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Secrets révélés

Édifice du 15 rue de Rémusat récemment rénové. Phot. Krispin Laure, 2022 (c) Toulouse Métropole (c) Ville de Toulouse ; (c) Inventaire général Région Occitanie.

Secrets révélés


février 2022
Dans le cadre des campagnes de ravalement des façades du centre ancien de Toulouse, des chantiers permettent d’avoir de belles surprises et de faire avancer la recherche en matière de connaissance de la ville et des méthodes constructives. 
En 2021, des travaux ont été engagés sur un édifice composant l’angle au niveau des rues de Rémusat et du Sénéchal. Ce bâti présentait un rez-de-chaussée très remanié, ouvert par des arcades et une devanture de boutique en bois ; les étages étaient traités avec un faux appareil de pierre continu, laissant toutefois affleurer les encadrements en bois des fenêtres. Même si un œil aguerri pouvait deviner la construction en pan de bois cachée sous l’enduit, le décroûtage des façades a laissé apparaître les secrets de sa mise en œuvre : les techniques d’assemblage des bois qui pourraient dater du 17e siècle ainsi que les matériaux de remplissage de la structure. Édifice du 15 rue de Rémusat, détail du hourdi maintenu par les éclisses. Phot. Krispin Laure, 2022 (c) Toulouse Métropole (c) Ville de Toulouse ; (c) Inventaire général Région Occitanie.

Le pan de bois est dit à grille, contreventé par des écharpes (pièces de bois obliques) et tournisses (potelets verticaux assemblés à une écharpe). Ce sont des « bois courts » qui  ont été mis en œuvre : les poteaux corniers n'ont qu'une hauteur d'étage et ne montent pas de fond.
Les bois sont assemblés à mi-bois ou à tenon et mortaise, parfois maintenus par des chevilles. L’assemblage à mi-bois est utilisé seulement pour les pièces horizontales, les sablières, lorsqu’elles se composent de plusieurs morceaux. 
Le hourdi, c'est-à-dire le remplissage, est en torchis : un agrégat de terre crue, paille, cailloux et tuileaux de brique d’une épaisseur de 15 à 20 cm. Il est maintenu par des petites lattes, dénommées éclisses, disposées parallèlement et fixées en force, au moyen d’encoches, entre deux poteaux. 
Sur les bois sont encore visibles les encoches à l'herminette (hachette servant à travailler le bois) permettant l'accroche de l’enduit. Une autre technique d’accrochage de l’enduit semble avoir été mise en place à un moment donné : des centaines de clous enfoncés partiellement, laissant dépasser leurs têtes de 2-3 cm, avaient été disposés sur la totalité des bois. Ce système avait dû être ajouté pour renforcer la tenue de l’enduit.
Un autre exemple connu à Toulouse de remplissage en torchis concerne la maison du 7 rue Peyras. Certains caissons du pan de bois ont conservé leur hourdi en terre crue et paille, alors que d’autres ont un remplissage de briques. Cette diversité est peut être due à des époques de construction distinctes impliquant des techniques différentes ou à des rénovations du pan de bois. Cet édifice se caractérise également par son enduit extérieur en plâtre.