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Virages à 180°

Ancien garage de la rue de Périole, vue de la rampe d’accès des véhicules, aujourd’hui lieu d’exposition de la galerie l’Imagerie.  Phot. Krispin Laure, 2022 (c) Toulouse Métropole (c) Ville de Toulouse ; (c) Inventaire,  général Région Occitanie, IVC31555_20223100008NUCA.

Virages à 180°


janvier 2022

En 1924, Lucien Galy, mécanicien au faubourg Bonnefoy, fait construire un garage de réparation automobile au n° 22 de la rue du même nom. Peu de temps après, en 1933, son affaire prospérant, il fait édifier un deuxième garage à l’autre bout du pâté de maisons, donnant cette fois-ci sur la rue de Périole. Surmonté de deux étages occupés par des appartements, il ne se distingue que peu des autres immeubles de la rue, contrairement à la façade de la rue du Faubourg-Bonnefoy, surmontée du pignon à redents typique de l’architecture des garages de la 1ère moitié du 20e siècle. 
A partir des années 1920, on assiste à un boom de l’industrie automobile, qui a pour conséquence l’apparition de nouveaux types de bâtiment : les garages de réparation automobile et les parkings. Ces derniers voient leur nombre se multiplier dans les villes après-guerre, tels ceux des Carmes et de Victor-Hugo à Toulouse, témoins de la table rase qui régnait en maître chez les architectes et les urbanistes de l’époque. Après une période de croissance ininterrompue, le choc pétrolier met fin aux Trente Glorieuses et au temps de la « voiture-reine ». Les considérations écologistes actuelles encouragent ce mouvement. De nombreux garages et parkings sont détruits (voir récemment le parking souterrain de la place Belfort) ou adaptés : des places de vélos sont maintenant disponibles dans les parkings des centre-ville. D’autres cherchent aujourd’hui une nouvelle destination. C’est le cas de ces deux édifices qui accueillent l’un un torréfacteur depuis septembre 2020, l’autre une galerie-atelier d’art ouverte en 2018 rue de Périole. Ils ont ainsi fait l’objet d’une requalification a minima, conservant leurs façades des années 1930 et l’aménagement intérieur pour l’ancien garage Renault de la rue de Périole. La rampe d’accès des véhicules au 1er étage, aménagée dans les années 1960, créée ainsi un espace insolite destiné à l’accrochage des œuvres de la galerie d’art. 

A l’opposé de la destruction/reconstruction, la conservation et la réappropriation de ces bâtiments apportent de nombreux avantages en termes économiques et environnementaux, sans compter, considérations toute personnelle, le charme à la fois suranné et dans l’air du temps qui s’en dégage. Bureaux, logements sociaux ou autres, les anciens garages et parkings aujourd’hui abandonnés sont modulables et adaptables à de nombreux usages(1). Alors, en voiture Simone !

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1 - Voir l’article de Paul Smith sur les édifices de l’automobile à Paris : https://www.pavillon-arsenal.com/fr/signe/12013-un-siecle-dimmeubles-pour-automobiles.html