
L'image du moi(s)
Chaque mois, petit billet d'humeur et d'humour à partir d'images conservées aux Archives. Forcément décalé !
Au début des années 2000, on donna aux nouvelles évolutions qui transformaient le World Wide Web, le nom de Web 2.0. L’expression, bien qu’issue de la culture geek, séduisit un large public. A tel point qu’on la retrouva utilisée dans des domaines divers et variés. Ainsi, on peut essayer d’imaginer le management 2.0 ou la ville 2.0, mais qu’est-ce qu’une mère 2.0 ? Une « intrapreneure d’un programme d’acculturation digitale pour tous » qui suit avec « curiosité l'usage des nouvelles technologies de sa fille » ? Ou juste une maman qui revend ses vêtements sur Internet et espionne son ado sur les réseaux ?
On peut y voir un symptôme du présentisme qui tente de qualifier la nouveauté d’une façon toujours plus absconse. L’usage du jargon technico-informatique est caractéristique à cet égard, mais aussi périlleux car il se périme très vite. Alors que l’actualité est au Web 3.0, j’entendais récemment une ex-gloire des années 1980 qualifier George Michael de « Frank Sinatra 2.0 ». Ok boomer ! T’as raté tellement de trains que plus personne ne peut t’aider, et t’accrocher aux wagons de la modernité restés en gare ne va pas arranger ton cas.
En revanche, Toulouse était au rendez-vous de l’Histoire le 25 février 1848, lorsque fut proclamé, depuis le balcon de l’hôtel de ville du Capitole, l’avènement, non pas de la République 2.0, mais bien de la Seconde République. Certes, elle ne dura que quelques années mais, comme son nom ne le laissait pas présager, sema les graines d’une troisième qui, à la fin du 19e siècle, devait installer durablement un régime démocratique en France. Il y a eu plusieurs mises à jour depuis cette époque, et parfois les installations des nouvelles versions ont bien failli faire planter le système. Néanmoins, il tourne toujours à l'heure ou j'écris ces lignes.