quant à ceux qui préfèrent les Rita Mitsouko (et il y en a), si les documents que nous conservons ne peuvent les aider à assouvir leur passion, ils pourront néanmoins se consoler en se rappelant que, grâce au festival Faites de l’image, Marcia Baïla a enchanté pendant deux jours le quotidien du tranquille Neptune… jusqu’à user la glotte des gentils guides postés tout près.