Connaissez-vous Titivillus ? Il ne s'agit pas du gentil titi de la ville d'à côté, mais d'un démon ! Rien que ça ! Le démon des copistes, éprouvant un malin plaisir à susurrer à l'oreille de ses victimes… Il est le véritable responsable de toutes les « fautes d'étourderie » présentes dans les écrits. Bref, un démon qui ne chôme pas par les temps qui courent !
Des preuves ? Il en existe à tous les coins de rues. Par exemple, la rue du Canard pourrait tirer son nom de Michel Cognard, conseiller au sénéchal et potentiel propriétaire en ce lieu vers 15801. Titivillus a fait le reste ! La rue du Canard n'est pas la seule à avoir souffert de ses facéties. La rue du Chant-du-Merle s'appelait, au 18e siècle, la rue du Champ-de-Merle. Elle traversait, comme son nom l'indique, la propriété d'un certain M. Merle. Ce n'est que vers 1860 que le nom prend sa forme actuelle2. A moins que M. Merle siffle aussi bien que son homonyme ailé, ce n'est pas la même chanson !
Depuis plusieurs décennies, les dénominations des voies font l'objet d'une délibération du conseil municipal. Un bon moyen de fixer un nom une bonne fois pour toute ! Enfin, ceci sans compter sur Titivillus... Par exemple, si vous vous penchez sur la généalogie de la rue Jean-Pierre-Blanchard, vous constaterez qu'elle se nomme ainsi depuis 1995 et qu'auparavant – depuis 1936 – il s'agissait de la rue François-Blanchard. François aurait-il un frère, un cousin ou un fils dont la notoriété l'aurait détrôné de sa plaque ? Eh non ! Titivillus avait encore frappé ! Et près de 60 ans après l'attribution de la dénomination, l'erreur de prénom a été corrigée3.
Enfin, il faut reconnaître que Titivillus a parfois bon dos… De l'étourderie à l'escroquerie, il n'y a parfois qu'un pas ! Les escrocs et falsificateurs en tout genre se feront sonner les cloches (enfin, si elles sont accessibles…) et, une fois gravé dans le marbre, leur nom passera à la postérité, avec ou sans coquille.
1. Pierre Salies, Dictionnaire des rues de Toulouse, voies publiques, quartiers, lieux-dits, enseignes, organisation urbaine, Toulouse : Milan, 1989, 1174 p. (2 vol.).2. Jean Coppolani, Fichier des noms de rues, alimenté jusqu’au début des années 2000.
3. Jean Coppolani, Fichier des noms de rues, alimenté jusqu’au début des années 2000.