C'est ainsi que Flaubert en donne la définition dans son Dictionnaire des idées reçues (paru à titre posthume en 1913). Aussi incongru que cela paraisse, elle pourrait trouver son illustration lors de la construction de l'église de Croix-Daurade à la fin du 18e siècle. L'œil avisé et espiègle de l'archiviste a mis entre nos mains les plans et devis pour « la construction d'un escalier qu'on avois omis de faire pour monter au clocher de l'église de Croix-Daurade » dressés en 1780 par l'ingénieur et architecte de la ville Étienne Carcenac1. L'église de Croix-Daurade vient pourtant tout juste d'être édifiée, en même temps que celles de Saint-Simon et de Lalande, pour desservir des paroisses nouvellement créées dans des territoires en pleine expansion.
C'est l'architecte de la ville précédent, Philippe Hardy, qui avait établi un premier devis en 1774 d'un montant de 26 000 livres, comprenant la construction de l'église, du presbytère et du cimetière2. Le devis est ensuite revu à la baisse, ne devant pas dépasser 17 116 livres : la chapelle des fonts baptismaux est remplacée par une simple absidiole, la seconde chapelle est quant à elle supprimée, de même que l'escalier d'accès au clocher3. Aussi, lorsque la corde des cloches rompt, le carillonneur est obligé de monter sur une échelle placée sur le toit du presbytère (à ce moment là contigu à l'église) pour sonner les cloches, ce qui, à force, abîme le toit4, sans compter le risque de se tordre le cou. Carcenac meurt peu après avoir dressé son devis, et c'est Jacques-Pascal Virebent, nommé au poste de directeur des travaux publics de la ville, qui prend la suite de l'affaire, et fait construire un escalier accolé au flanc gauche de l'église. Où l'on voit où mènent les restrictions budgétaires...
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1 AMT, DD325, devis et plan daté du 12 septembre 1780, dressés par l'architecte et ingénieur de la ville Carcenac.
2 AMT, DD325, devis du 16 janvier 1774 dressé par Philippe Hardy, ingénieur et directeur des travaux publics de la ville de Toulouse.
3 AMT, DD325, devis daté du 6 mai 1775 dressé par Philippe Hardy, ingénieur et directeur des travaux publics de la ville de Toulouse.
4 AMT, BB59, f°2 : délibération du 11 février 1782.