Rédaction du journal Vaincre, 1944-1945, Photographie N&B, 17 x 13 cm, Jean Dieuzaide, Mairie de Toulouse, Archives municipales, 1Fi2231.
Fort en Thème
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septembre 2022
Qui d’entre nous peut bien se vanter d’être un brillant « fort en thème » ? Élève assidu et étudiant très certainement exemplaire, Jean-Pierre Vernant fait bien partie de ces quelques rares érudits au parcours particulièrement fascinant. Né en 1914 dans une ville de région parisienne, Provins, il fréquente pour ses études les couloirs des lycées Carnot et Louis-le-Grand, puis ceux de la Sorbonne. Tout comme son grand frère Jacques, et seulement quelques années après lui, en 1937, il est reçu premier à l’agrégation de philosophie. Penseur pluridisciplinaire, mêlant à la fois l’histoire, l’anthropologie ou la psychologie, c’est pour la pensée et les mythes de la Grèce antique qu’il se passionne. Il devient d’ailleurs une des figures majeures de l’hellénisme moderne. Passeur de savoirs, tout au long de sa carrière, il enseignera dans de nombreuses institutions prestigieuses : au CNRS, à l’Ecole pratique des Hautes-Études, ou encore au Collège de France.
Si son nom ne vous dit rien, et si vous êtes féru d’histoire plus contemporaine, peut-être connaissez-vous l’homme sous une toute autre identité. Universitaire et professeur talentueux, il s'illustre aussi au travers de ses engagements politiques. C'est sous le pseudonyme de "colonel Berthier" que ce fort en thème se mêle à l’histoire de Toulouse lors de l’invasion des forces allemandes dans la zone sud. Depuis 1940, il est professeur de philosophie au lycée Pierre-de-Fermat, et c’est là qu’il s’engage dans une lutte clandestine au sein de la Résistance. Il rejoint le mouvement Libération-Sud et devient responsable de l’Armée secrète dans le département. Devenu par la suite commandant des Forces Françaises de l’intérieur de Haute-Garonne, il œuvre avec ses compagnons à la libération de Toulouse, le 19 août 1944, sous les ordres du colonel
Serge Ravanel.
En cherchant dans nos fonds, il vous sera possible de retrouver quelques photographies du dit personnage au curriculum vitae bien fourni (comme
ici,
là, ou
encore là). En grande majorité, elles sont prises par Jean Dieuzaide. Sur l’image illustrant ce billet, on le reconnaît à gauche de l’image, en pleine discussion avec un autre homme, devant eux sont disposés des caractères d’imprimerie en plomb pour la composition d’un journal. Prise dans les années 1944-1945, ils se trouvent au 57 rue de Bayard. A cette époque, cette adresse abritait les locaux du journal
Vaincre, hebdomadaire publié de 1944 à 1945. En fouillant dans l’œuvre du même artiste, il vous est aussi possible de découvrir certains de ses reportages et images iconiques sur la
Libération de Toulouse.