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Choux frisés et autres décors de feuillage

Portail de l’église cathédrale Saint-Étienne, détail du gâble orné du motif de choux frisés. Phot. Friquart, Louise-Emmanuelle.

Choux frisés et autres décors de feuillage


mars 2021

Il n'aura échappé à personne que les différentes familles de cette brassicacée anciennement appelé crucifère (chou frisé, rave, fleur, chinois, brocolis, de Bruxelles…) sont très tendance dans la cuisine actuelle. Mais, à l'époque médiévale, le chou était également un élément de décor très prisé.
C'est un motif qui vient orner les chapiteaux, les couronnements (rampants des gâbles et pignons, pinacles), les frises, les appuis de fenêtres…tous les éléments d'architecture pouvant recevoir un décor.
Sa représentation évolue au fil du temps : de simple crochet - sorte de bourgeon d'où quelques feuilles s'échappent enroulées sur elles-mêmes -, le motif se déploie en groupes de feuilles larges et épaisses aux tiges côtelées. D'autres types de feuilles viennent se glisser parmi ces décors : plus lisses, telles les feuilles d'eau, ou de géranium, ou encore plus découpées, comme celles du chardon.

Le 15e siècle est la période où le cPortail de l'Hôtel de Bernuy, détail du couronnement. Phot. Sophie Fradier (c) Toulouse Métropole.hou frisé prend de l'ampleur, créant des jeux de lumière et d'ombre animant les façades. Il disparaît peu à peu, remplacé à la Renaissance par de nouveaux éléments décoratifs issus de la redécouverte de l'Antiquité.
À Toulouse, le flâneur attentif découvrira cet ornement essentiellement sur les façades des églises médiévales, rampant le long des gables, ces couronnements de forme triangulaire, qui coiffent les portails et dont le pinacle parachève la composition. Notre-Dame-du-Taur en présente un exemple caractéristique tout comme celui, plus animé de la cathédrale Saint-Etienne où les feuilles de choux sculptées en abondance se redressent et s'affirment sur de nombreux éléments.
Certains portails d'hôtels particuliers, tel celui de Bernuy, bien que tardif, présentent encore ce motif - ici aux enroulements très souples - à côté de la sculpture très antiquisante des médaillons à bustes. Les tours d'escalier, les encadrements des baies offrent également ces sculptures de feuilles épanouies ou recroquevillées, plus ou moins ciselées, souvent de grande qualité.
Il réapparaît au 19e siècle avec les courants néogothique et éclectique (Maison Seube, Castel Gesta…) avant que l'Art nouveau ne s'empare pleinement du végétal, puisant dans la nature une source d'inspiration infinie.