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Des toits d’exception !

La maison Chamfreau (1967/69), Pierre Debeaux, architecte. Archives départementales de la Haute-Garonne, Fonds Debeaux 189 J 127.

Des toits d’exception !


juillet-août 2021

Dans le quartier de la Côte-Pavée, au milieu des pavillons à l’architecture traditionnelle de la 1ère moitié du 20e siècle, se distingue une réalisation qui surprend par son modernisme. La maison Chanfreau, du nom de son commanditaire, a été bâtie entre 1966 et 1969 selon les plans de l’architecte Pierre Debeaux (1925-2001). Cet homme, passionné par la géométrie, le nombre d’or et autres mathématiques, a mis en œuvre une demeure à la toiture en spirale logarithmique ! Plus précisément, la maison à la toiture plate en béton s’enroule autour d’un patio central. Les pentes douces enherbées du toit offrent également l’espace d’un jardin suspendu. L’architecte développe et perfectionne ce type de toiture s’inscrivant dans un mouvement continu d’enroulement dans la maison Pham Huu Chan à Clermont-le-Fort (1970-1972) puis dans la maison Pradier à Lavaur (1976-1977). Bien dans son temps par l’utilisation massive du béton, il recherche toutefois toutes les possibilités de le tordre, de le compresser, de l’alléger pour lui donner des formes inattendues pour un tel matériau.La caserne Vion, le hall aux véhicules, Pierre Debeaux, architecte. Archives départementales de la Haute-Garonne, Fonds Debeaux 189 J 126.


Une autre œuvre toulousaine illustre parfaitement toute sa réflexion et son inventivité à ce sujet : le grand hall des véhicules de la caserne Vion (1966).

Véritable prouesse technique qui propose un espace de 800 m² entièrement dégagé, sans structure porteuse intermédiaire, grâce à une succession de figures géométriques complexes de type hyperboloïdes et paraboloïdes hyperboliques. 

Avec le matériau austère et lourd qu’est le béton, il créé une œuvre dynamique presque en suspension : sur les quatre piliers d'angles reliés à leur sommet par une large ceinture de béton repose une charpente métallique à trois dimensions auto-tendante amenant lumière et légèreté. Jusqu’à la fin de sa vie, Pierre Debeaux réfléchit sur ces structures non triangulées, les rendant toujours plus flexibles tout en modifiant leur forme à l’infini. Un des exemples de ce travail est la flèche en structure tridimensionnelle constituée de quatre mats reliés par des câbles tendeurs, signalant sur les allées Frédéric-Mistral le monument à la gloire de la Résistance de Toulouse.

Peu connu de son vivant, en dehors d’un cercle de professionnels, Pierre Debeaux voit depuis deux décennies son travail reconnu et mis en valeur auprès du grand public grâce à des publications présentant l’homme et son œuvre, mais aussi grâce à l’attribution du label Architecture contemporaine remarquable à 6 de ses œuvres (maison Chanfreau, caserne Vion, observatoire et bâtiment interministériel pour la RTF du Pic du Midi et château d’eau de l’hôpital Marchant) et à une protection au titre des monuments historiques (maison Pradier à Lavaur).