Back

septembre 2022

Vue d’ensemble d’un bâtiment scolaire, années 1950-1960, photographie N&B, 13 x 18 cm. Joseph Saludas – Mairie de Toulouse, Archives municipales, 2Fi5348

septembre 2022


Par où t’es rentrée ?
Peu de gens le savent, mais nous célébrons en septembre l’anniversaire de la naissance de Prosper Charles Bensoussan, mieux connu sous son nom de scène : Philippe Clair. Né en 1930 au Maroc, il devint, au début des années 1970, l’un des ténors de la comédie populaire « franchouillarde » matinée d’humour pied-noir. D’aucuns affirment même que son premier film Déclic et des claques (1964) a largement inspiré les auteurs de La Vérité si je mens ! (1997). Ses productions, mettant en scène la fine fleur des seconds couteaux du cinéma français tels Michel Galabru, Marthe Villalonga, Aldo Maccione, Francis Blanche, Sim, Jacques Dufihlo, etc., portent des titres devenus légendaires : Tais-toi quand tu parles (1981), Si t’a besoin de rien… fais-moi signe (1986), Plus beau que moi, tu meurs (1982), Par où t’es rentré ? On t’a pas vu sortir (1984) ou encore Rodriguez au pays des merguez (1979).

La première scène de ce dernier opus se déroule dans une classe du quartier de Bab-el-Oued où un instituteur essaie désespérément de faire réciter Le Cid à des élèves très dissipés. C’est d’ailleurs l’un deux qui prend la parole, avec force accent et expressions imagées, pour narrer la version « piednoirdisée » de la pièce de Corneille qui est la trame du film. Je ne sais pas si les enfants, qui rentrent à l’école en ce début de mois, apprennent toujours des textes par cœur, mais une chose est sûre : j’ai quasiment oublié toutes les poésies étudiées dans le cadre scolaire ; en revanche, je me souviens parfaitement des paroles des chansons populaires de mes jeunes années, voire celles des slogans publicitaires de l’époque. On peut trouver cela amusant… ou affligeant.
Cette différence d’appréciation me rappelle une conversation avec un ami. Il me racontait qu’étant jeune, à l’approche du mois de septembre, il faisait toujours le même cauchemar. Sa mère l’amenait à l’école pour la rentrée et il s’apercevait progressivement qu’il n’y avait personne dans le bâtiment, ni professeurs, ni élèves. Il arpentait désespérément les couloirs vides, dans une angoisse que seul son réveil finissait par interrompre. De mon côté, trouver les lieux déserts le jour du grand retour en classe faisait figure de doux rêve. Pensez-vous ! Avant même d’avoir commencée, l’école était finie ! Mais oui, mais oui.